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[Le portrait] Liam Carroll, l’ovalie depuis minot


À 24 ans, le centre luxembourgeois cumule déjà une vingtaine d’années de pratique du rugby. Une passion qui l’a mené jusqu’à l’université de Stirling, en Écosse.

Éloigné des terrains pendant de longs mois en raison d’une déchirure totale du ménisque contractée en juin dernier à Zagreb lors de l’ultime rencontre – face à la Pologne – de la première phase des championnats d’Europe de rugby à VII en série 2, quelques semaines seulement après avoir été le tout premier capitaine dans l’histoire de la discipline à remporter l’or aux Jeux des petits États d’Europe à Malte où il jouait avec une déchirure partielle – il l’a appris plus tard –, Liam Carroll faisait son retour avec le XV du Luxembourg lors du déplacement en Hongrie voici deux semaines.

Un retour remarqué puisque, sorti du banc en première mi-temps, c’est lui qui a gratté avec hargne le ballon de la gagne à quelques centimètres de son en-but dans les ultimes secondes. Mais ne comptez pas sur le garçon pour tirer la couverture à lui. «C’est avant tout un sport collectif et un travail d’équipe», loue-t-il en toute modestie.

Un sport collectif qu’il a commencé à pratiquer dès sa plus tendre enfance. «Comme mes frères et sœurs, j’étais aussi hyperactif. Alors, quand j’avais cinq ans, mes parents m’ont inscrit au rugby», se souvient le jeune homme, dont le grand frère, Sean, est également membre de l’équipe nationale.

«Je n’étais pas l’un des meilleurs, mais j’ai toujours continué et je me suis amélioré avec le temps. Et puis, c’est devenu un petit peu plus sérieux par la suite», explique-t-il. Au point d’intégrer l’équipe fanion du Rugby Club Luxembourg peu de temps après sa majorité. Et même de taper dans l’œil de l’un des coachs des Crabos (les moins de 18 ans) du Stade Français – l’une des meilleures écuries du championnat de France – venu assister à la rencontre de Bundesliga opposant Francfort à sa formation de l’époque.

J’ai persévéré et c’est devenu plus sérieux par la suite

Une présence due en partie au fait qu’à cette période, l’homme d’affaires Hans-Peter Wild, à la tête du club parisien depuis peu, entretenait des liens avec le Heidelberger Ruderklub, l’équipe de sa ville natale, pensionnaire du championnat local.

Mais pas seulement «J’ai eu la chance qu’un mec avec lequel j’avais joué, Guillaume Thevenot, qui avait 5-6 ans de plus que moi et qui évoluait avec les Espoirs du Stade Français, parle de moi», se remémore le centre. «J’avais fait un bon match et Anthony (Drennan) aussi, même s’il avait pris deux cartons jaunes», sourit-il. Résultat : les deux amis sont conviés à passer d’autres essais dans la capitale française. Avec succès.

S’ensuit alors l’aventure dans la Ville Lumière avec les Espoirs. «C’était difficile, j’ai dû commencer sept ou huit matches. Il y avait beaucoup de concurrence à mon poste. D’ailleurs, certains joueurs avec qui j’étais en concurrence évoluent désormais en Pro D2 (NDLR : la deuxième division française) et il y a Varian Pasquet qui joue avec l’équipe de France à VII», indique le Luxembourgeois qui poursuivait son cursus scolaire en parallèle en suivant des cours d’économie et de finance à distance.

Et d’ajouter : «C’était une superbe expérience, rien que de pouvoir se rendre compte du rythme d’entraînement dans un club professionnel. Mais il y a aussi eu des moments compliqués à vivre, par exemple quand tu n’es pas choisi. C’était dur parce que c’était vraiment tout ce qu’on faisait.»

Le Stade Français ? C’était une superbe expérience, mais il y a aussi eu des moments difficiles à vivre

Perturbée par l’arrivée du covid, la saison 2019/2020 se terminera prématurément. Liam Carroll rebondira alors quelques mois plus tard non loin de la frontière, au RC Metz Moselle, fraîchement promu en Fédérale 2 (la quatrième division française). «C’était bien parce qu’il y avait une nouvelle équipe avec des joueurs talentueux venus des Espoirs de Montpellier et de Nevers. C’était juste à côté de chez moi et à l’époque, j’étais en stage au Luxembourg dans le secteur financier.»

Un stage qui aurait pu déboucher sur un CDI comme expert-comptable. «Même si c’était bien payé, ce n’était pas pour moi. J’étais encore assez jeune et je voulais partir en Écosse.» Sans tarder, il noue des contacts avec l’entraîneur Ben Cairns, obtient une place à l’université de Stirling et s’envole en direction du pays dont sont originaires ses parents.

Là-bas, il suit des études de sport et business et défend les couleurs des Stirling Wolves, une franchise du Super6. «J’ai toujours voulu aller à Stirling parce que c’est vraiment une bonne université, une université de sport et le niveau de rugby est bon. Et puis en plus, j’ai de la famille qui habite en Écosse», confie-t-il.

Et cela fait maintenant deux ans et demi qu’il vit outre-Manche et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer. En plus de ses études, des séances d’entraînement et des matches avec les «Loups», il est préparateur physique pour plusieurs équipes de son université. Aussi, il s’occupe notamment de découper des séquences vidéo pour l’équipe professionnelle d’Édimbourg qui sont utilisées pour faire l’analyse des performances.

Et quid de la sélection nationale ou devrait-on dire des sélections nationales puisqu’il est l’un des joueurs cadres depuis plusieurs années, que ce soit à VII mais aussi à XV ? Lorsqu’elles sont sur le pont, comme c’est le cas actuellement pour le XV du Luxembourg qui prépare son ultime match dans la poule B de la division Conférence qu’il disputera, samedi, face à la Slovénie, il rejoint le Grand-Duché pour prendre part aux différents rassemblements. Dans la vie de Liam Carroll, le rugby n’est jamais bien loin…

En bref

Né le 22 septembre 1999 à Strassen, Liam Carroll a débuté à l’âge de cinq ans au Rugby Club Luxembourg où il a fait toutes ses gammes dans les catégories de jeunes avant de faire ses premiers pas avec l’équipe fanion peu de temps après sa majorité. Lors d’une rencontre de Bundesliga opposant la formation luxembourgeoise à Francfort, il est repéré par un entraîneur du Stade Français.

Il rejoint alors les Espoirs du club parisien pour la saison 2019/2020 qui n’ira finalement pas à son terme en raison du covid. Son aventure parisienne terminée, il s’engage avec le RC Metz Moselle, tout juste promu en Fédérale 2 (quatrième division française).

Par la suite, il s’envole pour l’Écosse – le pays dont sont originaires ses parents. Actuellement étudiant en sport et business à l’université de Stirling, il porte les couleurs des Stirling Wolves. Il fait également les beaux jours des sélections nationales à VII – avec qui il est monté sur la plus haute marche du podium lors des JPEE à Malte – et à XV depuis plusieurs années.