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Le Luxembourg, «champion» de la pauvreté au travail


En 2023, la proportion de travailleurs luxembourgeois exposés à la précarité s’élève à 14,7%. (Photo pixabay)

Le Luxembourg reste encore et toujours le pays de la zone européenne comptant la proportion la plus importante de travailleurs pauvres. Une proportion qui ne cesse de creuser le terrain.

Les salariés luxembourgeois sont toujours plus exposés au risque de pauvreté. C’est en tout cas ce que révèle le Panorama social de la Chambre des salariées (CSL) et les nouvelles données d’Eurostat pour l’année 2023.

Le Grand-Duché conserve encore et toujours sa première place sur le podium des pays européens comptant la proportion la plus importante de travailleurs pauvres. «En 2022, ce sont 12,4 % des salariés de 16 à 64 ans qui sont exposés au risque de pauvreté, contre 6,7 % en moyenne dans l’union monétaire», note la Chambre des salariés.

Le taux de risque de pauvreté, c’est quoi ?

«Le taux de risque de pauvreté est défini comme le pourcentage de personnes disposant d’un revenu inférieur à 60 % du revenu équivalent médian. Au Luxembourg, pour l’année 2022, le revenu médian équivalent est de 45 310 euros par an, et le seuil de risque de pauvreté annuel s’établit donc à 27 186 euros», expliquait la CSL dans son Panorama social publié en avril dernier.

Et en 2023, le chiffre est encore plus grand : 14,7 % des salariés luxembourgeois sont confrontés à ce risque. «Dit autrement, près d’un salarié sur sept dispose de revenus qui ne lui permettent pas de dépasser le seuil de risque de pauvreté.» Un chiffre à moitié plus grand que la moyenne des pays européens et trois points plus fort que la Bulgarie, deuxième dans le classement.

Le Luxembourg se place d’ailleurs à contre-courant du mouvement européen. Alors que de manière générale, les taux de risques de pauvreté sont plutôt restés stables dans la douzaine d’années écoulées, celui du Luxembourg n’a cessé d’augmenter. En 2010, c’étaient 9,9 % des salariés qui y étaient confrontés. Et à l’époque, le Grand-Duché était déjà loin devant ses voisins européens.

Quels salariés sont les plus exposés ?

Bien sûr, les salariés travaillant à temps partiel ou ayant un contrat à durée déterminée sont les plus exposés au risque de pauvreté. Mais le Luxembourg a une particularité. «Même les personnes travaillant à plein temps sont nombreuses à ne pas échapper à la pauvreté» relève ainsi la CSL.

En 2023, les salariés luxembourgeois en âge de travailler et à temps plein, sont deux fois plus exposés au risque de pauvreté que les travailleurs des autres pays européens. «Si l’on considère les personnes de moins de 18 ans au sein de ces ménages à intensité de travail élevée, le taux de risque de pauvreté s’élève à 13 % contre 6 % pour l’ensemble de la zone euro», précise la CSL.

Les travailleurs les plus jeunes sont, toute intensité de travail confondu, les plus touchés par le risque de pauvreté. Les moins de 18 ans ayant une intensité de travail à moins de 20 %, sont les plus touchés. Ils sont près de 80 % à être sous le seuil de pauvreté. Les plus de 65 % sont les deuxièmes à être exposés au risque, suivi de la grande tranche d’âge 18-64 ans.

Des revendications sociales

Lors de son discours sur l’état de la Nation, le Premier Ministre a déclaré que le «système social est largement conçu pour s’articuler autour de l’emploi : l’assurance maladie, le chômage, le système de retraite. Notre filet de sécurité social est tendu autour de l’emploi. On ne peut pas dissocier le social de l’économique. D’une part, cela signifie que le travail doit être rentable.»

La CSL constate que ces affirmations ne sont «qu’un vœu pieux en attendant des actes concrets permettant de rendre au travail la valeur qui lui est due.» Elle demande alors une «revalorisation structurelle du salaire social minimum», une «exonération d’impôt sur le revenu jusqu’à hauteur du salaire social minimum qualifié» et un «allègement de la fiscalité des revenus modestes».

Pour la Chambre, ces mesures permettraient d’attirer «les travailleurs essentiels, mais mal rémunérés, dans les domaines du commerce, de la restauration, de la construction, des services à la personne et de l’action sociale ou encore du nettoyage où les pénuries de main d’œuvre se manifestent de plus en plus distinctement.» Des domaines où les salaires proposés ne sont, actuellement, pas suffisants pour vivre décemment.

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