Neuf pays européens ont signé, hier, un accord pour transformer la mer du Nord en «plus grosse centrale électrique verte du monde». La contribution luxembourgeoise sera financière.
Il a clairement été l’invité exotique du sommet de la mer du Nord organisé hier à Ostende. «Dès mon arrivée, on m’a demandé ce que je faisais ici», relate Xavier Bettel. Le Premier ministre luxembourgeois était, en effet, le seul haut représentant d’un pays sans façade maritime parmi les huit autres présents sur la côte belge.
Son homologue belge, Alexander De Croo, avait pourtant souligné que «beaucoup de gens ne connaissent pas l’investissement historique du Luxembourg dans l’énergie renouvelable et le rôle qu’il a déjà joué en mer du Nord».
Toujours est-il que le Grand-Duché figure parmi les signataires de la déclaration dans laquelle le Benelux, la France, l’Allemagne, le Danemark, l’Irlande, la Norvège et le Royaume-Uni s’engagent à porter collectivement leurs capacités d’énergie éolienne en mer du Nord à 120 gigawatts en 2030, puis au moins 300 GW en 2050, contre des capacités actuelles cumulées d’environ 30 GW. La promotion d’interconnexions pour l’hydrogène vert et l’électricité sont d’autres engagements pris.
«C’est un jour décisif pour faire de cette mer du Nord la plus grosse centrale électrique verte du monde», a insisté le Premier ministre belge à l’issue du sommet. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a eu des mots semblables : «L’Europe est devenue la maison des énergies renouvelables. La déclaration d’Ostende nous donnera tout le vent dont nous avons besoin pour mettre le cap sur la neutralité climatique.»
«Prêt à servir si nous pouvons le faire»
La contribution luxembourgeoise sera surtout financière, mais pas seulement. L’entreprise Jan De Nul, spécialisée dans le dragage, a son siège à Capellen. Hier, les chefs d’État et de gouvernement présents à Ostende ont pu visiter le Connector, un des navires d’installation et de construction sous-marines les plus grands et les plus avancés au monde. En parallèle, des échanges ont eu lieu entre les délégations et des représentants de l’industrie maritime.
«L’énergie renouvelable est quelque chose dans lequel croit mon pays. Nous sommes ici pour regarder toutes les opportunités qui s’offrent à nous pour investir dans l’éolien en mer», a déclaré Xavier Bettel, placé entre le chancelier allemand, Olaf Scholz, et le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre.
Renewable energy sources are not a luxury, they are the future. Today at the #NorthSeaSummit we committed to green power, cross-border cooperation and anchoring the renewable offshore industry in Europe. pic.twitter.com/fNf2x1SEuw
— Xavier Bettel (@Xavier_Bettel) April 24, 2023
Le chef du gouvernement a rappelé la coopération engagée avec le Danemark pour cofinancer une île énergétique en haute mer, avec à la clé un investissement maximal de 66 millions d’euros. Hier, aucune enveloppe supplémentaire n’a été annoncée. Le Luxembourg se dit néanmoins «prêt à servir si nous pouvons le faire».
En mer du Nord, peu profonde, des éoliennes peuvent être installées en nombre important pas trop loin des côtes, dans des conditions de vent permettant de produire de l’électricité à des coûts jugés très compétitifs. Le coût total pour réaliser les objectifs d’Ostende s’annonce colossal. Fin 2020, Bruxelles chiffrait à 800 milliards d’euros les besoins d’investissements si l’UE visait 300 GW d’éolien offshore d’ici 2050.
Turmes : «Nous avons besoin de plus de câbles»
Champs d’éoliennes, mais aussi infrastructures de connexion, chaînes industrielles, projets d’hydrogène vert… Les neuf États signataires de la déclaration d’Ostende veulent coordonner leurs politiques et appels d’offres, renforcer les chaînes de production ou encore simplifier les procédures administratives.
Également présent sur la côte belge, le ministre luxembourgeois de l’Énergie, Claude Turmes, a plaidé sur Twitter «pour un plan de développement intégré des réseaux énergétiques. De gros volumes d’électricité renouvelable issue de l’éolien offshore doivent être acheminés sur tout le continent. Pour cela, nous avons besoin de plus de câbles et d’un réseau flexible avec des batteries et des électrolyseurs.»
L’ancien eurodéputé a ajouté : «Le Luxembourg est un pays enclavé et la coopération transfrontalière permettra à nos citoyens et à notre industrie de bénéficier de ces immenses ressources.»
L’argent du Luxembourg lui brûle-t’il les doigts ? Bel héritage qu’il va laisser à son successeur…..