De l’autre côté de la frontière, les cours de luxembourgeois ne cessent d’attirer des travailleurs, soucieux d’augmenter leur employabilité au Grand-Duché. À l’école, le luxembourgeois s’installe doucement.
Assistance juridique, aide pour toutes questions relatives à la fiscalité, accompagnement professionnel et… cours de luxembourgeois. À Thionville, l’Association des frontaliers au Luxembourg (AFAL) s’emploie à répondre aux demandes et besoins de celles et ceux qui franchissent quotidiennement la frontière.
L’apprentissage de la langue nationale du voisin luxembourgeois n’a cessé de croître au fil des années, comme en témoigne Solange Peuvrel, membre du collectif : «Les premiers cours ont été donnés chez nous en 2008. À l’époque, il n’y en avait qu’un dispensé par semaine. Aujourd’hui, nous en sommes à trois ou quatre par semaine, en soirée, donnés par des enseignants luxembourgeois détachés par le ministère de l’Éducation nationale luxembourgeois et gérés par Euregio».
Parmi la quinzaine d’élèves par session, les profils sont variés selon ses observations : «Ils sont primotravailleurs au Grand-Duché, étudiants, salariés dans le milieu médical ou en reconversion, chômeurs.»
«Plusieurs niveaux sont accessibles aux adhérents de l’AFAL, du débutant jusqu’à l’échelon B1, moyennant une participation supplémentaire à hauteur de 180 euros à l’année pour 60 unités de cours de 50 minutes», précise-t-elle.
De quoi satisfaire aux exigences des employeurs en quête de nouveaux salariés. Indéniablement, «c’est un plus très apprécié, poursuit Solange Peuvrel, cela peut peser dans la balance à l’épreuve de l’embauche».
«Les cours sont très prisés»
À la pépinière d’entreprises de Mexy, les cours de luxembourgeois font également salle comble. Sur le papier, il s’agit d’une initiation linguistique. Dans les faits, c’est une stratégie d’intégration dans le monde professionnel transfrontalier.
Depuis plusieurs années, des cours de luxembourgeois sont proposés par l’ASBL EuRegio SaarLorLux sur toute l’année scolaire, à raison d’une trentaine de séances de septembre à juillet, en dehors des vacances.
Ce dispositif, soutenu financièrement par la communauté d’agglomération du Grand Longwy, propose deux niveaux, débutant (A1.1) et intermédiaire (A1.2), exclusivement le samedi matin.
Les inscriptions sont ouvertes en juin et juillet pour une rentrée en septembre. Cette année encore, la demande est forte : «On a reçu énormément d’appels. On a une liste d’attente qui date déjà de l’an dernier», confie-t-on du côté de l’Agglomération du Grand Longwy.
Le succès est manifeste. Le niveau débutant a rassemblé plus de 20 inscrits, tandis que le niveau intermédiaire en comptait 12. Des chiffres stables, que l’organisme s’attend à reconduire, voire à dépasser.
«Les cours sont très prisés. La salle est limitée. On voit que la majorité des inscrits viennent sur demande de leur employeur ou pour viser des postes qui demandent de maîtriser le luxembourgeois», affirme-t-on à l’Agglomération du Grand Longwy.
Et si la formule rencontre un tel succès, c’est aussi en raison de son accessibilité : 180 euros pour l’année entière, une somme modique au regard du volume horaire proposé et du coût habituel des cours de langue.
Des cours dès la primaire
Quelle est la particularité des communes françaises suivantes : Manderen-Ritzing, Montenach, Kirsch-lès-Sierck, Rettel, Rustroff et Sierck-les-Bains? Elles sont frontalières, oui, mais surtout ce sont les seules villes et villages du nord mosellan où les élèves peuvent apprendre le luxembourgeois à l’école primaire.
Ils sont 321 dans ce cas. Quinze élèves de Sierck et onze de Rustroff débutent même dès la grande section de la maternelle. Cela représente au total six écoles de Moselle, soit 0,37 % des élèves du premier degré. Au vu de l’attractivité du bassin d’emploi et de vie du Grand-Duché, cela reste faible et même étonnant.
À Sierck-les-Bains, des cours sont aussi donnés aux élèves du collège (1 h 30 par semaine) ainsi qu’aux adultes. L’expérience dure depuis plus de quinze ans et c’est largement profitable, souligne la maire Helen Hammond : «On est à 4 km de la frontière!» Et il y a aussi le lien entre les générations : «Le francique luxembourgeois, c’est la langue des grands-parents.»
E. C. et O. J.
(Le Républicain lorrain)