Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
L’artiste touche-à-tout Edsun, acteur majeur de la scène R’nB luxembourgeoise, livrera sous peu son nouveau projet : «The Platonic Touch Tour». Découverte.
Il suffit parfois d’un élément déclencheur… Pour Edsun, musicien et danseur luxembourgeois, ce fut un article de l’auteur américain Mark Greene. L’exposé portait sur l’absence de «toucher platonique» dans les interactions masculines. Le performeur, empli de passion, explique : «Il parle vraiment de cette peur qu’on a nous les hommes de se toucher. Une crainte de se faire rejeter, de se faire juger ou de perdre son statut d’autorité…»
Un intérêt qui trouve, aussi, racine dans une dimension plus personnelle : «Mes neveux, leurs comportements, leurs interactions, leur façon d’être ensemble, avec les autres… ça me touche! Ce serait vraiment dommage que ce côté humain se perde en chemin.» Sensibiliser le public à ce sujet, c’est donc le projet que porte l’artiste à travers «The Platonic Touch Tour». Grâce à un financement participatif fructueux, il partira à l’automne prochain sur les routes européennes pour prêcher sa belle parole.
Ici, pas de conférences assommantes – «Je vois le projet plutôt comme quelque chose qui sera traité sous forme d’art, par la danse et la musique.» En amont, l’artiste, entouré de quatre danseurs et quatre musiciens, a déjà réalisé deux performances autour de ce thème. Si l’improvisation était de mise, la tournée sera, comme l’affirme le principal intéressé, «une recherche approfondie du mouvement : la chorégraphie sera présentée comme quelque chose de structuré».
Tournée européenne
Inspiré par les grandes vagues musicales des années 90, Edsun déclare : «Je pense que la base sera R’nB, mais pour les concerts, j’aime bien changer, tester d’autres textures de son, être créatif…» Caractère international oblige, les paroles seront en anglais. Pour ce qui est de la danse, il puise son souffle dans son entourage, chez ses amis proches.
L’art comme outil de transmission ? «Je sais qu’on peut ouvrir des portes, que l’art a le pouvoir de changer les avis et d’ouvrir l’esprit. Si on touche une personne, ça peut changer des vies.» L’artiste salue : «On a eu des gens qui ne comprenaient pas mais étaient curieux. Et après leur avoir parlé, il y avait du sens à ce qu’on faisait.» Car, oui, l’essence même du projet est «de donner un peu plus de liberté». Et Edsun a de quoi se réjouir : «Je suis très content du retour du public.» Les prochaines prestations – dont les dates n’ont pas encore été dévoilées – se tiendront au Luxembourg, en Allemagne, en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Norvège. Edsun développe : «Les villes sélectionnées se trouvent à notre porte. Ce sont celles qui m’attirent, qui, à mes yeux, sont attractives, ouvertes…»
Edsun et son équipe recherchent toujours des lieux atypiques, ouverts sur l’extérieur. Si la démarche est artistique, le thème est profondément sociologique, éthologique, psychologique.
Mathilde Ledroit
