En marge d’une conférence qui s’est tenue à Belval en fin de semaine, le ministre du travail luxembourgeois a réitéré son opposition à la réforme des allocations chômages que prépare la Commission européenne, où le Luxembourg aurait tout à y perdre par rapport à l’indemnisation des travailleurs frontaliers.
« J’ai un grand problème», prévient Nicolas Schmitt. «La Commission européenne veut nous imposer, et je le dis comme je le pense, un nouveau règlement qui fait que les salariés non résidents ne dépendraient plus du tout de leur pays de résidence, mais quasiment exclusivement de leur pays de travail.»
Il est «clair qu’à partir d’un certain seuil d’activité dans un pays où on paie des impôts, ce pays doit participer au financement des allocations de chômage» (NDLR : comme c’est le cas aujourd’hui, puisque le Luxembourg verse trois mois d’indemnisation au pays de résidence par frontaliers chômeur). Mais «si demain, et demain c’est peut-être demain si j’écoute Bruxelles, on nous imposait de nous occuper – je dis occuper, et pas financer – de toutes les personnes qui travaillent ici, ne résident pas ici et parfois perdent leur emploi, notre système imploserait. Je le dis surtout à nos amis français, car ce sont ceux qui poussent le plus dans cette direction.» Le futur projet prévoit une indemnisation pouvant monter jusqu’à douze mois.
« Avec 200 000 frontaliers, si on doit s’occuper de tous ceux qui perdent leur emploi… »
«Donc il faut trouver des solutions acceptables pour tous. Car si on me dit qu’avec 200 000 frontaliers, on doit s’occuper de tous ceux qui perdent leur emploi, je ne peux pas le faire.» Ou bien «j’aurai un service de l’emploi qui s’occupe actuellement principalement des résidents, et qui ne pourra plus fournir à ces résidents un service minimum». Or «j’ai la prétention de dire que notre service est depuis un certain temps un service intense en matière d’accompagnement des demandeurs d’emploi, ce qui n’est peut-être pas le cas ailleurs».
Ce «sujet politique critique» doit être discuté et tranché dans les prochaines semaines, poursuit-il. «Et je sais que les salariés frontaliers ne le veulent pas. C’est d’ailleurs étonnant que ceux qui veulent construire l’Europe veulent le faire contre le gré de ceux qui sont directement impliqués. Mais ceci est une autre histoire.»
Romain Van Dyck
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