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Le Luxembourg veut garder la tête dans les étoiles


Le ministre de l’Économie, Franz Fayot, aux côtés de Mario Grotz et Marc Serres, respectivement président du Conseil d’administration et CEO de la Luxembourg Space Agency (LSA).

Dix-sept ans après son adhésion à l’Agence spatiale européenne (ESA), le Luxembourg poursuit son investissement dans le domaine spatial. Le ministre de l’Économie, Franz Fayot, a présenté les grandes lignes de la nouvelle stratégie du pays pour les cinq prochaines années.

Un si petit pays face à l’immensité de l’espace. Depuis presque vingt ans, le Luxembourg tente de se faire une place dans le domaine spatial, majoritairement dominé par nos voisins outre-Atlantique. Depuis l’adhésion à l’ESA en 2005, deux investissements conséquents sont venus remplir le palmarès luxembourgeois dans ce secteur : d’abord l’initiative SpaceRessources.lu, lancée en 2016 par le ministre de l’époque, Étienne Schneider (qui cherchait un secteur où le Luxembourg pouvait être «le premier» à investir en Europe), puis la création de la Luxembourg Space Agency (LSA) en 2018.

«Les investissements effectués jusqu’à maintenant ont déjà eu un impact important pour le Luxembourg avec une croissance significative du nombre d’entreprises et de l’emploi correspondant», s’est d’ailleurs félicité le ministre de l’Économie, Franz Fayot, hier, lors d’une conférence de presse dédiée aux investissements spatiaux du Grand-Duché pour les cinq prochaines années.

Il faut dire que la dynamique du secteur ne cesse de s’amplifier : aujourd’hui, le Luxembourg héberge un peu plus de 70 acteurs publics et privés, alors qu’il n’en comptait qu’une vingtaine en 2016. Même chose en termes d’emploi : actuellement, ce secteur dispose de 1 400 personnes sur le territoire, soit un doublement de la taille de l’écosystème depuis 2016. «Le secteur spatial est l’un des piliers économiques du pays», a souligné le ministre LSAP, qui souhaite poursuivre les efforts de développement de ce secteur.

Davantage d’investissements privés

Pour ce faire, le gouvernement vient de valider une enveloppe budgétaire de 256 millions d’euros, pour la période allant de 2023 à 2027, soit une augmentation de 21,6 % par rapport à l’enveloppe précédente 2020-2024. «Cet investissement public est nécessaire à la mise en œuvre de la stratégie spatiale, moyennant la participation aux programmes de l’ESA ainsi qu’au programme national LuxImpulse», détaille Franz Fayot.

Une nouvelle stratégie qui s’articule autour de quatre grands axes, dont les maîtres-mots ne sont autres que la «durabilité» et la «responsabilité» : le Luxembourg veut conquérir l’espace, oui, mais en limitant au maximum la pollution déjà décriée dans le secteur.

Durabilité des activités économiques, des activités sur Terre (notamment dans le domaine de l’humanitaire, des télécommunications, du climat, de l’agriculture…), mais aussi des activités dans l’espace (en proposant notamment des moyens de recycler les débris) et des ressources spatiales.

«C’est un signal fort montrant que le pays est un vrai interlocuteur avec lequel collaborer dans ce secteur», appuie le ministre de l’Économie, rappelant l’ouverture prochaine à Belval d’un «space campus» et la volonté du gouvernement de développer la recherche et de conserver les talents liés à ce domaine.

Le développement de perspectives commerciales fait également figure de fil rouge pour ces prochaines années. L’État souhaite donner la part belle aux investissements privés et ouvrir la porte à d’autres entreprises intéressées par le domaine spatial.

Une volonté qui se heurte à quelques soucis d’ordre juridique : aucun cadre cohérent ne s’impose actuellement aux acteurs spatiaux (on pense notamment à Elon Musk et son projet Space X) et aucun régulateur international n’existe à ce jour dans ce secteur. «Ces choses se mettront en place au fur et à mesure, mais nous ne ferons pas n’importe quoi», promet Franz Fayot.

2 % du PIB

Pour rappel, le Luxembourg est le seul pays européen, depuis 2017, à avoir voté une loi qui accorde aux entreprises présentes sur son territoire la propriété des matériaux rapportés de l’espace. Une façon de profiter du vide juridique du traité des Nations unies de 1967, qui interdit aux nations de s’approprier des astéroïdes, mais reste assez flou quant à l’exploitation des produits miniers.

Actuellement, et grâce à son investissement chez SES, le spatial pèse 2 % du PIB du pays, le plus haut taux dans l’Union européenne.