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Le Luxembourg, cinquième pire pays en matière de pauvreté de l’enfant 


Dans le rapport présenté par Paul Heber, responsable de la communication d'Unicef Luxembourg, le Grand-Duché est le cinquième pire pays en matière de pauvreté des enfants. (Photo : hervé montaigu)

En présentant, hier, son rapport sur la pauvreté des enfants, l’Unicef rappelle que le Luxembourg fait office de mauvais élève et dresse un plan d’action national afin d’agir au plus vite.

En publiant, ce mercredi, le rapport Innocenti 18 issu de son bureau de recherche, l’Unicef ne met pas à l’honneur le Luxembourg concernant la pauvreté des enfants. Parmi les 39 pays étudiés, les plus riches du monde, le Grand-Duché pointe à la 35e place au classement. «Ce n’est pas une surprise en soi, mais c’est une mauvaise surprise de voir que la tendance est négative. Cela a empiré par rapport au dernier rapport», alerte Paul Heber, responsable de la communication d’Unicef Luxembourg. D’après le bilan, basé sur les chiffres entre 2014 et 2021, le risque a augmenté de 3,7 % lors de la dernière décennie et ne devrait pas baisser de sitôt. Près de 30 000 enfants, soit un sur quatre, sont à risque de pauvreté au Luxembourg et 13,2 % sont en situation de pauvreté persistante.

Pourtant, le rapport révèle qu’une diminution globale de la pauvreté d’environ 8 % a eu lieu durant la période d’étude. «Être un pays riche ne veut pas dire que la pauvreté n’existe pas.» Le Luxembourg en est la preuve, malgré un PIB par habitant parmi les plus hauts du monde. Afin d’analyser la situation nationale, l’antenne luxembourgeoise de l’Unicef rappelle que le risque de pauvreté est calculé à partir de 60 % du revenu mensuel médian. En dessous de 2 266 euros par adulte qui compose le ménage, les enfants d’un foyer luxembourgeois sont à risque de pauvreté. Un risque visible sur différents points et qui comporte aussi son lot d’inégalités.

Alléger les familles monoparentales

Face à la pauvreté monétaire au Luxembourg, les enfants issus de familles monoparentales sont trois fois plus à risque : 40 % contre 12 % pour ceux qui vivent avec leurs deux parents. «Certainement que le logement est le grand problème, mais ça va beaucoup plus loin», explique Paul Heber, en précisant que 19,7 % des enfants vivent dans un logement insalubre (fuites, moisissures, mauvaise isolation). C’est pour cela que l’Unicef recommande au gouvernement de travailler sur son plan de logement social, mais aussi de revoir la fiscalité, de hausser le salaire minimum, de réduire les impôts et d’indexer les aides sociales des parents seuls ou à deux. L’éducation est également la clé et l’un des outils les plus efficaces pour jouer le rôle d’ascenseur social.

Sans cracher dans la soupe, les représentants de l’agence de l’ONU saluent tout de même les aides et structures existantes, mais attendent plus du nouveau gouvernement. Sans les transferts d’aides sociales en espèces, les plus élevés des 39 pays d’Innocenti 18, «le taux de pauvreté serait de 38 % et non pas de 24,5 %». Le système actuel permet donc d’atténuer, en partie, les inégalités. Et si l’accord de coalition indique que le bien-être des enfants est une priorité, les membres de l’Unicef regrettent «qu’ils n’aient pas évoqué la lutte contre la pauvreté des enfants».

«Certains budgets d’aides ne sont pas utilisés entièrement»

Afin de réduire le nombre de futurs adultes pauvres, la pauvreté étant souvent héréditaire selon le rapport, l’Unicef préconise également un meilleur accompagnement des parents. «Je sais qu’au Luxembourg, certains budgets d’aides ne sont pas utilisés entièrement car les gens ne les connaissent pas.» La faute, selon eux, à une mauvaise communication, à l’approche de la langue, mais surtout à la stigmatisation de la pauvreté. «C’est tellement stigmatisant d’assumer de faire la queue parce qu’on ne peut plus nourrir son enfant que la plupart des gens veulent s’aider eux-mêmes et sortir la tête de l’eau seuls.» La mise en place d’un guichet social, annoncé dans l’accord de coalition, afin de simplifier les démarches administratives et les attributions d’aides, est également très attendue pour réduire la pauvreté.

Parmi les recommandations nationales, en réponse au rapport, se trouvent également des pistes d’inspiration telles que le «Pacte des solidarités» récemment instauré en France, pays pas mieux classé pour autant (33e sur 39). Conscient que les statistiques masquent des réalités individuelles, l’Unicef souhaite aussi donner la parole aux enfants dans les débats sur leurs droits afin de recueillir leurs témoignages sur une pauvreté qui diffère entre les pays et les environnements. «Au Luxembourg, la pauvreté, ce n’est pas forcément quelqu’un d’assis dans la rue, mais c’est un enfant qui ne peut pas fêter son anniversaire, qui ne peut pas aller au cinéma. La pauvreté, c’est l’exclusion sociale.»

Un commentaire

  1. Je suis une famille de migrants, ma femme travaille, je m’occupe de deux enfants, l’ADME ne me laisse même pas m’inscrire et les revenus de ma famille après impôts plus allocations familiales sont inférieurs à 3 000. Les prix élevés des logements et des loyers au Luxembourg nous font Quatre personnes vivent dans une même pièce et je ne peux même pas sortir seule avec mes enfants. Un jour, j’en aurai marre de cette vie et je quitterai le Luxembourg.