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Le personnel de Luxair à bout de forces : «On n’a jamais connu ça»


Des mois que les employés tirent sur la corde, enchaînant les heures supplémentaires et travaillant même leur jour de repos. (Photo : hervé montaigu)

Alors que la charge de travail atteint des sommets avec la reprise post-covid, Luxair manque de personnel expérimenté : les salariés sont exténués, et la direction ne réagit pas.

Si la reprise post-covid est une bonne nouvelle pour Luxair, après les lourdes pertes financières infligées par la pandémie, elle est aussi synonyme de cadences intenables pour les 2 800 salariés de la compagnie aérienne nationale, éprouvés par une crise interne dont ils ne voient pas le bout.

En cause, une pénurie de main-d’œuvre due à une réduction d’effectifs, de nombreuses démissions et des arrêts maladie en cascade, mais aussi une culture de la flexibilité maximale, à la limite du cadre légal, qui a poussé les syndicats LCGB, OGBL et NGL-SNEP à tirer la sonnette d’alarme mi-juillet.

Des conditions de travail dégradées

C’est bien simple, Maria Helena Macedo, hôtesse de l’air depuis plus de 20 ans chez Luxair, «ne reconnaît plus la société» et parle d’un «nouveau monde». Déléguée du personnel depuis une quinzaine d’années, chargée de la sécurité et la santé au travail, elle assure chaque semaine des tournées sur site, dans les différents départements de l’entreprise.

En première ligne face à la détresse des collaborateurs, elle et ses collègues de la délégation dénoncent des conditions de travail dégradées et ce sentiment pénible d’être «désarmés» alors que le dialogue avec le nouveau directeur général, Gilles Feith, en poste depuis juin 2020, s’avère compliqué.

Une charge de travail considérable

«C’est le climat général qui a changé et qui n’est plus agréable», raconte-t-elle, de retour d’une visite de terrain. «Tous secteurs confondus, c’est le même tableau : on constate une fatigue accumulée, un ras-le-bol, beaucoup de démissions de personnes expérimentées, tandis que les derniers recrutés abandonnent à cause de la cadence.»

«Le savoir-faire et l’expérience manquent aux nouveaux, ce qui ajoute une charge de travail considérable aux plus anciens, alors que l’activité a augmenté partout», précise la déléguée. «Et ça, la direction n’en tient pas compte, se bornant à répéter que le personnel est aussi nombreux qu’en 2019.»

Du côté des bagagistes, des agents du check-in, des chauffeurs de l’aéroport P1 et des chauffeurs cargo, les heures supplémentaires atteignent des sommets et la frustration s’ajoute désormais à la fatigue : «Ils bossent comme des malades et ont du mal à comprendre que, malgré la remontée de l’activité, leur salaire reste gelé jusqu’à fin 2023, comme prévu dans le plan de maintien dans l’emploi», rapporte-t-elle.

Des efforts considérables consentis ces derniers mois, qui pèsent désormais sur leur santé : «Même épuisés, ils se sont rendus disponibles, faisant tout pour sauver la boîte. Beaucoup sont venus travailler sur leur jour de repos, que ce soit des employés de l’aéroport, des hôtesses, des pilotes.»

Un absentéisme record

«Du jamais-vu chez Luxair» nous confirme-t-elle, comme un autre employé de longue date que nous avons pu contacter et qui se dit aujourd’hui épuisé physiquement et mentalement.

Si la direction juge la situation «tout à fait normale» d’après la déléguée, encourageant toujours plus la flexibilité des salariés, un phénomène semble lui donner tort : «L’absentéisme atteint actuellement 14 % des effectifs. C’est un record», indique Maria Helena Macedo, ajoutant que «tous les services sont en souffrance».

Le recours massif à l’intérim, au cargo comme au catering, alourdit le travail du personnel fixe qui doit gérer ces recrues. Photo : tania feller

Des démissions en cascade

Et le personnel navigant n’est pas épargné : «Depuis un an, pilotes et hôtesses sont poussés jusqu’aux limites de travail autorisées, avec des plannings surchargés qu’on n’a jamais connus : sept jours de vol d’affilée, puis deux jours off, ce n’est pas vivable», souligne-t-elle, ajoutant que la saison hivernale, d’ordinaire plus calme, leur permet de souffler un peu, mais que ça n’a pas été le cas cette année.

Résultat : de nombreuses démissions parmi les hôtesses de l’air, et du personnel navigant en formation qui jette l’éponge avant même la fin des apprentissages. Fini le temps où un contrat chez Luxair faisait rêver : «Des hôtesses à qui on a proposé un CDI ont refusé et ont claqué la porte.»

«Ceux qui signent tiennent huit mois»

Autre service dans le rouge : le catering, qui fait partie des départements les plus frappés par le manque de main-d’œuvre et où le recours à l’intérim est massif, atteignant plus d’un tiers des effectifs. «Les gens sont à bout et la charge de travail est telle, qu’on a même du mal à garder les intérimaires : ils font deux jours et refusent de revenir.»

Des conditions difficilement supportables pour les équipes fixes : «Ces groupes de plusieurs dizaines de personnes qui changent tous les jours sont parfois gérés par seulement deux salariés. Idem au cargo, pour les tâches liées au fret. En décembre, on a eu jusqu’à une centaine d’intérimaires sur un week-end.»

Difficultés à recruter

Un tableau noir, bien loin du «prix de l’employeur le plus attractif du Luxembourg» remis à Luxair le mois dernier par Randstad : «J’ai cru à un poisson d’avril», s’étrangle la déléguée, dont le téléphone n’arrête pas de sonner, soirs comme week-ends, et qui a de plus en plus de mal à trouver les mots face au stress des employés.

«Attractif, on ne l’est plus, on a de vraies difficultés à recruter. On sait que ceux qui postulent sortent de l’entretien d’embauche déçus, et laissent tomber, vu le salaire. On en est à ce point. Quant à ceux qui signent, ils tiennent huit mois et quittent la société.»

Silence radio côté direction

Face à cette avalanche de problèmes, la délégation peine à se faire entendre : «C’est très difficile. Nous avons un gros problème de communication avec la direction. On n’arrive pas à aboutir à des solutions pour venir en aide aux salariés», regrette-t-elle.

Dans ce contexte, nous avons sollicité un échange avec le directeur général, Gilles Feith, mais le service presse de Luxair a décliné, indiquant que la direction et le CEO «manquent de disponibilité».

5 plusieurs commentaires

  1. C’est bien que la vérité sort un jour trop tarde pour beaucoup mais meilleur conditions pour c’est qui un reste j ai écrit un jour je suis pas un vieux chaussure plus besoin trop cher un jet !!!!!

  2. Bjr il est vrai que le personnel de Luxair souffre bcp mais il ne faut pas oublier aussi les agences de voyages dépendantes de Luxairtours.
    Pour elles aussi, la cadence est infernale.meme pb pour le recrutement. Les personnes expérimentées ne restent pas et le secteur est très mal payé.

  3. Den Luxair CEO as en eiskaalen Manager den nach neischt vun people management heieren huet, vum Kolleg Bausch dohin plazeiert gin nom Family and Friendsprinzip an den den Cargo Center an enger Videokonferenz als Shithole bezechent huet
    darz motiveiert Leit
    de Mann as komplett fehl op der Plaaz

  4. Entièrement d’accord Max.
    Le problème c’est que le gouvernement est Entièrement responsable de ce qui ce passe actuellement ausein de Luxair car c’est celui-ci qui a mis en place cette nouvelle direction. Luxair étant détenu majoritairement par l’état. Encore un exemple du dénigrement total envers les droits du travail et sociaux mis en place par ceux-ci y compris index etc.

  5. Chère Lcgb
    Je vous avais contacter pour ce pb avant qu’il soit trop tard rien n’a été fait.
    Solution est de changé la direction avec urgence le pb sera résolu.