Les résidents luxembourgeois ont une image plus positive de l’Union européenne, mais attendent une politique plus ferme en matière d’environnement, selon le sondage Eurobaromètre.
« L’europhilie au Luxembourg est remontée », a annoncé Charles Margue, directeur de recherche auprès de l’institut TNS Ilres, jeudi, lors de la présentation des résultats du sondage Eurobaromètre. Les résidents luxembourgeois interrogés sont ainsi 57 % à avoir une image positive de l’Union européenne (UE) – ils étaient 47 % l’an passé. Une embellie notable, même si le degré de confiance se maintient à un niveau inférieur à celui de 2007, avant la crise des subprimes : 67 % des résidents sondés affirmaient alors avoir confiance dans la Commission.
«Les équilibres restent fragiles depuis la crise. Il y a une ambition européenne, mais l’UE n’est pas toujours évidente, notamment avec la question de l’immigration et du Brexit», explique Charles Margue.
D’ailleurs, si 61 % des Luxembourgeois estiment que les choses vont dans la bonne direction au Grand-Duché, ils ne sont plus que 33 % à penser de même concernant la situation au niveau européen. «On veut être européen, mais on n’y croit pas trop», résume Charles Margue. «Les plus jeunes sont les plus optimistes», souligne Yuriko Backes, chef de la représentation de la Commission européenne au Luxembourg.
Liberté de voyager et d’étudier, euro et paix demeurent les principales valeurs représentatives de l’UE pour l’ensemble des sondés. Quant aux préoccupations des Européens, elles s’avèrent très locales : l’immobilier constitue le problème le plus important au Luxembourg (56 %), alors que le chômage arrive en tête dans l’ensemble de l’UE (25 %).
L’immigration jugée favorablement
Suit de près la question de l’immigration : c’est le 4e problème le plus important au Luxembourg, il arrive même en tête en Allemagne, cité par 40 % des sondés.
«Il y a clairement une différence entre immigration intra-européenne et extra-européenne», note Charles Margue. Les résidents luxembourgeois sont ainsi 81 % à avoir un sentiment positif concernant l’immigration intra-UE, tandis que 42 % rejettent l’immigration extra-européenne. «La libre circulation est un acquis», analyse Yuriko Backes.
Les pays limitrophes rejettent eux majoritairement l’immigration extra-européenne : ils sont 58 % en France à y être opposés, 54 % en Belgique et 53 % en Allemagne. Ce qui n’empêche pas les sondés d’être favorables à l’entraide. «Il y a un discours antimigrants en France, pourtant, 61% des Français interrogés estiment que leur pays devrait aider les réfugiés. Même si aider ne signifie pas forcément accueillir», souligne Charles Margue.
Autre enseignement de cette étude : le poids de la thématique environnementale. Au Luxembourg, 87 % des sondés souhaitent une politique énergétique commune, et que l’UE aille plus loin en matière écologique, notamment en développant les énergies renouvelables.
«On peut supposer que la sortie de l’accord de Paris des États-Unis par Trump a pu accroître cette volonté d’une UE plus ferme sur les questions environnementales», suggère Yuriko Backes. États-Unis jugés globalement d’une manière très négative : 62 % des Européens et 77 % des Luxembourgeois estiment que les choses ne vont pas dans le bon sens outre-Atlantique.
Libre-échange et mondialisation sont cependant considérés comme une opportunité par la majorité des Européens.
Tatiana Salvan
« Topographie d’un moment »
Les sondages Eurobaromètre sont réalisés deux fois par an, au printemps et à l’automne, afin d’évaluer l’opinion publique dans l’UE. «Il s’agit d’une topographie d’un moment», insiste Yuriko Backes.
Le sondage Eurobaromètre 88 a été mené en automne 2017 dans 34 pays et territoires : les 28 États membres, les cinq pays candidats (Turquie, Ancienne république yougoslave de Macédoine, Monténégro, Serbie, Albanie) et le territoire de la communauté chypriote turque.
Environ 1 000 personnes par État membre ont été interrogées, exception faite du Luxembourg où, du fait de sa taille, l’enquête a porté sur un échantillon d’environ 500 résidents luxembourgeois (55 % de Luxembourgeois, 45 % de ressortissants d’autres États membres de l’UE, représentatifs du cosmopolitisme du Grand-Duché).