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Le patronat espère enfin des «discussions constructives»


La Fédération des artisans déplore que «les marges se réduisent et que la concurrence s’intensifie», dans un contexte économique toujours plus compliqué.

La Fedil et la Fédération des artisans montent à leur tour au créneau pour réclamer des «réformes urgentes» afin de «moderniser et sécuriser» le modèle social luxembourgeois.

Le camp patronal persiste et signe : le Luxembourg ne vit pas une crise sociale, mais une crise économique, qui remet en question la survie du modèle social luxembourgeois. Le Statec vient de revoir à la baisse ses prévisions économiques, avec une croissance du PIB limitée à 1 % en 2025 et 2 % en 2026. Au départ, le PIB devait croître cette année de 2,5 % et de 2,4 % l’année prochaine. En 2024, la croissance s’est finalement établie à 1 %.

La Fedil, représentant le secteur industriel, évoque une situation économique qui «demeure décevante». «La situation globale dans l’artisanat et notamment dans le bâtiment reste critique», constate la Fédération des artisans, renvoyant vers la disparition, en 2024, de 150 entreprises et la perte de 6 000 emplois dans la construction.

«La crise énergétique et les mesures de la tripartite n’ont apporté que peu de répit aux entreprises. Les coûts de l’énergie et des salaires continuent d’augmenter, tandis que les marges se réduisent et que la concurrence s’intensifie. La productivité est aujourd’hui revenue à son niveau de 2019, sans perspective d’amélioration», déplore l’association patronale.

«Cette situation est exacerbée par un contexte international difficile et imprévisible ainsi que par l’énorme chantier de la transition énergétique, qui influencent considérablement l’activité et l’investissement dans l’industrie», ajoute la Fedil. Elle «salue» toutefois les mesures annoncées pour «alléger la facture électrique», dont la prise en charge par l’État d’une partie des coûts de réseau. «La disponibilité et le coût de l’énergie, tout comme le coût du carbone, sont devenus des facteurs déterminants pour l’avenir des industries manufacturière et digitale en Europe et au Luxembourg», fait encore remarquer la Fedil.

Les budgets à mobiliser pour mener à bien la transition énergétique de l’industrie ne seraient «pas loin de ceux exigés dans une première phase» pour augmenter l’effort de défense à 2 % du revenu national brut (1,2 milliard d’euros en 2025) et à 5 % en 2035 (3 milliards d’euros).

Pensions, droit du travail, conventions collectives

Le camp patronal va mettre toutes ces données sur la table, mercredi prochain, lors de la réunion tripartite convoquée par le Premier ministre. À l’image des syndicats, des mises en garde sont lancées. La Fédération des artisans souligne le besoin de s’accorder sur des «réformes structurelles profondes» et «urgentes», dans des domaines tels que les pensions, l’assurance maladie, l’absentéisme, le droit du travail, les conventions collectives, le logement, la fiscalité ainsi que la digitalisation et l’intelligence artificielle. La réduction de la bureaucratie fait aussi partie des doléances.

La Fedil espère que «des discussions constructives pourront enfin démarrer entre le gouvernement et les partenaires sociaux dans le souci de moderniser et de sécuriser notre modèle social, à un moment où les performances économiques ne sont plus à la hauteur des aspirations sociales et où notre continent est particulièrement mis à l’épreuve». Le représentant des industriels renchérit en clamant qu’«ignorer ces réalités (…) se traduira inévitablement en un fardeau pour les générations futures». «L’attrait du pays pour les investisseurs et les talents et la soutenabilité du système des pensions sont avant tout des sujets intergénérationnels», conclut la Fedil.

Dialogue social : Frieden
s’exprimera jeudi à la Chambre

La demande de déi gréng ne sera pas exaucée. Mardi, le parti d’opposition estimait qu’il était «impératif» que le Premier ministre, Luc Frieden, s’exprime devant la Chambre avant la réunion tripartite, fixée à mercredi prochain.

«La mobilisation massive menée (samedi dernier) par de grands syndicats et organisations non gouvernementales du pays traduit un malaise social grandissant et une profonde inquiétude face à la politique menée par le gouvernement, ainsi que face au défaut flagrant de dialogue social», soulignait la fraction verte dans une lettre adressée au président de la Chambre. Elle réclamait donc que le Premier ministre présente, face aux députés, les «intentions concrètes» du gouvernement pour répondre aux revendications syndicales et les «moyens envisagés pour rétablir un dialogue social véritable, respectueux et constructif».

Luc Frieden fera finalement jeudi matin une déclaration devant les députés, au lendemain, donc, de la réunion avec les partenaires sociaux. Un débat aura lieu dans la foulée.