Les socialistes et déi Lénk ne souhaitent pas en rester là et veulent que cette majorité se rende bien compte des débordements intolérables de certains de ses représentants.
Les limites du tolérable ont été largement dépassées et les partis de gauche, déi Lénk et le LSAP, s’inquiètent chacun du nouveau style de la majorité CSV/DP, accusée de discours racistes, quand elle ne s’en prend pas aux artistes. Ce n’est pas rien, et il y a malheureusement des cas récents qui illustrent leurs craintes.
La présidente de la fraction socialiste, Taina Bofferding, ne mâche pas ses mots, quand elle affirme que «les masques sont tombés», que le gouvernement «se révèle de plus en plus réactionnaire et populiste». Le député-maire de Hesperange, Marc Lies, est particulièrement visé pour avoir associé les immigrés à des voleurs de poule en accusant Jean Asselborn de leur avoir ouvert grand les portes. Au passage, la presse en prenait pour son grade.
Des propos qui ont choqué et le député-maire a dû s’en expliquer auprès des responsables du CSV. Mais le feu n’est pas éteint. «Le style, le ton, la haine, qui n’étaient concevables que de manière anonyme sur internet il y a quelques années, s’affichent aujourd’hui publiquement et sans vergogne, par n’importe qui, pour atteindre les plus hautes instances politiques de notre pays : les communes, la Chambre et les ministères», écrit déi Lénk dans un communiqué.
Les socialistes ont beau guetter une réaction de la ministre de la Justice, Elisabeth Margue, concernant les débordements dans son camp et particulièrement la sortie de Marc Lies, mais elle ne vient pas. Pas plus que celle «de la conscience sociale du CSV, Paul Galles, le vice-président du parti qui ne peut pas approuver tout cela». Et que dire du Premier ministre, que les socialistes sollicitent pour une prise de position, parce que «Marc Lies n’est pas le seul à user d’une telle rhétorique et d’un tel style», observe Taina Bofferding.
Les excuses, quand il y en a, servent avant tout à minimiser les faits, à reconnaître un écart de conduite ou un mauvais choix des mots. Surtout, on s’empresse de dire que les propos sont sortis de leur contexte, même s’ils sont très clairs pour tout le monde.
En résumé, les hommes et les femmes politiques qui stigmatisent les mendiants, les immigrés, les médias et toute les forces de progrès sont dans leur bon droit de dire ce qu’ils et elles pensent.
Dangereuse banalisation
«Nous assistons actuellement à une banalisation régulière des discours de haine et du populisme», se lamente déi Lénk, en observant la façon dont les auteurs s’en tirent. Pire encore, «les populistes du CSV et du DP cherchent les coupables parmi ceux qui les critiquent», ajoute déi Lénk.
Les populistes visent «les humanistes, les artistes, les journalistes ou simplement les citoyens socialement engagés» et «les déclarations de Marc Lies sont ici typiques, (lui) qui regrette que «dans ce pays, on n’a plus le droit de dire grand-chose», soulignent les représentants de la Gauche, particulièrement visés par le député-maire de Hesperange. Pire encore, Marc Lies accuse ses éreinteurs de populistes, à son tour.
La gauche appelle les instances supérieures du CSV et du DP, «que l’on peut bientôt qualifier de partis extrémistes», écrit-elle, «à imposer des critères éthiques à leurs représentants et mandataires pour leurs apparitions en public et à intervenir de manière cohérente en cas de tels dérapages».
Les élus de l’opposition communale de Hesperange, les verts, les socialistes et les pirates se demandent «comment un député CSV, président de la commission des Affaires intérieures à la Chambre, bourgmestre d’une commune de plus de 16 000 habitants dont la majorité de la population est de nationalité non-luxembourgeoise, ayant une commission du vivre-ensemble signataire du pacte du vivre-ensemble et n’ayant, selon les propos du bourgmestre lui-même, aucun problème particulier de criminalité peut se permettre de faire de telles accusations et amalgames, et ce, sans aucune preuve».
Ils demandent des explications au prochain conseil communal et des excuses officielles. Marc Lies n’a pas fini d’entendre parler de son post «haineux» du 3 mars dernier. Le CSV non plus.