En marge de la visite du ministre ukrainien de la Défense, ce jeudi au Luxembourg, la ministre Yuriko Backes a ouvert la voie pour doter l’Armée luxembourgeoise de drones armés. L’Ukraine demande un soutien financier renforcé pour produire jusqu’à 20 millions de drones par an.
Le ministre ukrainien de la Défense, Denis Shmyhal, a été accueilli ce jeudi, en fin de matinée, avec les honneurs militaires au château de Senningen. Son homologue luxembourgeoise, Yuriko Backes, était habillée en jaune et en bleu, les couleurs de l’Ukraine qui continue à se défendre avec toutes ses forces contre l’agression russe.
En marge de cette visite, Yuriko Backes a annoncé, en réponse à une question parlementaire de Sam Tanson (déi gréng), envisager l’acquisition de drones armés.
Plus concrètement, le Luxembourg est disposé à doter l’armée de drones du type MTO. Il s’agit d’armes guidées à distance par un opérateur humain, qui peuvent être dirigées «en temps réel vers une cible après le lancement», explique la ministre dans sa réponse. «La trajectoire peut donc être ajustée en vol. L’opérateur humain utilise une interface pour guider la MTO, permettant une grande précision et la possibilité d’annuler ou de rediriger l’attaque si nécessaire. La MTO est consommé, donc détruit, à l’impact», ajoute-t-elle.
«Des tirs à haute précision»
Ce type de drones est capable «d’effectuer des tirs à haute précision sous contrôle humain et idéalement à l’abri des tirs ennemis».
«Aujourd’hui, en considérant les leçons tirées de la guerre d’agression non-provoquée russe contre l’Ukraine, il s’avère que l’utilisation de drones armés et surtout de MTO a changé la dynamique sur le champ de bataille, de sorte que leur utilisation devient de plus en plus importante, voire incontournable. En considérant en outre l’évolution rapide des menaces en ce sens, exclure l’utilisation de tels systèmes dès le départ exposerait des forces armées à des risques considérables», développe encore Yuriko Backes.
Elle assure en outre que «la Défense luxembourgeoise respectera le droit international applicable et, en particulier, le droit international humanitaire, lors de l’emploi de ces technologies».
L’Ukraine capable de produire 20 millions de drones par an
Lors de la conférence de presse ayant suivi l’entrevue avec Denys Chmyhal, la ministre de la Défense a mentionné particulièrement le projet d’acquérir des drones armés pour l’armée luxembourgeoise. L’accent a été mis sur le soutien financier et logistique que le Luxembourg peut apporter à l’Ukraine, notamment dans le domaine de la production de drones, à employer sur le front de guerre.
Le ministre ukrainien souligne qu’augmenter la capacité de différents types de drones – y compris des longues portées – figure parmi les trois grandes priorités pour préparer le pays à contrer les attaques russes pendant l’hiver, qui visent prioritairement les infrastructures énergétiques. L’Ukraine dispose entretemps des moyens pour produire ses propres drones. «Ce dont on a besoin sont des ressources financières», souligne Denys Schmyhal, pour exploiter la capacité de production de 20 millions de drones par an. La production annuelle de la Russie se limiterait actuellement à 8 millions de drones.
Un partage d’expérience et de savoir-faire
Une autre clé est le partage du savoir-faire et de l’expérience acquis par l’Ukraine. «On soutient l’installation de producteurs européens en Ukraine. Ils peuvent tester leurs drones directement sur le terrain, au jour le jour, sur la ligne de front», avance le ministre ukrainien. «Nous sommes également disposés à partager notre expérience pour développer des joint-ventures dans des pays partenaires. Il est important de miser sur la doublure de nos capacités, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Ukraine», poursuit-il. Avec un principe de base : «Ce qui est produit avec l’Ukraine doit aller en Ukraine».
Denys Chmyhal ne manque pas de mentionner que «l’expérience acquise, nous l’avons payée avec des vies» de soldats et de civils.
«Drone Coalition» : une enveloppe de 57 millions d’euros
Le Luxembourg fait depuis octobre 2024 partie de la «Drone Coalition», une alliance formée par environ 20 pays, qui se sont engagés à fournir un arsenal de drones à l’Ukraine. Une première enveloppe de 57 millions d’euros a été dégagée en automne dernier.
Yuriko Backes n’a pas précisé dans quelle mesure le Luxembourg va pouvoir ou vouloir soutenir l’Ukraine dans l’entreprise présentée par son homologue ukrainien. Mais l’engagement global n’a pas changé : «Nous soutenons l’Ukraine depuis le premier jour de l’inacceptable guerre d’agression russe. Nous continuerons à les soutenir, aussi longtemps que nécessaire».