Uwe Conradt souhaite la démission de l’actuel évêque de Trèves et de son prédécesseur devenu cardinal à cause des affaires d’abus sexuels dans l’Église.
Nous avons besoin de toute urgence d’un processus de réforme au sein de l’Église qui rétablisse sa crédibilité.» Ce n’est pas un pavé mais plutôt une bombe que vient de balancer cet élu allemand, dans le jardin de l’Église catholique. Maire de Sarrebruck, voisine de nos frontières de Moselle-Est et Sud, Uwe Conradt demande ni plus ni moins la tête de deux hauts dignitaires religieux, l’actuel évêque de Trêves et celui qui lui avait précédé, devenu cardinal ensuite. Pour le premier magistrat de la capitale du Land de Sarre, ces deux ministres de l’Église «doivent prendre leurs responsabilités».
Un coup de chaud qui intervient quelques jours après que le maire a eu connaissance du rapport intermédiaire de la commission d’enquête sur les abus sexuels au sein de l’Église catholique, précisément ceux commis dans le diocèse de Trèves. «C’est un rapport incroyable. Pour moi, il représente une rupture, rapporte Uwe Conradt dans un post sur son réseau social.
Le silence de tous
Le premier rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église), présidée en France par Jean-Marc Sauvé, avait été rendu en octobre 2021. Des conclusions accablantes avec ses milliers de victimes recensées depuis 1950. Chez nos voisins allemands, deux ans auparavant, des fuites dans la presse sur cette enquête historique au long cours sur l’état de la pédocriminalité au sein de l’Église catholique avaient rendu urgente une communication ubi et orbi. On évoquait alors près de 4 000 mineurs abusés en 68 ans sur la période de 1946 à 2014.
À l’époque, c’est le cardinal Reinhard Marx, ancien évêque de Trèves, qui avait communiqué sur le sujet explosif. Stephan Ackermann, actuel évêque de Trêves, l’assistait alors. Aujourd’hui, ce sont justement ces deux responsables que vise le maire de Sarrebruck. «Ce qui est insupportable, c’est l’attitude avec laquelle les responsables de l’évêché ont traité les coupables (même s’ils ont été condamnés).
513 victimes concernées
Le diocèse de Trèves doit être «considéré comme faisant partie d’une Église universelle», dans laquelle « la dissimulation d’abus sexuels était à l’ordre du jour jusqu’à un passé récent»; cette déclaration de la commission montre clairement que les abus ont manifestement été couverts par un système».
Uwe Conradt d’insister : «La commission doit être remerciée pour son travail. Depuis juin de l’année dernière, elle a identifié 513 personnes concernées et 193 hommes et deux femmes ont pu être enregistrés comme accusés ou coupables avérés. Ces chiffres, qui se rapportent au seul petit diocèse de Trèves, sont effrayants. Il est désormais officiel qu’il ne s’agissait pas seulement de fautes et de délits individuels, mais d’un système de vanités, d’abus et de dissimulation. Il ne doit pas y avoir de « continuité »! Pendant trop longtemps, de simples membres de l’Église comme moi ont gardé le silence sur ce qui se passait dans notre diocèse et dans notre Église.» Le maire de Sarrebruck en appelle également à ce que ce soit la justice pénale qui juge ces femmes et hommes d’Église recensés comme auteurs présumés.