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Le Luxembourgeois Roland Junck à la tête d’Ascometal


Cette reprise a été permise grâce à l'accompagnement financier accordé par l'Etat à Greybull, sous la forme d'un prêt de 45 millions d'euros dès 2024. (Photo AFP)

Salariés et syndicats de l’aciériste Ascometal ont exprimé lundi leur soulagement après la décision du tribunal de Strasbourg qui a validé la reprise du groupe par le fonds britannique Greybull, aidé par l’Etat, tout en s’interrogeant sur leur avenir.

Dernier repreneur en lice après le retrait des autres offres, Greybull Capital, spécialiste du rachat et du redressement d’entreprises en difficulté, devient le nouveau propriétaire d’Ascometal, qui dispose d’une aciérie et d’un centre de recherche à Hagondange (Moselle) et de trois sites d’usinage et de parachèvement, à Custines (Meurthe-et-Moselle), Saint-Étienne (dans le quartier du Marais) et Leffrinckoucke (Nord).

Cette reprise porte sur l’ensemble des salariés à l’exception de 23 des 79 postes de la holding Ascometal France qui regroupe les fonctions support à Hagondange, soit environ 760 postes. La cession sera effective au plus tard le 20 juillet. « Le soutien de Greybull va permettre à Ascometal d’assurer la relance de ses activités, notamment dans les aciers pour l’automobile, et de se diversifier dans la production d’acier à destination des marchés de la mécanique, de l’énergie et de la défense », a annoncé l’entreprise dans un communiqué.

Greybull prévoit d’investir dans une « voie lingot » à Hagondange, destinée à produire des lingots pour la fabrication d’obus, et de rouvrir le laminoir de Leffrinckoucke qui avait été fermé en 2019.

Le fonds britannique précise que la direction actuelle « restera en place » et sera accompagnée par un nouveau président, le Luxembourgeois Roland Junck, ancien directeur général d’ArcelorMittal et président de British Steel et d’Ascoval. « Nous sommes confiants dans la capacité du groupe à se développer, porté par une importante diversification dans la production de pièces pour l’armement », a déclaré Marc Meyohas, dirigeant de Greybull Capital, cité dans le communiqué.

Un prêt public de 45 millions

Cette reprise a été permise grâce à l’accompagnement financier accordé par l’Etat à Greybull, sous la forme d’un prêt de 45 millions d’euros dès 2024, puis, à partir de 2025, d’un soutien public de 40 millions « dans une forme qui restera à définir », a précisé le ministère de l’Economie. « Je salue le délibéré rendu en faveur de la solution Greybull pour lequel nous avons travaillé d’arrache-pied », s’est réjoui le ministre sortant de l’Industrie Roland Lescure. « Longue vie à Ascometal et tous ses salariés ! ».

L’annonce de cette reprise a été accueillie comme une « bonne nouvelle » par les syndicats. « C’est un sacré soulagement, ce n’est pas passé loin. C’était l’ultime solution pour éviter la liquidation, alors que les autres repreneurs potentiels, Venete, Europlasma, s’étaient défilés », a déclaré à l’AFP Xavier Le Coq, délégué national de la CFE-CGC sidérurgie.

« Maintenant il y a des investissements à faire. Les salariés, les syndicats, tout le monde va être prudent et vigilant. Il faut que l’argent arrive pour faire les investissements promis », a-t-il ajouté. « On a quand même pas mal d’interrogations sur l’organisationnel et sur le business plan. On n’a pas énormément d’informations par rapport au aspects commerciaux », a déclaré à l’AFP Gazi Yildiz, délégué CGT à Hagondange.

« On connaît aussi les fonds d’investissement, on a déjà eu ça par le passé, et ce n’était pas vraiment une réussite. On est méfiant et attentif aux décisions futures », a-t-il ajouté, disant craindre que certains salariés choisissent malgré tout de quitter l’entreprise.

En 2016, Greybull avait repris, pour 1 livre symbolique, une partie des activités de l’aciériste British Steel, avec pour ambition d’en faire un leader européen. L’entreprise avait renoué avec les bénéfices en 2017, mais n’avait pas pu éviter la faillite en 2019. Marc Meyohas avait alors désigné le Brexit comme première explications à ces difficultés, tout en assurant au Financial Times avoir fait « tout ce qui (était) possible » pour sauver British Steel.