Incontournable dans chacun des clubs et vestiaires qu’il a fréquentés, le portier wiltzois s’est également imposé depuis 2016 en sélection comme un n° 2 aussi fiable qu’apprécié.
Juste avant de raccrocher, après une demi-heure sans tarir d’éloges au sujet de Ralph Schon, Dan Huet, le coach qui l’a fait venir à Wiltz, nous avait «prévenus» : qu’il s’agisse de David Vandenbroeck, son successeur sur le banc nordiste, de Chris Philipps, l’équipier – devenu ami – de Schon en sélection puis en club, ou de Patrick Grettnich, l’homme qui a ouvert les portes de Strassen et de la BGL Ligue au portier, le son de cloche risquait d’être le même que le sien.
On s’en doutait un peu mais, vérification faite, l’ancien entraîneur wiltzois avait raison. Nos quatre interlocuteurs s’accordent sur deux choses : le gardien wiltzois est «le meilleur Luxembourgeois de DN» à son poste et un type en or, un homme de vestiaire comme tout coach ou club rêverait d’avoir.
Il n’en faudrait pas beaucoup plus, au fond, pour justifier son statut de n° 2 en sélection, quand bien même, il n’a jamais disputé la moindre rencontre européenne et ne garde les cages que du 9e de l’élite, mais ce serait omettre un parcours atypique, constamment lié à l’humain et qui ne le prédestinait en rien, justement, à intégrer un jour les Roud Léiwen.
Certainement pas, en tout cas, à l’automne 2015 quand Schon évoluait encore tout là-haut, chez lui, au FF Norden 02, club basé à Weiswampach-Hupperdange qu’il avait contribué à hisser (2011), maintenir (2012, 2013) puis ramener (2015) en Promotion d’honneur. Et, malgré la cour d’un certain Patrick Grettnich, alors promu en DN avec Etzella, refusé de quitter durant l’été 2012 pour rester dans ce que le technicien appelle «son petit nid».
Un coup de main transformé en coup de maître
Cet attachement au Nord, le Nord le lui a rendu, quelque part. Car la première explication à l’arrivée de Schon en sélection fut géographique, si l’on en croit Chris Philipps. Un jour que les Roud Léiwen rencontraient «un problème de gardien» à Lipperscheid, où ils ont leurs quartiers, dans le Nord, proposer au gardien du FFN02 de venir jouer les sparring-partners relevait de la solution de facilité.
Un coup de main transformé en coup de maître par Schon, officiellement appelé (sans jouer) par Luc Holtz lors des trois rassemblements suivants. Le point de bascule de sa carrière. «Pour rester en sélection, un transfert en BGL Ligue était la meilleure chose à faire», rejoue Philipps. C’est là que Laurent Jans entre en piste.
Ami d’enfance de Schon, qu’il a côtoyé trois ans à Norden (2008-2011), l’actuel capitaine des Roud Léiwen «arrange le coup» avec Grettnich, désormais en poste à Strassen : «Il m’a appelé et m’a dit qu’à présent, Ralph était prêt à sauter le pas.» Tant pis pour Wiltz et Dan Huet, le pote de lycée nommé cet été-là «T1» du club nordiste, encore pensionnaire d’une PH devenue trop petite pour son talent et son statut. Mais là encore, le train repassera. En 2020.
Conforté en sélection par son choix de rallier l’élite, le néo-strassenois devient, en l’absence d’un Moris blessé au genou, officiellement international moins de six mois après son transfert, le 13 novembre 2016 lors d’une rencontre amicale contre les Pays-Bas (1-3). Essai à nouveau transformé : à l’issue de sa première saison (sur quatre) à l’UNA, il compte déjà 5 capes, un total qui a triplé, depuis, grâce à ses deux titularisations de novembre 2022 contre la Hongrie (2-2) et la Bulgarie (0-0).
Comment expliquer cette permanence ? Par le sportif, d’abord, évidemment. «Grand, élancé» et doté d’une sacrée «envergure», du haut de son mètre 95, Schon est, de l’aveu de son ex-équipier et actuel coach David Vandenbroeck, «un gardien qui rassure».
À chaque fois qu’il a joué en sélection, il n’y avait rien à lui reprocher.
Y compris en sélection, qu’il est toujours impatient de retrouver et où, «à chaque fois qu’il a joué, il n’y avait rien à lui reprocher», observe Grettnich. «Il a toujours répondu présent, valide Philipps. À ce poste, le sélectionneur avait et a besoin de certitudes, et Ralph lui en a amené et lui en donne toujours.»
Humainement aussi, le gardien apporte son lot de certitudes. Égal à lui-même, c’est-à-dire «de bonne humeur 99,9 % du temps» dixit Huet, Schon se fond dans un groupe comme la glace fond dans les Spritz, l’été. «C’est quelqu’un de très ouvert, pas timide du tout, dépeint Philipps. Il est tout de suite dans le chantier (sic).» Et quelqu’un de marrant, accessoirement. «C’est un petit comique, et il en faut, se marre Vandenbroeck. Il sait mettre l’ambiance.»
Si ce «bon vivant» est «souvent le dernier à rester quand l’équipe sort boire un verre ou qu’on a un passage obligatoire avec les sponsors», il n’en demeure pas moins «un immense compétiteur» (Vandenbroeck), doté d’«une oreille» (Philipps) attentive et d’une «parole toujours écoutée et appréciée», capable de distiller les messages sans froisser car «il a toujours une pensée positive» (Huet).
De l’aveu de tous, ce n’est donc pas pour rien si le Wiltzois fait partie des capitaines (avec Philipps et Emir Burkic) de son club, et l’a été à Norden et Strassen. Ni s’il est un n° 2 en sélection, aussi incontesté aujourd’hui qu’inattendu en 2015. Qu’aurait, d’ailleurs, été la carrière de Schon, instituteur et père de famille à la ville, s’il avait connu une formation plus classique ou cédé plus tôt aux sirènes de la DN? «Il aurait sans doute touché le monde pro», veut croire Grettnich.
À défaut, le gaillard a fini international sans jamais s’éloigner de sa famille, ses amis, ses racines nordistes. Bref, le package complet. «Il avait peut-être un potentiel pour faire autre chose, mais il ne regrette pas, tranche Philipps. ll n’aurait peut-être pas réussi comme ça, d’ailleurs : la vie d’un footballeur n’est jamais écrite d’avance.» Or la sienne, son pote l’assure, le rend aujourd’hui «100 % heureux» et ne laisse «aucune place aux regrets».
En bref
Formé dès le lancement du club à Norden, club fondé en 2002 dont il a largement contribué à l’essor de l’équipe première entre 2006 et 2016, Ralph Schon a intégré les Roud Léiwen fin 2015 avant même d’avoir disputé son premier match en BGL Ligue, le 14 août 2016, à l’âge de 26 ans. C’était avec Strassen, dont il a porté 97 fois le maillot en quatre saisons. Officiellement international (15 sélections) depuis cette même année 2016, le Nordiste porte depuis 2020 et sa montée dans l’élite les couleurs du seul véritable représentant de sa région d’origine dans l’élite : le FC Wiltz, dont il est aujourd’hui, à 33 ans (il est né le 20 janvier 1990), le vice-capitaine et l’artisan majeur du maintien en DN l’an dernier.