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«Le meilleur déchet reste celui qu’on ne produit pas»


Le compost permet de réduire «un tiers du contenu de nos poubelles». (Photo : Adobe Stock)

Les familles d’Alzette-Belval peuvent participer à un challenge qui leur demandera d’atteindre le «presque zéro déchet». Ils auront cinq mois pour y parvenir.

La commune de Sanem et le groupement européen de coopération territoriale (GECT) Alzette-Belval lancent un défi transfrontalier ambitieux: accompagner pendant cinq mois des familles du territoire vers une réduction significative de leurs déchets.

Le défi «Famille presque zéro déchet», ouvert à tous les foyers des 13 communes d’Alzette-Belval, débutera le 17 janvier. Durant cinq mois, les familles seront accompagnées en bénéficiant d’ateliers tous les quinze jours, de visites d’infrastructures ou de conférences afin qu’elles transforment durablement leurs habitudes de consommation.

Pour le GECT, l’objectif est clair : enclencher un mouvement capable de dépasser les dispositifs classiques déjà en place. À ce sujet, Dorothée Habay-Lê, la directrice du GECT, affirme que «le meilleur déchet reste celui qu’on ne produit pas».

Les familles engagées disposeront d’une plateforme pour enregistrer leurs pesées, d’un groupe d’échange animé par le GECT et d’un kit de démarrage comprenant un pèse-bagage et des produits «alternatifs» comme un shampooing solide.

Passer de circuits longs à courts

Dans ce programme de cinq mois, Jérémie Pichon, auteur de Famille presque zéro déchet: Ze guide, partagera son expérience lors d’une conférence à l’Artikuss, à Soleuvre. Avec sa famille, il a réussi en trois ans à passer de 390 kg de déchets par an à 1 kg seulement, soit un bocal.

Cinq ingénieurs et deux étudiants de l’IUT de Bordeaux ont mesuré de manière précise, et sur trois ans, l’évolution des coûts alimentaires, vestimentaires et énergétiques de sa famille. Cette expérience a permis de produire un guide pratique de 256 pages, comprenant un plan d’action détaillé et dix défis zéro déchet «pour avancer sans culpabiliser», explique son auteur.

Le secret le plus efficace de Jérémie Pichon : abandonner progressivement les circuits longs de consommation. Ces chaînes où la transformation, l’emballage et le transport des produits génèrent un surcoût énergétique et matériel. Jérémie Pichon préconise de passer aux circuits courts, plus locaux, avec «des produits moins transformés». Ce changement a permis à sa famille de diviser par trois sa consommation d’énergie et par quatre le volume de ses déchets.

Pour lui, pour réussir dans cette entreprise, il ne faut pas miser sur la notion de contrainte. Il s’agit de trouver du plaisir dans cette transition vers un comportement plus vertueux. «La condition numéro un, c’est l’envie», insiste-t-il. Dans une société où la consommation est devenue culturelle, le zéro déchet propose un autre rapport aux choses, «plus simple » et «plus économique».

Adopter le zéro déchet, «c’est d’abord reprendre le contrôle de sa consommation», précise-t-il. Acheter moins, mais mieux, cuisiner davantage, réparer, réutiliser ou acheter local : ces gestes du quotidien réduisent non seulement les déchets mais aussi les dépenses.

Le compost constitue l’un des leviers les plus efficaces. Composter, à domicile ou dans des composts collectifs, permet de retirer de sa poubelle la part organique des déchets. Elle représente en effet «un tiers du contenu de nos poubelles», affirme Jérémie Pichon. Dans le cadre du challenge, certaines familles pourraient ainsi passer d’une poubelle par semaine à une poubelle par mois, «selon leur point de départ», avertit-il tout de même.

«Adopter des habitudes à long terme»

Le GECT a déjà organisé, début 2025, un challenge similaire : «Ma petite planète». Cette initiative avait mobilisé 112 participants et suscité une augmentation des engagements «dans le cadre d’ACTE, un projet qui a pour ambition de mobiliser les habitants d’Alzette-Belval (…) face à l’urgence climatique, à travers la mise en place de projets citoyens concrets» avec par exemple le surcyclage de vêtements.

Le programme qui accompagne le défi affiche une volonté de faire apprendre par la pratique : ateliers de réparation, couture, jardinage et compostage, visites de centres de recyclage, conférences sur le circuit court, moments festifs… Le tout se conclura en juin par une « disco-salade », temps convivial autour de la cuisine de fruits et légumes invendus, suivie d’une remise de diplômes et de lots pour célébrer l’engagement des participants. Près d’une dizaine de familles sont déjà inscrites au challenge, mais les organisateurs visent encore plus haut avec un objectif de 30 à 50 familles engagées.

Alors que la question écologique est reléguée au second plan depuis la pandémie, selon Jérémie Pichon, il rappelle qu’elle demeure essentielle et défend une transition positive, progressive et collective. Le challenge lancé par la commune de Sanem et le GECT incarne cette vision d’un cadre motivant et d’un accompagnement soutenu pour permettre aux familles d’«adopter des habitudes à long terme», conclut-il.

Un jeu pédagogique «Zéro déchet»

Le mercredi 10 décembre à 18 h 30, au Facilitec d’Esch-sur-Alzette (37b, rue de la Fontaine), sera lancée la première Fresque des déchets luxembourgeoise. Cet outil pédagogique créé par sept citoyens permet de comprendre le cycle des déchets et les solutions pour les réduire. Un jeu associé à cette fresque, «Game of Waste : Le TRI-logie», sera présenté lors de la soirée et sera disponible en open source sur le site de l’ASBL Transition Minett.

LE CHIFFRE

461

C’est la quantité de déchets ménagers par habitant annuellement en kg, selon le Statec en 2022

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