Le Livre blanc publié par le Royaume-Uni sur sa relation avec l’UE après le Brexit soulève une « série de questions » dans le domaine économique, a estimé vendredi le négociateur en chef de la Commission européenne, Michel Barnier.
« Sur le futur partenariat économique, le Livre blanc soulève trois séries de questions », a précisé Barnier, s’interrogeant sur le fait de savoir si les propositions britanniques étaient « opérationnelles », « dans l’intérêt de l’UE » et « compatibles avec les principes » de négociation posés par les Européens.
Londres et Bruxelles sont censés parvenir à un accord d’ici octobre pour organiser leur divorce et jeter les bases de leur relation future. Mais les Européens s’inquiètent de l’état des discussions et des remises en cause constantes en interne de la stratégie de la Première ministre britannique, Theresa May.
Dans un récent « Livre Blanc » sur la relation future, Theresa May propose notamment une nouvelle « zone de libre-échange » qui reposerait sur un ensemble de règles communes concernant les biens et le secteur agro-alimentaire.
« Protéger le marché intérieur de l’UE »
« Ce Livre blanc, c’est le fruit d’un très intense débat interne au Royaume-Uni, qui était nécessaire », a estimé Barnier lors d’une conférence de presse, reconnaissant que « plusieurs éléments » ouvraient la voie « à une discussion constructive », à commencer par « la proposition d’un accord de libre-échange ».
Mais il s’est ensuite penché sur les trois interrogations posées par cette idée. En ce qui concerne le respect des lignes directrices des Européens, Barnier se demande si la proposition britannique respecte « l’intégrité du marché intérieur, de l’Union douanière et de notre politique commerciale commune ».
« Notre responsabilité, c’est bien de protéger le marché intérieur de l’UE » et « les consommateurs », « surtout dans la période actuelle », a-t-il insisté, à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires européennes de l’UE à Bruxelles.
Les conséquences pour les services douaniers
Sur un deuxième point, celui de savoir si les idées de Londres sont « opérationnelles », le négociateur de l’UE a souligné leur complexité, notamment dans le domaine douanier, le Royaume-Uni proposant d’appliquer deux tarifs pour les biens à la frontière selon qu’ils sont destinés à son marché ou à celui l’UE.
« Comment les services douaniers pourraient-ils vérifier la destination finale du bien ? N’y a-t-il pas un risque majeur de fraude ? », s’est-il interrogé, mettant aussi en garde contre « une bureaucratie additionnelle ».
« Comment l’Union pourrait déléguer l’application des règles douanières a un pays qui n’est plus membre de l’Union ? », a aussi lancé le négociateur. Enfin, il estimé que les propositions britanniques pourraient entraîner une « concurrence déloyale » au détriment des entreprises de l’UE.
Régler la question de la frontière irlandaise
Barnier a rappelé qu’avant même de débattre de la future relation, l’objectif premier de l’UE était de finaliser l’accord de retrait « ordonné » du Royaume-Uni, et notamment de régler la question de la frontière irlandaise, principal point d’achoppement des discussions.
« Ce n’est pas de davantage de temps dont nous avons besoin, c’est de choix, de décision, de clarté (…) et de certitude juridique », a-t-il répété, ajoutant que l’UE devait aussi se préparer à une absence d’accord.
Le Quotidien / AFP