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Le lac de la Haute-Sûre ne fait plus de publicité 


Lorsque le thermostat dépasse les 25 °C le week-end ou en période de vacances, une foule se rue sur les six plages du lac et cause de nombreux problèmes. (Photo : julien garroy)

Pour éviter la surfréquentation du lac de la Haute-Sûre, le parc naturel a décidé cette année de ne faire aucune communication autour des possibilités de baignade afin de ne pas attirer la foule.

Chaque été, la même chanson se joue autour du lac de la Haute-Sûre. En proie à des fortes chaleurs, des milliers de personnes se dirigent vers l’une des six plages qui bordent le lac. Jusqu’à l’excès parfois. Bien que les parkings soient pleins, nombreux sont ceux qui se garent de manière sauvage afin de venir occuper des plages déjà bondées. Ce qui engendre des problèmes de pollution laissée par les baigneurs, des nuisances sonores, des risques d’incendie causés par les barbecues et des problèmes d’accès pour les secours.

En 2023, le Naturpark Öewersauer (parc naturel de la Haute-Sûre) avait annoncé de nombreuses mesures afin d’éviter une surfréquentation : parkings avec barrière, plus de présence policière, plus de transports en commun, sensibilisation sur le comportement à adopter. Cette année, le parc a opté pour une autre stratégie, celle de rester silencieux. «Notre nouveau concept d’orientation des visiteurs prévoit que nous essayions de ne pas faire de publicité pour les activités autour du lac et les possibilités de baignade», confie Tom Schmit, le seul ranger du parc et du Grand-Duché. «On a toujours expliqué aux gens les diverses règles sur les plages, pour les chiens, les barbecues ou la pelouse via les médias, mais nous avons stoppé cela. Pourquoi? Parce que les jours de beau temps, nous sommes saturés avec la clientèle.»

«On se crée notre propre problème»

Cette discrétion est le fruit d’une réflexion entamée depuis la crise du covid et la fermeture des piscines. «Le lac était le seul endroit pour se baigner, il n’y avait pas d’alternatives.» Les visiteurs sont alors venus en nombre et, malgré les solutions de transports en commun, le trafic autour du lac était ingérable et source de conflits. «Les habitants autour du lac étaient de plus en plus énervés par le trafic. Les gens allaient dans les villages pour se garer et certains habitants ne pouvaient pas bouger leur voiture ou utiliser leur garage», explique le ranger. Depuis, la situation ne s’est pas améliorée. Alors, «on s’est posé la question : « Pourquoi on fait de la publicité autour du lac si on est déjà saturé?« . On se crée notre propre problème».

Afin d’éviter les conflits, le silence est donc de mise cette année. Pas ou peu de communication depuis l’ouverture de la baignade le 1er mai dernier. Il faut dire que depuis, la météo n’a pas attiré les foules autour du lac. Il s’agit là du facteur le plus important pour la fréquentation, couplé avec le facteur jour de week-end ou de vacances scolaires. «Si les températures sont de 25 °C ou plus ces jours-là, alors il y a trop de monde qui essaye de venir. Ces jours-là, je ne conseille à personne de venir, car ce n’est pas agréable à cause des gens et du trafic.» Originaire du coin, Tom Schmit est conscient qu’il ne s’agit pas là d’un problème nouveau. «Quand j’avais entre 13 et 20 ans, on voyait déjà bien qu’il n’y avait pas assez de place.»

Trop pour un seul ranger

Pas de publicité ne signifie pas pour autant pas d’accès aux plages. Le lac sera accessible et la saison estivale a tout de même été préparée comme il se doit par le personnel du parc. «On ne publie pas de nouvelles choses autour du lac, mais on a toujours des choses à préparer», fait savoir le ranger, évoquant notamment le réaménagement des aires de stationnement et la présence d’étudiants afin de guider les automobilistes sur les parkings. Le site internet visit-stausei.lu/stausei doit aussi permettre de désengorger le site lors des fortes chaleurs en proposant des estimations de fréquentation des plages et, «plus tard», des alternatives pour se rafraîchir sans devoir aller dans l’eau.

Tom Schmit, ranger du parc naturel de la Haute-Sûre, est seul pour gérer six plages, d’innombrables sentiers et des milliers de visiteurs lors des pics de fréquentation. Photo : alain rischard

À quelques jours des vacances scolaires, reste à voir si l’absence de communication va avoir un effet sur la fréquentation, le lac de la Haute-Sûre étant un lieu phare de la baignade de la Grande Région. Peut-être que des renforts pour épauler Tom Schmit seraient plus efficaces? L’intéressé reconnaît qu’«une personne, c’est clair que cela ne suffit pas». «Nous avons six plages et presque une infinité de promenades autour du lac. Et entre les plages, il y a des espaces appréciés par les gens pour se baigner et là, je dois aussi leur dire d’aller sur les plages, car là-bas il y a des toilettes, des poubelles, etc.» Autant dire qu’en cas de forte fréquentation (lire ci-contre), surveiller tout le monde est impossible. Pour autant, aucun recrutement n’est prévu à ce jour selon lui.

Une restriction de la baignade ou une fermeture des plages n’est pas non plus envisagée. «On ne peut pas fermer les plages mais les années précédentes, on a déjà fermé quelques villages autour du lac parce qu’il y avait simplement trop de voitures qui roulaient dans les villages pour trouver une place de parking.» Reste à voir si cette année l’été sera chaud sur et en dehors des plages malgré ce nouveau concept de communication.

La fréquentation : problématique mais floue

Comme le rappelle Tom Schmit lui-même, l’une des méthodes afin de lutter contre la surfréquentation était «la création du job de ranger afin d’être sur place pour informer les visiteurs, mais aussi pour recueillir des données que nous n’avions pas avant». Cependant, calculer la fréquentation est loin d’être évident. «Nous estimons que les visiteurs arrivent par trois ou quatre avec un seul véhicule. Il s’agit d’une estimation approximative de ma part, qui n’inclut pas les personnes qui se déplacent à pied, à vélo ou en transports publics.»

Lors d’un week-end très fréquenté l’an dernier, le ranger a relevé «environ 1 800 voitures sur les parkings à proximité des pelouses». Soit entre 5 400 et 7 200 visiteurs rien qu’en voiture. «C’est dur d’estimer, car on doit aussi diviser entre deux publics : ceux qui viennent se baigner et ceux qui viennent se promener», ajoute le ranger. «Et comment calculer la capacité d’une pelouse? C’est difficile de trouver une bonne réponse.» En 2022, lors du week-end surfréquenté des 18 et 19 juin qui avait nécessité l’intervention de la police, Tom Schmit avait estimé la fréquentation à 15 000 personnes dans une interview donnée au Wort. Bien loin de la capacité d’accueil des plages.

Un commentaire

  1. Il y a franchement un problème d éducation à l environnement dans l UE. Lorsque l on compare à la suisse où les habitants vivent en symbiose avec leur terre. Parce que les plages françaises, corses, italiennes ou espagnoles sont souillés, notamment, par les même porcs que ceux qui fréquentent 3 w ends par an le lac nordiste luxembourgeois. Et qui considèrent à tort les riverains comme des nazes de campagnards.