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Le Luxembourg n’évitera pas la récession en 2023


(Photo : Editpress)

Dans une note de conjoncture publiée ce mercredi 20 décembre, le Statec indique que le Grand-Duché n’échappe pas à la récession. En cause ? Un net ralentissement de la croissance mondiale.

En cette fin d’année 2023, le Luxembourg n’évite pas la récession. C’est le constat que porte le Statec dans une note de conjoncture publiée ce mercredi 20 décembre. Quant à une amélioration en 2024 ? « Une reprise est escomptée, mais celle-ci serait de nature modeste du fait d’un contexte conjoncturel international encore convalescent ».

Cette situation est amenée par un net ralentissement de la croissance mondiale qui « devrait s’élever à 3% environ cette année ». Un ralentissement qui a fortement impacté la zone Euro où l’effet de la crise énergétique a été douloureux pour les acteurs économiques. Au Grand-Duché, en début d’année, l’activité économique a résisté avant de peu à peu sombrer à la baisse par rapport à 2022.

Un épisode de contre-performance économique

La perte de la dynamique est à imputer aux mauvais résultats du secteur financier en termes de volumes. Mais, confrontés dans leur ensemble à une situation conjoncturelle dégradée, les services non-financiers ne sont pas en reste dans ce constat.

Dans le secteur de la construction, la hausse des taux d’intérêt a fait s’écrouler l’activité et « dans la plupart des activités marchandes non financières, la confiance des entreprises s’est dégradée cette année, sous l’influence notamment de la baisse de la demande et de difficultés de financement ». S’il observe quelques signes de redressements du côté de l’industrie et des services non financiers, le Statec prévoit une légère récession de l’activité (PIB vol. -1%) au Luxembourg.

L’institut souligne que la consommation privée des ménages et les dépenses publiques (consommation et investissement) auront contribué à maintenir la demande intérieure intacte. Aussi, il reste optimiste quant aux exportations en 2024. Si ces dernières ont baissé dans tous les domaines en 2023, la légère remontée de la croissance en zone euro (+0,8%) ou la probable baisse des taux d’intérêt devraient leur permettre de décoller à nouveau. Mais cela ne permettra pas au Luxembourg de sortir de ce que le Statec nomme, en parlant de la trilogie 2022-2023-2024, « d’un épisode de contre-performance économique ».

Chômage en hausse et emploi au ralenti 

Le marché du travail est particulièrement impacté par cet épisode. Particulièrement touché par rapport aux autres pays européens, l’emploi au Luxembourg a considérablement ralenti depuis le début de l’année jusqu’à afficher une quasi-stagnation au 3e trimestre. Parmi les responsables de ce freinage, le Statec pointe les services aux entreprises, qui sont d’habitude les moteurs de croissance. Cette tendance est également alimentée par une nette remontée du chômage.

Pour 2024, l’institut ne prévoit rien de bon puisque, selon ce dernier, « l’emploi devrait encore ralentir (+1,3% en 2024, après +2,1% prévus pour 2023) et le chômage continuera à s’accroître vers 5,9% de la population active (renouant avec sa moyenne des 15 dernières années) ». Des chiffres qui vont à l’inverse de la zone euro où le taux de chômage resterait relativement stable.

L’inflation se résorbe lentement

Note positive : avec la baisse des prix de l’énergie et des aliments, l’inflation se résorbe. Pour le Luxembourg, le Statec table sur une inflation de 3,8% pour cette année et de 2,6% pour 2024, entraînant une seule tranche indiciaire l’année prochaine.

Si dans la zone euro, la hausse des salaires a été moins prononcée que celle des prix à la consommation sur les dernières années, cela n’a pas été le cas au Grand-Duché. Depuis 2019, le coût salarial moyen réel ne cesse d’augmenter de manière significative. Ainsi, en 2023, le coût salarial moyen devrait progresser de 6,3% en 2023, puis ralentir à +3,1% en 2024. En cause  ? Une contribution plus faible de l’indexation et de la compensation aux employeurs du coût de la tranche indiciaire de septembre 2023 l’année prochaine.

Le déficit se creuse

Un ralentissement global est à prévoir quant aux recettes publiques. En 2023, la faible progression de la taxe d’abonnement et de la TVA, mais aussi la forte baisse des droits d’enregistrement sur les transactions immobilières ont pesé sur celles-ci. Le ralentissement devrait se poursuivre en 2024 en raison du ralentissement de l’emploi, de l’inflation et de la réduction des taux de cotisation pour compenser la 3e tranche indiciaire de 2023.

Du côté des dépenses publiques, elles ont été stimulées en 2023 par la hausse de la masse salariale et par des transferts spécifiques. Toutefois, elles devraient aussi ralentir en 2024 « vu la moindre contribution de l’indexation des salaires et l’expiration du crédit d’impôt énergie ».

Tout cela pèse sur le déficit public. La croissance des dépenses demeurerait toutefois plus forte que celle des recettes en 2023 et en 2024, elle creusera le déficit public à -1,7% du PIB en 2023 puis -2,7% en 2024. Le Statec indique que « les mesures annoncées dans l’accord de coalition n’ont pas été intégrées dans ces prévisions ».

Énergie : des tarifs toujours trop haut

2023 a été marquée par une consommation modérée tout au long de l’année et du recours croissant au gaz naturel liquéfié (GNL) pour compenser la diminution des livraisons russes. Si les prix ont diminué par rapport à 2022, la facture énergétique reste lourde pour les ménages et les entreprises.

Malgré ce constat, les prévisions du Statec se veulent positives puisque l’institut suggère que « les ménages pourraient profiter de tarifs de gaz inférieurs au plafond fixé par le gouvernement en 2024 ».

En parallèle de l’effort de consommation, la consommation énergétique a fortement décliné en 2022 et au début de l’année 2023. En détails, les ventes de carburants, la consommation d’électricité et de gaz ont enregistré des baisses de respectivement 2%, 7% et 10% par rapport à la même période de 2022.

Une tendance qui devrait s’estomper sur les derniers mois. Selon les estimations du Statec, la diminution de la consommation d’énergie fossile entraînerait une baisse des émissions de 1,9% en 2023 et une réduction supplémentaire de 1,3% en 2024.