À la suite des déclarations d’une élue CSV lors du débat budgétaire à Dudelange, l’OGBL et la FGFC mettent en garde contre l’utilisation de l’intelligence artificielle comme outil d’économie de personnel.
À Dudelange, la prise de position récente d’une élue du CSV sur la gestion du personnel communal et l’usage de l’intelligence artificielle a provoqué une vive réaction de la part de deux syndicats représentant les travailleurs du service public communal, l’OGBL et la Fédération générale de la fonction communale (FGFC).
Lors du débat budgétaire au conseil communal de Dudelange, la conseillère communale chrétienne-sociale a en effet qualifié la hausse des coûts du personnel de «problématique» et suggéré que l’IA pourrait permettre de réduire les effectifs. Elle a déclaré que chaque nouveau poste créé engagerait la commune «pour 40 ans» et que l’intelligence artificielle offrait une opportunité pour «économiser du personnel».
L’inquiétude des syndicats
Ces propos ont été accueillis avec une grande inquiétude par les syndicats. Dans son communiqué, l’OGBL souligne qu’il est irréaliste d’utiliser l’IA comme instrument d’économies au détriment des salariés, rappelant que «la qualité du service public communal repose sur un personnel qualifié qui travaille chaque jour au service direct de la population». Il précise que l’intelligence artificielle peut soutenir certains processus, mais qu’elle ne peut ni assumer des responsabilités ni remplacer le travail humain dans le service public.
De son côté, la FGFC dénonce les mêmes déclarations comme dangereusement réductrices, estimant que «le service public et communal n’est pas une entreprise orientée vers le profit» et que le rôle des travailleurs va bien au-delà de simples coûts à optimiser. Le syndicat insiste : «Les employés disposent de compétences spécialisées que l’on ne peut attendre des mandataires politiques» et que «l’IA ne doit pas être utilisée comme un argument pour justifier une réduction systématique du personnel».
Un secteur déjà à cran
Cet échange intervient alors que la gestion des ressources humaines dans les administrations communales est critiquée par la FGFC. Dans un rapport publié en début d’année, la fédération met en lumière des «procédures d’embauche intransparentes», une charge administrative excessive et une situation où les services de ressources humaines «atteignent leurs limites», confrontés à «un tourbillon de tâches quotidiennes, des changements constants de règlements et une surcharge des effectifs».
Pour la FGFC, ces problèmes structurels montrent que les enjeux autour du personnel communal ne peuvent pas se réduire à des notions de «coûts» ou de «réduction». Au contraire, elle appelle à un «débat transparent et différencié» sur l’avenir du service public qui tienne compte à la fois des besoins de la population, de la qualité du service rendu et de la soutenabilité des conditions de travail.