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Le PIB bien-être du Luxembourg, un instrument qui compte


L’indicateur du bien-être recouvre 11 dimensions de la qualité de vie telles que l’emploi, le logement, la mobilité, la santé ou la vie sociale.  (photo archives LQ)

Le Luxembourg peine à transformer ses richesses en bien-être ressenti par les citoyens, selon les rapports les plus récents. Si le gouvernement veut assurer le bien-être de tous, il peut le mesurer.

L’accord de coalition comporte vingt-cinq occurrences pour la notion de bien-être, qui revient régulièrement dans le discours politique comme une préoccupation de premier plan. Le bien-être s’applique à tout et pour tous. Le gouvernement se soucie en particulier du bien-être des enfants, puis le décline pour toutes les étapes de la vie.

Il existe depuis 2017 un PIB bien-être au Luxembourg (NDLR : appelé par l’Institut des statistiques «PIBien-être»), rapporté par le Statec selon des indicateurs qui permettent de rendre compte de la santé, de la qualité de l’environnement naturel, des conditions de vie et de travail au Luxembourg, des liaisons sociales des citoyens et de la perception qu’ils ont des éléments qui façonnent leur vie en général.

Le PIB bien-être est un indicateur complémentaire du PIB classique, par tête, qui donne une mesure de l’état de satisfaction de la population et des évolutions de la société en général. Il a été élaboré à la suite d’une large consultation de la société civile par le Conseil économique et social (CES) et le Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD) et comporte 63 indicateurs.

L’objectif des indicateurs de bien-être, comme ils l’expliquent, «est d’appréhender, dans le temps, la diversité des conditions de vie réelles des individus au Luxembourg en vue de concevoir et d’évaluer des politiques adéquates».

« Pourrait mieux faire »

Le rapport le plus récent date de 2022 et il renseigne sur l’évolution du bien-être durant l’année précédente. Il y est indiqué que la solitude a augmenté, que la satisfaction de la vie a diminué chez les jeunes et que le niveau d’insatisfaction au travail a diminué dans les dernières années. «À première vue, les personnes faisant des heures supplémentaires et du travail posté et les jeunes sont les plus insatisfaits», précisait le Statec.

L’institut ajoutait l’analyse originale «International perspectives on quality of life in Luxembourg» qui classe les pays par bien-être subjectif selon leur capacité à jouir des ressources dont ils disposent («well-being efficiency»).

«L’étude montre que le Luxembourg, bien qu’il bénéficie d’avantages comparatifs comme l’état de santé, le niveau de revenu, la longévité et de capital social, n’en tire pas pleinement parti et peine à transformer ses richesses en bien-être ressenti par les citoyens.

Le Luxembourg fait cependant partie du groupe des pays les mieux lotis en termes de bien-être subjectif, même s’il pourrait mieux faire», résumait le Statec.

Question de modèle

Alors qu’il présentait son programme devant les députés réunis en commission sous la présidence de Carole Hartmann, le ministre de l’Économie, Lex Delles (DP), a présenté «certains concepts» qui ont «suscité des questions chez les députés», selon les services du Parlement. Ils précisent que «des députés de l’opposition ont constaté que l’objectif du nouveau gouvernement ne consistait plus à intégrer le PIB du bien-être dans les orientations du budget de l’État».

L’accord de coalition stipule cependant que le gouvernement «envisagera une méthodologie plus performante pour le calcul du PIBien-être de manière à appréhender le développement économique du pays davantage à travers les indicateurs faisant partie du PIBien-être». Il intégrera le PIB bien-être dans le débat politique et «participera activement aux travaux engagés au niveau international en matière des indicateurs de bien-être», promet le gouvernement.

Lex Delles, qui vante le thème d’«une économie au service de tous», rappelle que l’objectif consiste à combiner «les acquis économiques, écologiques et sociaux» et à garantir «compétitivité et productivité».

La Cour des comptes, dans son avis sur le budget de l’État 2021, observait que la question centrale, selon elle, n’était pas de savoir «quel modèle économique produit le plus de croissance, mais quel modèle est le mieux adapté pour préserver durablement la nature et nos moyens de subsistance, tout en créant un bien-être durable pour toutes les générations».

La Cour se demandait encore «si les mesures actuelles de la performance économique ne devraient pas être complétées par des instruments susceptibles de prendre en compte le bien-être social ainsi que le développement durable économique, écologique et social».