Le ministre de la Culture, Éric Thill et le nouveau président du CA du Mudam seront entendus demain par les députés. Les problèmes du musée interpellent.
Les déboires du musée d’Art moderne Grand-Duc Jean (Mudam) occuperont les députés de la commission Culture, ce mercredi, après les plaintes suivies de démissions d’une demi-douzaine de personnels qui apprécient peu le management de la directrice, Bettina Steinbrügge, arrivée en avril 2022 à la tête de l’institution.
Le départ le plus retentissant fut celui du président du conseil d’administration, Patrick Majerus, en janvier dernier, alors qu’il occupait cette fonction depuis 2021. Avant lui, Danièle Igniti avait quitté, fin 2023, le conseil d’administration du musée, devenu établissement public en 2024.
L’hebdomadaire, Lëtzebuerger Land s’était procuré la lettre de démission de Patrick Majerus dans laquelle il expliquait au ministre de la Culture que depuis décembre 2023, « l’institution fait face à des plaintes concernant la directrice, à un nombre préoccupant de départs au sein du personnel et à des défaillances dans la gestion interne du musée. Un nombre significatif de collaborateurs ont exprimé leur souffrance, ce qui a eu un impact sur la mission du musée.»
Il y indiquait encore qu’après plus de dix ans d’engagement auprès du Mudam, sous différentes fonctions, il lui était impossible de poursuivre ses responsabilités. « Cette décision découle de la volonté de maintenir une cohérence avec les valeurs qui ont guidé mon action. », concluait-il.
Dans une question parlementaire adressée au ministre de la Culture par la députée écolo Djuna Bernard, qui voulait connaître les motifs détaillés de ce départ, le ministre de la Culture, Éric Thill, avait laconiquement répondu que l’ancien président du conseil d’administration avait démissionné de ses fonctions « pour des raisons liées au fonctionnement interne de l’institution ».
Il annonçait aussi qu’à l’initiative conjointe du conseil d’administration et de la direction du Mudam un cabinet de conseil avait déjà été mandaté en 2024 « pour établir un rapport visant à clarifier davantage les rôles et responsabilités au sein du Mudam et à poser ainsi des bases solides pour son développement futur ». Il s’agit avant tout « d’optimiser les processus internes et les circuits de décision ».
Le Service psychosocial de l’État à la rescousse
Le ministre ne pipe mot sur le malaise profond qui gangrène le Mudam. La radio RTL, en début de ce mois d’avril, n’hésite pas à avancer que la directrice «est agressive envers ses employés, ne se contrôle pas, sème le chaos et la peur». Le média tire cette conclusion après avoir eu connaissance «d’un certain nombre de plaintes que les collaborateurs ont déposées auprès du conseil à propos de la directrice au cours des deux dernières années». Sont évoqués des problèmes de favoritisme, de harcèlement «et du fait que la directrice monte les gens et les services les uns contre les autres».
Le chaos viendrait d’un déficit de management qui aboutit à une surcharge de travail pour le personnel. Les absences répétées de la directrice ne sont pas étrangères à cette situation. Le conseil d’administration a même restreint ses déplacements et l’a priée d’être plus présente au Mudam et de s’intéresser davantage au fonctionnement de l’institution et au personnel qui se dit désemparé.
Dans les courriers que le CA adresse à la directrice au printemps dernier déjà, et qui lui reproche une gestion inexistante, selon les informations de nos confrères de RTL radio, elle est aussi invitée à modifier immédiatement et fondamentalement son comportement.
L’été dernier, le Service psychosocial de l’État est appelé à la rescousse, mais se déclare incompétent. C’est donc une société de conseil privée qui est sollicitée à l’automne dernier avec pour mission d’établir une bonne gouvernance et un management solide pour améliorer le climat de travail des salariés.
Demain, les députés en sauront sans doute davantage sur la situation au Mudam en recevant le ministre de la Culture Éric Thill et le nouveau président du CA, Jean-Paul Olinger, le directeur de l’administration des Contributions, en poste depuis un mois.