Laurence Schmartz vient de mettre un terme à son activité bénévole de soigneuse qu’elle menait auprès du multiple champion d’Allemagne de cyclo-cross, Marcel Meisen.
Une page s’est tournée. On ne la verra donc plus déambuler dans les aires de départ et d’arrivée avec un maillot aux couleurs de l’équipe de Marcel Meisen, ou d’autres coureurs, d’autres équipes, tant pendant une trentaine d’années, elle a donné de sa personne, toujours bénévolement dans le milieu du cyclisme.
Nonuple champion d’Allemagne, Marcel Meisen, six fois vainqueur au Luxembourg du cyclo-cross international de Pétange, a raccroché au clou son vélo au soir des Championnats du monde de cyclo-cross terminés à la 27e place. Et Laurence Schmartz, pardon «Lori», s’en est retournée chez elle, à la maison, à Pontpierre exactement, avec ce drôle de sentiment qu’il s’agissait de sa dernière mission.
Elle a pendu au porte-manteau sa veste. Et rangé ses chaussures crottées dans un placard. Elle n’y touchera plus jamais, se promet-elle. Elle entend les conserver comme une sorte de relique, pas très loin de la petite collection personnelle qu’elle s’est concoctée méthodiquement au fil des ans. De temps à autre, ses yeux azur s’assureront qu’elles sont bien à leur place, intactes et toujours maculées. La nostalgie fera son œuvre…
Employée de banque depuis le début des années 90, Lori Schmartz n’a pas débarqué par effraction dans le milieu du cyclisme. Gilbert, son regretté de père, champion national de cyclo-cross en 1966, fut soigneur de l’équipe nationale pendant près de quatre décennies et longtemps membre de la commission technique de la FSCL (fédération luxembourgeoise du sport cycliste). «Je suis née dans le cyclisme», aime à répéter cette fille unique.
Aucun regret
Si aujourd’hui, à la première heure, elle part courir ou rouler dans les bois sur un vélo de gravel, jamais plus jeune, elle n’a dépassé le stade des traditionnelles randonnées si chères au pays. Jeanny, sa maman, 85 ans aujourd’hui, et Gilbert ont pu souffler, ils n’ont pas vu pas leur fille accrocher un dossard et faire de mauvaises chutes. «Ils me protégeaient et moi, ce qui m’a surtout intéressé, explique-t-elle, c’était de m’asseoir à la table des anciens et de raconter leurs histoires».
Son premier club sera l’UC 23 Tétange, en qualité, déjà, de bénévole. De fil en aiguille, année après année, de rencontres en rencontres, elle rentrera de plain-pied dans ce qui a longtemps fait le socle du cyclisme amateur et professionnel. Ces passionnés qui passent le plus clair de leur temps à donner du leur. D’abord rétifs à voir leur fille évoluer dans un milieu à l’époque bien plus masculin qu’aujourd’hui, ses parents finissent par se faire une raison.
Alors qu’elle a tiré sa révérence, on ne compte plus aujourd’hui le nombre de femmes qui occupent cette fonction. Et si Lori n’en a pas fait son métier, ce qu’elle aurait très bien pu, c’est pour respecter l’injonction paternelle qui lui dictait que sa passion aurait du mal à la faire vivre. Ce qui n’était pas forcément faux, elle en convient aujourd’hui parfaitement et ne semble rien regretter de ses choix.
Je vais enfin prendre de vraies vacances, ce que je n’ai pas fait depuis vingt ans
Tour à tour assistante, directrice sportive, masseuse, confidente, Lori Schmartz, qui raconte avoir nourri des amitiés avec Marco Pantini, lorsqu’il courait à la Mercatone Uno et aussi avec Mario Cippolini, qu’elle ravitaillait sur le Tour de Luxembourg du temps où l’ancien champion du monde portait les couleurs rouges d’Acqua e Sapone, a pris le temps de gravir tous ces échelons. «Le cyclisme était pour moi la meilleure façon de chasser mon stress lié à mon travail, d’évacuer». Elle y aura englouti tout son temps libre, toutes ses vacances.
Les massages, la sophrologie, les ravitaillements, les repas, l’intendance et même la petite mécanique, elle aura touché à tout cela lors de ses différentes missions auprès des coureurs dont elle s’est occupée avec un soin clinique.
Avant de faire équipe avec les Allemands Felix Drumm et Marcel Meisen, Lori Schmartz a longtemps officié pour l’équipe de Differdange avec Gabriel Gatti à sa tête et aussi pour Christian Helmig, l’actuel DTN (directeur technique national) de la FSCL. «C’était une personne passionnée et très dévouée pour les coureurs», se souvient Gabriel Gatti, l’ancien boss de l’équipe de Differdange.
Elle garde forcément des anecdotes par centaines. Mais c’est forcément aux côtés de Marcel Meisen qu’elle s’est éclatée. «Je l’accompagnais partout, que ce soit en VTT et en cyclo-cross. Ce sont des souvenirs inoubliables», résume-t-elle.
Depuis qu’elle a annoncé et planifié son retrait, elle a bien sûr entendu les compliments adressés à son encontre. «Ta gentillesse, ton sourire et ta bonne humeur vont nous manquer», a répété son entourage. Mais rien n’y a fait. Lori Schmartz a bouclé la boucle.
Sans regret. Mais avec une pointe de nostalgie qui affleure immanquablement lorsqu’on gratte un peu. «Désormais, je vais m’occuper de moi, de ma maman, des alentours. Je n’ai pas d’enfant, pas de conjoint. J’ai couru un semi-marathon pour mes 50 ans, je compte désormais préparer le marathon. Et puis je vais enfin prendre de vraies vacances, ce que je n’ai pas fait depuis vingt ans. De là-haut, mon papa sera très fier…»
Laurence Schmartz, 52 ans, est employée de banque. Célibataire, elle réside à Pontpierre. Elle vient de mettre un terme à une longue activité bénévole en qualité de soigneuse dans le milieu du cyclisme. Elle opérait récemment pour le compte du nonuple champion d’Allemagne, Marcel Meisen.