Si l’activité au Luxembourg a connu un rebond en début d’année, la situation sur le marché du travail s’est encore détériorée, constate le Statec dans sa dernière conjoncture publiée ce lundi 22 juillet. Un «redressement timide» est toutefois espéré pour les prochains trimestres.
L’emploi au Luxembourg a continué à freiner et ne progresse plus qu’à un rythme annuel de 0,8 % en juin, au plus bas depuis la crise financière de 2009/10. Si l’emploi a ralenti dans quasiment toutes les branches depuis le début de 2023 (seul l’emploi dans les services non marchands maintient le cap), trois branches en particulier accentuent ce freinage : la construction (sans surprise), les activités spécialisées, scientifiques et techniques et le secteur financier.
C’est un refrain qui revient sans cesse depuis plusieurs mois que confirment encore une fois les chiffres du Statec : la crise dans la construction a détruit environ 3 300 emplois depuis octobre 2022, soit plus de 6 % du total (données désaisonnalisées).
Alors que la situation s’était graduellement aggravée au cours de 2023, des données préliminaires pour le 2ᵉ trimestre 2024 pointent néanmoins vers une certaine stabilisation, à l’instar des moindres pertes d’emplois liées aux faillites enregistrées dans cette branche au 2ᵉ trimestre (-60 % par rapport au 1ᵉʳ trimestre).
Quant aux activités spécialisées, scientifiques et techniques, l’essentiel du ralentissement provient des activités des sièges sociaux, très dynamiques par le passé (+12 % en moyenne par an depuis 2015), mais où l’emploi recule de près de 2 % sur un an au début de 2024.
Pour le secteur financier, la perte d’élan s’explique surtout par le freinage dans la gestion de fonds (+2,6 % sur un an en avril 2024, contre +8 % en moyenne par an depuis 2015).
Une hausse de l’inactivité ?
Au vu de cette détérioration graduelle du côté de l’emploi, le Statec se dit surpris que le taux de chômage «ne se soit pas accru davantage depuis la fin de 2023». Ce dernier s’est en effet légèrement tassé au tournant de 2024 avant d’augmenter à nouveau à 5,7 % pour ce début d’été.
Un «paradoxe apparent» pour l’institut de statistiques qui pourrait s’expliquer en partie par «une hausse de l’inactivité, respectivement du chômage non renseigné à l’Adem» : certains chômeurs découragés semblent en effet être passés à l’inactivité («apparente», précise le Statec), face à une expiration des droits aux indemnités et un manque de perspectives d’embauche.
Une embellie à venir ?
L’embellie conjoncturelle enregistrée en zone euro et au Luxembourg en début d’année devrait, si elle se confirme, raviver le marché du travail à partir de la 2ᵉ moitié de l’année. Un mince espoir, puisqu’à l’heure actuelle, «encore très peu d’autres éléments laissent entrevoir cette éclaircie espérée sur le marché du travail», pointe l’institut, qui relève l’amélioration des embauches pour le commerce de détail, les autres services non financiers et la construction, malgré tout.
Le Statec table donc pour 2024 dans son ensemble sur une croissance de l’emploi de 1,3 % (pire résultat depuis le +1 % de 2009), rythme qui présuppose déjà une certaine reprise avant la fin de l’année. En 2025, le regain d’élan, à l’instar de celui anticipé pour le PIB, resterait modeste et porterait la progression de l’emploi à 1,7 %. Le chômage grimperait encore légèrement à 5,9 % (après 5,8 % anticipé pour cette année).
Depuis le début de l’année, l’inflation en zone euro s’est stabilisée aux alentours de 2,5 %. Alors que l’inflation des biens alimentaires et des biens industriels non énergétiques reflue, les prix de l’énergie ne baissent plus et ceux des services tendent même à légèrement accélérer, le taux annuel passant à 4,1 % en mai et en juin, après avoir stagné à 4 % de novembre à mars.
À la mi-2024, les services restent ainsi la principale source d’inflation en zone euro et au Luxembourg (où l’inflation des services est néanmoins en train de freiner à 3,8 % en juin, après encore +4,7 % en janvier, suite au contrecoup des trois indexations en 2023).
Ce sont surtout les services relatifs aux loisirs qui contribuent à l’inflation des services en zone euro, alors que la remontée récente provient principalement des services relatifs aux transports : les transports combinés de voyageurs (+0,20 point de pourcentage, qui sont, pour rappel, gratuits au Luxembourg depuis mars 2020), les services paramédicaux (+0,04 point), les assurances liées au transport (+0,04 point) et les forfaits touristiques nationaux (+0,04 point). Les anticipations des entrepreneurs sur l’évolution des prix des services en zone euro demeurent toutefois relativement faibles.