Organiser le temps de travail et attirer de nouveaux talents. Ces deux questions ont occupé des députés préoccupés mardi par la perte d’attractivité du Grand-Duché.
«C’est un problème qui concerne l’ensemble du gouvernement et chacun doit faire un effort de son côté», relève le ministre de l’Économie, Franz Fayot, répondant à une question du député André Bauler sur l’attraction de nouveaux talents, «une des conditions nécessaires, voire incontournables, pour développer de nouvelles niches d’activité et pour soutenir les efforts d’innovation les plus divers», selon le député libéral.
Il s’agit d’une préoccupation partagée par de nombreuses entreprises, et pas seulement au Grand-Duché, mais le pays doit pouvoir séduire alors que la concurrence est rude. C’est d’une pénurie de main-d’œuvre en général dont souffre le pays et le sujet a grandement occupé l’après-midi des parlementaires, mardi, avec l’heure d’actualité qui a précédé la recherche active de talents, et qui était consacrée à l’organisation du travail. Le député Marc Spautz (CSV) s’y est collé.
« Les priorités des travailleurs ont changé »
Les deux questions sont étroitement liées. Le pays est devenu moins attractif, c’est un constat. Le phénomène est le même dans tous les pays européens : «Partout, on se plaint, dans tous les secteurs. Les priorités des travailleurs ont changé, surtout après la pandémie», explique Franz Fayot.
Pour attirer les talents, le gouvernement a adopté une feuille de route comportant une dizaine de points et qui débute par l’élaboration d’une carte recensant les besoins. Le ministre de l’Économie évoque le rôle de l’Adem, partenaire précieux pour la Luxembourg Space Agency, la plateforme work-in-luxembourg.lu qui réunit les offres d’emploi des secteurs de pointe, la participation des institutions aux foires internationales ou encore les missions économiques.
Mais c’est aussi à l’intérieur du pays que les talents peuvent être formés et recrutés, d’où le partenariat avec l’uni.lu qui propose des masters pointus en logistique ou en sciences de l’espace. Les efforts en direction des start-up comptent aussi. Tout à la fin de son énumération, Franz Fayot aborde l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle et le télétravail, «qui compte énormément», dit-il.
Une étude sur la réduction du temps de travail en avril
L’organisation du temps de travail, c’est l’affaire des patrons et de leurs salariés, et cela s’appelle la flexibilité. Mardi, ce mot était sur toutes les lèvres ou presque, déi Lénk se prononçant en faveur d’une réduction progressive du temps de travail à 32 heures par semaine d’ici 2030. Le ministre du Travail, Georges Engel, a indiqué que l’étude relative à une réduction du temps de travail serait livrée en avril.
Les libéraux ne veulent pas en entendre parler, mais attendent la première évaluation du plan d’organisation du travail (POT) proposé aux entreprises depuis cinq ans et qui assouplit la durée du travail. «Un dispositif trop contraignant et guère transposé», selon les informations de Carole Hartmann (DP). Le compte épargne-temps, les jours de congé supplémentaires, tout cela participe à travailler moins ou mieux.
«L’organisation du temps de travail est capitale pour rester attractif», insiste Dan Kersch (LSAP), alors que Charles Margue (déi gréng) propose de permettre aux demandeurs d’asile et aux sans-papiers d’avoir accès au marché du travail s’ils le réclament.
Ce même jour, l’ALEBA (l’Association luxembourgeoise des employés de banque et assurance) faisait savoir qu’elle souhaite une accélération des accords bilatéraux pour proposer deux jours de télétravail par semaine pour tous les salariés. Elle rappelle que les entreprises le souhaitent aussi, d’après la dernière enquête de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL). «Les entreprises confirment que les nouvelles générations refusent les offres d’emploi qui ne promeuvent pas le télétravail et le bien-être. Le sondage de l’UEL indique que 4 salariés sur 10 sont prêts à quitter leur emploi pour cette raison», rappelle l’ALEBA.
Unanimité pour la loi Dieschbourg
Les députés ont voté mardi à l’unanimité la proposition de loi dite «loi Dieschbourg» qui permet à l’avenir au parquet d’enquêter contre des membres du gouvernement, actuels ou anciens.
Dans la mesure où la nouvelle Constitution entrera en vigueur en juillet, la durée de vie de cette loi est limitée à quelques mois. Elle a été faite sur mesure pour permettre à l’ancienne ministre de l’Environnnement Carole Dieschbourg de se défendre dans l’affaire dite «Gaardenhaischen», la cabane de jardin de son collègue de parti, Roberto Traversini.
La pénurie de main d’oeuvre s’explique non seulement par le changement de mentalité, à savoir une « Génération Z » qui ne voit plus la carrière et l’argent comme priorité absolue et la pandémie qui a accentué ce sentiment, mais aussi un phénomène trop longtemps négligé par la politique luxembourgeoise, à savoir le changement démographique: Le dernier recensement le confirme d’ailleurs… Or, essayer de discipliner la population avec des coûts de la vie élevés et un chômage structurel, cela ne marchera plus au 21e siècle. Bien au contraire, il faut faire un choix: Soit on veut la croissance avec une immigration forte et des expats, alors il faut des conditions de vie y compris des logements abordables ou alors ça se retourne contre nous!