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[Le portrait] Alexandros Evangelakakis, citoyen du foot


Alexandros Evangelakakis a joué à Munsbach, au RFCU et à Hostert avant de devoir arrêter le foot à 20 ans après une blessure au genou. (Photo DR)

Depuis qu’il a raccroché prématurément les crampons, le Luxembourgeois d’origine gréco-islandaise Alexandros Evangelakakis s’est lancé dans une carrière de coach qui l’a conduit en Angleterre, en passant par l’Islande et la Lituanie.

Du temps où il évoluait chez les U17 et les U19 du RFCU, Alexandros Evangelakakis était un peu à Danel Sinani ce que Claude Makélélé était jadis à Zinédine Zidane en équipe de France : un fournisseur de ballons à magnifier. «J’étais un six qui courait beaucoup, décrit l’ex-Racingman dans un sourire. Je récupérais le ballon, puis je le donnais à Danel pour qu’il fasse parler son talent.» Si le garçon né en 1997 parle de sa carrière de footballeur au passé, c’est parce que celle-ci s’est arrêtée avant même d’avoir commencé, à 20 ans.

Après un apprentissage partagé entre son club formateur de Munsbach et le CFN de Mondercange, dont il a été remercié en U16, deux ans (2013-2015) au Racing pour autant de doublés Coupe-championnat, et une saison à Hostert où il a navigué entre les juniors, la réserve et le banc de la première en PH, le milieu touche pourtant du doigt ses rêves de professionnalisme quand, à l’été 2016, il rejoint l’équipe U21 de l’AEK Larnaca, club de D1 chypriote habitué des joutes européennes. Mais une fois sur l’«île de l’amour», usées par ces «27 à 29 heures de sport par semaine» qu’il s’infligeait à l’adolescence entre sa formation au CFN et sa scolarité à l’INS (l’Institut national des sports), ses articulations disent stop.

«Au bout de trois mois, mon genou a pété, relate celui qui entraîne aujourd’hui les U11 du club anglais de Southampton, pensionnaire cette saison de Premier League. C’était ma troisième opération des genoux. Les médecins m’ont dit que si je continuais le foot, j’aurais de l’arthrose avant mes 30 ans.» Alors, Alexandros Evangelakakis, qui n’avait pourtant «jamais pensé à devenir coach» et qui ne «faisait de la tactique que sur FIFA» (le jeu vidéo), a «changé de chemin» pour devenir, plutôt qu’un footballeur professionnel, un professionnel du football. «Désormais, c’est moi qui fais courir les joueurs», se marre l’ancien camarade de promotion de Sinani, Kiki Martins, Florian Bohnert, Eric Veiga ou Tim Hall à Mondercange, théâtre en 2017 de sa bascule vers le métier d’entraîneur.

La tactique? Je n’en faisais que sur FIFA!

Avec un joli clin d’œil du destin au passage : Reinhold Breu, le directeur technique national qui avait acté la fin de son parcours au sein du giron de la FLF, a été «le premier à (lui) rouvrir la porte» du CFN. Au même moment, Evangelakakis traverse la Manche pour y passer un diplôme en «football studies» à l’université de Southampton. Parallèlement à ses études et à ses interventions au sein d’académies locales, très répandues en Angleterre, où il enseigne le foot à des enfants, l’ancien milieu revient fréquemment à Mondercange pour jouer les apprentis auprès de Breu, Manou Cardoni, Claude Campos et Nicolas Grezault. Et coacher, à l’occasion, certains internationaux d’aujourd’hui comme Yvandro Borges, Timothé Rupil, Alessio Curci, Mathias Olesen ou Seid Korac.

Puis vient l’heure du grand saut : en septembre 2019, il intègre le staff des U21 de l’Islande, le pays de sa mère dont il maîtrise la langue. Une «fierté». Et une expérience unique : à chaque trêve internationale, il partage son vestiaire avec un certain Eidur Gudjohnsen, vainqueur de la Ligue des champions avec Barcelone en 2009. Aux côtés de l’ancien attaquant de Chelsea, lui aussi entraîneur adjoint d’Arnar Vidarsson (aujourd’hui directeur sportif de La Gantoise, en Belgique), Evangelakakis, en charge notamment de l’analyse vidéo, contribue à qualifier les espoirs islandais pour le deuxième Euro de leur histoire, en 2021.

Deux ans en Lituanie

Tout peut aller très vite, dans un pays de 390 000 habitants comme l’Islande, surtout quand on en parle la langue, mais c’est naturellement moins vrai en Angleterre, le berceau du football, où il est «plus difficile de faire son trou». Et c’est à Oxford United, club de Championship (D2 anglaise) où il s’est vu proposer un contrat «pile le lendemain du jour où j’ai rendu ma soutenance de mémoire», en mai 2020 (après un an de stage auprès des U16 et des U23) qu’il a commencé à faire le sien. D’abord comme coach des U11, puis à partir de l’été 2021 comme responsable des catégories U7 à U11 et coach individuel des U18.

À Oxford, il vit durant deux ans avec Derek Fazackerley (73 ans), qui fut notamment l’adjoint de Kevin Keegan (Ballon d’or 1978 et 1979) à Newcastle et en équipe d’Angleterre, ou de feu Sven-Göran Eriksson (décédé le 26 août 2024) à Manchester City et Leicester. Un coloc’ de prestige, au carnet d’adresses long comme le bras, mais c’est bien le réseau personnel d’Alexandros Evangelakakis, en l’occurrence… Reinhold Breu, qui lui permet de devenir coach adjoint des U17 et U21 de la Lituanie en janvier 2023, à l’issue de son contrat avec l’Islande.

Mon but? Entraîneur principal dans une top ligue

L’aventure lituanienne a duré deux ans (jusqu’en décembre 2024), durant lesquels le technicien a basculé, parallèlement, dans une autre dimension en club en rejoignant l’an passé le Southampton FC… où il lui arrive d’avoir un staff de cinq bonshommes pour ses seuls U11. «Là-bas, confie-t-il, on m’a ouvert encore plus les yeux sur ce qu’était le foot élite.» Ça tombe bien, c’est ce que vise Alexandros Evangelakakis, qui se rêve à terme «entraîneur principal dans une top ligue», mais qui, à 28 ans, reste avide d’expériences étrangères pour enrichir son CV de coach polyglotte (il parle cinq langues), «moderne, à l’aise avec les nouvelles technologies», titulaire du diplôme UEFA B et adepte… du crossfit – «J’y vais trois ou quatre fois par semaine, ça fait parfois du bien de parler d’autre chose que de foot.»

Quelle sera sa prochaine destination, non pas de vacances, mais de trêves internationales? En contact avec plusieurs fédérations, l’intéressé n’exclut rien, y compris des destinations plus exotiques : «Si je pouvais aller travailler un jour au Japon, wow, ce serait quelque chose d’incroyable! En plus, je suis passionné d’animés» (les films d’animation japonais). Et le Luxembourg dans tout ça? Il y rentre dès que possible pour profiter de sa famille. Mais professionnellement, quitte à revenir, l’ancien pensionnaire du CFN aimerait revenir à Mondercange par la grande porte en intégrant le staff des U21 ou des A. Le clin d’œil serait beau, là encore.

En bref

Né au Luxembourg d’un père Grec et d’une mère Islandaise, Alexandros Evangelakakis a joué à Munsbach, au RFCU et à Hostert avant de devoir arrêter le foot à 20 ans après une blessure au genou, en 2017. Reconverti entraîneur, l’ex-international U15 est depuis janvier 2024 à la tête des U11 de Southampton (Angleterre), après avoir fait ses premières armes au CFN de Mondercange (2017-2019) et coaché dans différentes catégories de jeunes (U7 à U11) à Oxford United (2019-2024) en marge de ses études à Southampton. Spécialisé notamment dans l’analyse vidéo, il était également coach adjoint des U17 et U21 de la Lituanie jusqu’en décembre 2024, après avoir été celui des espoirs de l’Islande durant quatre ans.

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