L’Institut luxembourgeois de régulation a présenté jeudi sa nouvelle structure tarifaire pour l’utilisation du réseau d’électricité. L’objectif est de rendre le tarif «plus équitable».
La hausse du prix de l’électricité ne sera pas le seul changement à survenir au 1er janvier 2025. En effet, l’utilisation du réseau d’électricité connaîtra à cette date une nouvelle structure tarifaire. C’est ce qu’a annoncé hier l’Institut luxembourgeois de régulation (ILR). Actuellement, les frais de réseau sont répartis en une redevance mensuelle fixe et en une partie variable, proportionnelle à la consommation électrique du ménage. Selon l’ILR, cette structure tarifaire actuelle ne répond pas pleinement aux critères d’efficience et de réflectivité des coûts réels du réseau, car elle fait essentiellement dépendre du volume d’électricité prélevé le coût d’utilisation du réseau.
La nouvelle structure tarifaire est censée remédier à cet état de fait. Son objectif : «rendre le tarif plus équitable et plus réflectif des coûts réels», annonce Luc Tapella, le directeur de l’ILR. Pour ce faire, les clients seront classés dans une catégorie de consommateurs d’électricité, en fonction de leur consommation de l’année précédente. Ils se verront donc attribuer un certain niveau de puissance de référence qui fixera les frais fixes par an.
Et c’est là que la nouvelle structure entre en jeu. Si leur consommation d’électricité dépasse ce niveau, les consommateurs devront payer le supplément. «Le but est d’éviter les pics de consommation dans la journée.»
Cette nouvelle structure tarifaire fait déjà réagir. Quelques heures après son annonce, Joëlle Welfring, députée déi gréng, a déposé une question parlementaire sur le sujet. L’élue y demande notamment des clarifications sur l’impact de la structure sur la facture des consommateurs, sur les tarifs appliqués ou encore sur les critères pour déterminer les niveaux de puissance de référence.
Mais pour le moment, l’ILR ne peut répondre en détail à ces questionnements. «Nous n’avons pas encore défini la grille tarifaire ni les catégories», explique Claude Hornick, chef de service Énergie. Les coûts seront analysés dans les semaines à venir.
Préparer l’avenir et les consommateurs
Concrètement, qu’est-ce que ça va changer pour les consommateurs ? «Pour la plupart d’entre eux, il n’y aura aucun changement sur le coup, ils ne vont même pas le remarquer sur la première année», veut rassurer Luc Tapella. «Les gestionnaires de réseau vont choisir la catégorie la plus optimale pour le consommateur afin que les coûts soient le plus bas possible», ajoute le directeur.
Mais pour que ce soit effectivement le cas, les consommateurs devront apporter quelques changements dans leurs habitudes de consommation. L’idée globale est d’éviter les pics de consommation et de les répartir au cours de la journée. Fini de lancer la machine à laver et de cuisiner en même temps. Dorénavant, il faudra penser à décaler les différentes activités consommatrices à différents moments de la journée.
«Cela demande d’utiliser l’électricité différemment», selon Luc Tapella. Surtout, l’ILR tient à préciser que cette structure prépare l’avenir. «Aujourd’hui, le réseau est assez puissant pour absorber les pics. Le besoin viendra à moyen et long terme avec l’évolution de l’utilisation du réseau», éclaire Luc Tapella.
Aujourd’hui, le principal réseau d’électricité, celui géré par Creos, fait une taille de 12 279 km avec une pointe réseau à 807 MW. La nouvelle structure tarifaire «permettra de retarder les investissements pour l’extension des réseaux, qui auraient forcément un impact sur le consommateur dans les années à venir». 2025 sera donc une «année d’observation» pour «permettre aux clients de se montrer plus flexibles» en réfléchissant à leur consommation.
Prix de l’électricité en 2025 :
la hausse sera limitée à 30 %
Si le bouclier sur le prix du gaz sera levé en 2025, l’État va maintenir une aide pour amortir la hausse prévue de 60 % du prix de l’électricité. Le gouvernement prendra en charge la moitié de cette augmentation du tarif. Le consommateur subira donc une hausse limitée à 30 %.
«Pour assurer la cohésion sociale, l’électricité doit rester accessible à tous. C’est pourquoi les gens vont aussi bénéficier l’an prochain d’un prix plafonné», avait souligné le ministre des Finances, Gilles Roth, lors du dépôt du projet de budget pour 2025. Le coût pour l’État est chiffré à 171 millions d’euros.
L’ILR, c’est quoi?
L’Institut luxembourgeois de régulation (ILR) est l’autorité de régulation indépendante au Luxembourg, chargée de superviser et de réguler plusieurs secteurs économiques stratégiques. Sa mission principale est de garantir le bon fonctionnement de ces secteurs en veillant à la concurrence, à la transparence et à la protection des consommateurs. L’ILR intervient dans les domaines des télécommunications et réseaux, de l’énergie, des services postaux, des transports ferroviaires, de la gestion des fréquences radioélectriques et des numéros de télécommunication.
Électricité : la structure des coûts
Le coût de l’électricité au Luxembourg comprend le prix de l’énergie électrique (20 à 30 %), le tarif d’utilisation du réseau d’électricité (35 à 45 %) et les taxes (25 à 35 %). Si le prix de l’électricité peut varier en fonction du marché de l’énergie, le tarif d’utilisation du réseau appliqué par le gestionnaire de réseau est quant à lui approuvé par l’ILR.
30% de hausse ca veut dire que sont encore les revenus les plus faibles qui vont trinquer et les managers et fonctionnaires qui ne ressentiront pas la différence. A quand des prix justes ?