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Le Luxembourg Science Center à l’aube du changement


Le LSC envisage un déménagement afin de pouvoir bénéficier d'une surface dix fois supérieure à celle du site actuel. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Fort d’un nouveau directeur d’exploitation, le Luxembourg Science Center introduit des nouveautés pour attirer le public. D’importants changements sont également attendus dans les mois à venir.

Un planétarium, une centaine de stations expérimentales et près de 20 «shows», le tout proposé en cinq langues (français, luxembourgeois, allemand, anglais et portugais). À cela s’ajoutent des nouveautés tout au long de l’année. Un programme varié et accessible à tous, qui a attiré l’an dernier près de 80 000 visiteurs. L’année 2024 s’annonce encore plus prometteuse, les chiffres comparatifs attestant d’une augmentation de 15 %. Depuis sa création en 2017, le Luxembourg Science Center de Differdange s’est clairement affirmé comme l’une des activités phares du Grand-Duché.

La success story de l’établissement a néanmoins été troublée en mars 2023 par un scandale impliquant son fondateur et président, Nicolas Didier. Celui-ci a été accusé de gestion compromettante et de conflits d’intérêts concernant sa société GGM 11, dont le seul client n’est d’autre que le LSC. Cette affaire, largement médiatisée, a égratigné l’image jusque-là irréprochable du centre. Les derniers mois ont donc marqué un tournant pour son avenir. Le nouveau directeur d’exploitation, Stuart Atkinson, s’est engagé dans cette mission de «survie». L’avenir du site pourrait s’annoncer prometteur et riche en changements.

Quatre évènements éphémères

Il est aujourd’hui l’un des visages de la nouvelle phase du LSC. Issu de l’enseignement au sein de l’école fondamentale, Stuart Atkinson a rejoint le centre initialement pour apporter une dimension pédagogique aux sujets scientifiques. «L’idée, c’était de convaincre les écoles fondamentales et secondaires de passer des journées ici, pour combler le manque de sciences dans leur programme», explique-t-il. Une réussite, puisqu’en 2023, 32 000 élèves ont franchi les portes d’entrée. Cependant, lorsque l’intégrité de Nicolas Didier est remise en question, le rôle de Stuart évolue. «Il m’a clairement dit : « Soit tu deviens directeur d’exploitation, soit on ferme ».» Il relève alors le défi et accepte le poste.

Depuis, il implante sa philosophie. Son objectif est simple : promouvoir les sciences auprès des sceptiques, en apportant un élément de réflexion et d’enthousiasme sur ces thématiques. «Il faut trouver le juste milieu entre légèreté et sérieux dans notre approche.» Ainsi, des «shows» sont imaginés, et la salle des stations est conçue comme un espace d’exploration. «Il n’y a pas de parcours prédéfini. Les visiteurs se promènent librement, attirés par ce qui les intrigue. Si nous réussissons à susciter la curiosité, alors nous avons gagné.» Entre le robot disponible pour une partie de baby-foot, la plus grande boule de plasma au monde ou encore la chambre de brouillard, les visiteurs n’ont que l’embarras du choix.

D’autant plus que des nouveautés se sont ajoutées en 2024. «Nous souhaitons créer quatre évènements éphémères par an, qui dureront une journée, un week-end ou une semaine.» En juin, les «Ocean Days» étaient à l’affiche. En novembre, ce sera au tour des «Astronomy Days». «Nous organiserons également quelque chose sur l’IA, ainsi que sur la culture avec l’Orchestre philharmonique d’Esch.» Des idées plein la tête, l’ancien enseignant annonce aussi l’arrivée prochaine d’un observatoire sur le toit du bâtiment. Enfin, les enfants de moins de 6 ans – qui ne peuvent assister aux shows – pourront bientôt profiter d’une aire de jeux intérieure. «Le succès est là, la fréquentation augmente, et les visiteurs viennent de l’étranger, jusqu’aux Pays-Bas», raconte Stuart Atkinson. Une fréquentation exponentielle qui représente aussi l’un des défis majeurs du LSC pour les années à venir.

«S’agrandir est une nécessité»

Depuis 2017, le Luxembourg Science Center est considéré comme un projet pilote. Un statut provisoire qui perdure et freine l’expansion de l’établissement. Pourtant, c’est tout le défi à venir pour le LSC. Les locaux actuels sont saturés, notamment en termes d’espace pour accueillir le public. Parallèlement, les murs sont désormais trop étroits pour la multitude de projets que Stuart et ses équipes aimeraient développer. «Aujourd’hui, s’agrandir est une nécessité, bien plus qu’une simple envie. Nous réfléchissons à la direction que nous prendrons dans les mois à venir», insiste-t-il.

La réflexion semble déjà bien avancée, car en interne, les membres du conseil d’administration évoquent la mise en place prochaine de la «phase 2». Le directeur d’exploitation précise : «Nous envisageons la construction d’un nouveau site. Nous avons plusieurs options, dont l’une serait de nous installer dans des bâtiments d’ArcelorMittal, non loin d’ici. Ils sont déjà prêts, et des études sont en cours.» Si l’opération se concrétise, elle permettrait au LSC de bénéficier d’une surface dix fois supérieure à celle du site actuel. La décision est désormais entre les mains des différents ministères de l’Éducation nationale, de la Culture et de l’Économie.

Le Luxembourg Science Center semble donc être à l’aube du changement. Toutefois, la volonté est claire : cela ne changera en rien le fonctionnement de l’établissement. «Nous souhaitons garder l’authenticité de notre proposition, qui fait notre force. Nous créons toutes nos stations nous-mêmes, avec l’aide d’entreprises ou de prestataires locaux. Les activités présentent ici sont introuvables ailleurs», justifie le directeur des exploitations. En attendant un retour pour ce projet qui pourrait drastiquement changer le visage du LSC, ses portes restent ouvertes du lundi au dimanche. Le coût d’entrée est fixé à 15 euros pour un adulte, 9 euros pour un enfant. Les visiteurs de moins de 6 ans profitent quant à eux de la gratuité. «Les nouveautés sont constantes, c’est intéressant de venir ou de revenir. C’est surtout l’occasion de passer une belle demi-journée et de (ré)apprendre à aimer la science.»

science-center.lu 

Affaire Nicolas Didier – GGM 11, où en est-on?

Le fondateur du Luxembourg Science Center, Nicolas Didier, était aussi le gérant d’une société privée GGM 11, chargée d’équiper le centre et d’y construire les différentes stations. Des révélations en mars 2023 ont permis d’apprendre que celle-ci lui payait ses déplacements entre New York, son lieu de résidence, et le Luxembourg. La société s’occupait également d’une partie de la gestion administrative du Science Center qui recevait de fortes subventions de l’État. Différents dysfonctionnements budgétaires auraient d’ailleurs été aperçus. Un éventuel conflit d’intérêts qui a fait grand bruit, sans pour autant inquiéter Stuart Atkinson. «Dans ce genre de situation, il y a toujours trois versions. Celle des deux parties, et la vérité. Il y a eu quatre rapports d’enquête, qui n’ont rien révélé de pénalement sanctionnable. Devant la justice, le lanceur d’alerte à perdu deux fois face à Monsieur Didier.»

S’il confirme que cette histoire a provoqué quelques départs au sein du LSC, il rappelle que c’est à la justice – et uniquement à elle – de trancher cette histoire. Pour le moment, Nicolas Didier reste à la tête de ces trois postes : président du conseil d’administration et directeur du Science Center, ainsi que directeur de la société GGM 11. Toutefois, dans le cadre d’une nouvelle convention passée avec le gouvernement, l’homme d’affaires devra prochainement choisir un seul de ces rôles. «C’est à lui et au ministère de réfléchir à cette décision. Nous devrions avoir des nouvelles de cette affaire courant octobre.» Affaire à suivre.

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