Alors que des échéances électorales arrivent en 2023, le Mouvement écologique a souhaité alerté sur les défis écologiques qui attendent le Luxembourg dans les années à venir et sur les limites d’un modèle toujours basé sur la croissance.
Pour le Mouvement écologique (Méco), il était temps de tirer, à nouveau, la sonnette d’alarme. À quelques mois des élections communales puis législatives, l’ASBL a souhaité interpeller les politiques de tous bords pour leur rappeler l’urgence climatique qui menace l’humanité. Pénurie d’énergie, problème de logements, perte de la biodiversité, embouteillages… Les problèmes se multiplient sans pour autant susciter de réponses à la hauteur. «Pour nous, ce qui est important, c’est d’arrêter de travailler sur les symptômes», affirme Blanche Weber, présidente du Méco. «Il faut maintenant se confronter à la croissance économique.» Un modèle de société basé uniquement sur celle-ci n’a plus de sens aujourd’hui pour l’association qui constate l’échec de la gestion des questions sociétales au cours des dernières décennies.
Un modèle à revoir entièrement
«On le voit d’autant plus avec la guerre en Ukraine. On sait que les pays du Sud vont être touchés par les pénuries dans l’agriculture. Nous n’avons pas réagi non plus, en tant que société, alors qu’on connaissait notre dépendance énergétique face aux autocrates.» Une attitude «irresponsable» qui en plus nuit à la biodiversité et conduit à l’extinction de nombreuses espèces. C’est donc tout notre modèle économique, et en particulier notre relation à la croissance, qui est à revoir. «On ne peut plus continuer comme ça. Le Statec montre en plus que la croissance n’a plus de lien ni avec le bien-être, ni avec l’équité sociale (voir encadré). La croissance ne rapporte plus rien», lâche Blanche Weber.
Une croissance toujours plus soutenue
Celle-ci est pourtant encore centrale dans les décisions politiques, au grand regret du Méco. Des études récentes montrent que le gouvernement luxembourgeois continue de se baser sur ce paradigme. Le système de retraites ne pourra par exemple tenir que grâce à une augmentation continue du PIB et ce même après 2070. «C’est grotesque! Personne ne peut croire que ce sera faisable.» Le même schéma se répète avec le Plan national de mobilité. Si le Mouvement écologique reconnaît que celui-ci tente de contrôler la croissance, le modèle continue de poser problème là aussi. En treize ans, le nombre d’usagers des transports en commun doit augmenter de 89 %. Un chiffre qui paraît difficile à atteindre en si peu de temps, même si le gouvernement affirme pouvoir accélérer l’extension du tram d’environ 2 à 3 km par an (contre 1,5 à 2 km par an auparavant). «Mais même si c’est faisable, on assistera malgré tout à une augmentation du trafic automobile.»
Une évolution préoccupante
Le projet «Luxembourg in Transition» du ministère de l’Aménagement du territoire constitue en revanche une amélioration. Celui-ci doit développer des scénarios afin de rendre l’aménagement du territoire neutre en CO2. Une démarche positive, selon le Méco. «Mais il ne s’interroge pas sur le fait de savoir si la croissance actuelle et la croissance supplémentaire visées sont compatibles avec cet aménagement. C’est donc la croissance économique qui commande l’aménagement et non l’inverse.»
L’évolution prévue dans ces documents reste donc préoccupante pour l’association. «Personne ne se demande si cette croissance est gérable.» Malgré ça, les experts, comme le Mouvement écologique ou le GIEC à l’international, ne semblent toujours pas entendus. «Nous sommes des scientifiques», rappelle Jacques Pir, biologiste et membre du conseil d’administration de l’association. «Ce sont des faits, pas des opinions. C’est maintenant à la politique de saisir le message.»
L’engouement des jeunes pour les questions écologiques pourrait peut-être changer la donne. «Ils nous donnent du courage, ils veulent créer un avenir durable et viable. Mais que se passera-t-il si on ne les entend pas? Ils vont encore plus se détourner de la politique.» À terme, la croissance n’est pas la seule qui pourrait atteindre ses limites, le système démocratique pourrait connaître les mêmes problèmes.
Croissance et bien-être ne vont plus de pair
Si, longtemps, la croissance a participé au bien-être de la population, les choses ont bien changé. «Après la Seconde Guerre mondiale, la croissance a eu un effet positif sur le bien-être mais plus aujourd’hui», analyse Blanche Weber. Depuis, l’objectif de croissance serait devenu autonome et les ménages, particulièrement les plus faibles, n’en sont plus les premiers bénéficiaires.
Le mois dernier, le Statec a d’ailleurs publié une étude qui montre que l’augmentation de la croissance ne va plus de pair avec celle du bien-être et s’accompagne de nombreuses inégalités. «Le niveau de vie des ménages les plus défavorisés a plutôt stagné ou légèrement augmenté. Ils ont moins bénéficié des fruits de cette croissance que les plus aisés», rappelle l’institut. L’étude montre aussi que, malgré un PIB important, le Luxembourg se situe au niveau de ses voisins, pourtant moins riches, en ce qui concerne le bien-être.
le ton tj très agressif de blanche weber la discrédite d’office, avec tout son club…