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[Communales] Le KPL privé de débats à la télé et la radio


(Photo : archives Le Quotidien)

Le Parti communiste luxembourgeois sera exclu des débats officiels organisés à la télé et à la radio dans le cadre des élections communales. Le président du parti dénonce une mesure « antidémocratique ».

Les règles fixant les conditions de participation aux débats audiovisuels officiels organisés en vue des élections communales ont changé cette année. Du coup, le KPL est exclu car il ne présente pas de listes de candidats complètes dans suffisamment de communes.
Ali Ruckert, le président du Parti communiste luxembourgeois, ne décolérait pas vendredi. La veille, un responsable du Service information et presse du gouvernement (SIP) l’avisait par téléphone que les représentants du KPL ne pourraient pas participer aux deux débats télévisés (sur RTL) et aux quatre débats radiophoniques (sur 100,7 et RTL), officiellement organisés dans le cadre des élections communales.

L’exclusion du KPL de ces messes médiatiques est justifiée par un changement du règlement par rapport aux scrutins communaux précédents. Explication : pour être admis à participer aux débats officiels entre candidats, un parti doit présenter des listes complètes dans des communes rassemblant au moins un quart de la population du pays, soit 147 000 habitants.

Or la liste présentée à Luxembourg par le KPL ne comporte que 19 candidats alors qu’il y a 27 postes d’élus à pourvoir. La liste communiste est par conséquent rejetée dans son ensemble pour le calcul du nombre d’habitants requis pour participer aux débats. En 2011 déjà, le KPL n’avait pas présenté de liste complète dans la capitale, mais le règlement était alors différent : « Le parti était crédité d’un nombre d’habitants au prorata du nombre de candidats présentés », rappelle Ali Ruckert.

Les pirates dans le même bateau?

Autrement dit, avec l’ancienne règle et ses 19 candidats, le Parti communiste aurait été crédité de quelque 82 000 habitants sur les 115 000 que compte Luxembourg. Si l’on y ajoute les 78 000 habitants des communes où le KPL présente des listes complètes, à savoir Esch-sur-Alzette, Differdange, Sanem et Rumelange, cela totaliserait plus de 150 000 personnes, davantage donc que le nombre minimal requis pour être invité aux débats.

La même mésaventure menaçait le Parti pirate, car la population cumulée des communes où il présente des listes complètes n’atteint pas tout à fait les 147 000 habitants requis, à quelques centaines de personnes près seulement. « Si un débat porte sur une commune, tous les candidats qui s’y présentent devraient pouvoir s’exprimer afin que les électeurs soient correctement informés », avance Sven Clement, le président des pirates. Mais comme tout est bien qui finit bien, du moins pour les pirates, ils devraient participer au débat enregistré ce samedi par RTL à Esch-sur-Alzette, commune où leur liste a failli être invalidée vendredi ( lire ci-dessous ). Pourtant, les pirates ne présentent que douze candidats sur dix-neuf possibles dans la Métropole du fer, contrairement au KPL qui y présente une liste complète. Allez comprendre!

Suivant sa logique et « au nom de la pluralité », Sven Clement se dit d’ailleurs tout à fait favorable à une participation des communistes au débat.

« Nous n’avons pas été prévenus et nous n’avons rien signé avec les autres partis sur les débats », dénonce pour sa part Ali Ruckert. « C’est d’autant plus antidémocratique que nous présentons des listes complètes à Esch-sur-Alzette et Differdange, deuxième et troisième communes du pays. » Pour le président du KPL, lui-même tête de liste à Differdange, « ça arrange les grands partis parce que sans nous, leur temps de parole est rallongé, mais aussi parce que nous portons une voix totalement différente des leurs ».

«Même le CSV n’avait pas fait ça»

Pour autant, Ali Ruckert ne serait pas opposé à un compromis : « Dans la mesure où notre liste n’est pas complète à Luxembourg, je pourrais très bien accepter le fait que le KPL ne participe qu’à un seul débat télévisé sur les deux prévus. » Une manière de proposer aux autres partis et au SIP de couper la poire en deux?

Quoi qu’il en soit, au SIP, Paula Almeida, en charge de la coordination des débats, s’étonne de l’étonnement du responsable communiste : « Les règles sont définies par consensus au cours de réunions avec les partis politiques. Nous établissons ensuite un document, un genre de mode d’emploi, que nous soumettons aux partis qui ont ensuite plusieurs semaines pour formuler des remarques, demander des modifications. Nous avons relancé les partis à plusieurs reprises et avons eu des retours qui ont entraîné des changements. Mais le KPL ne nous a fait parvenir aucune remarque, tant sur les débats que sur d’autres sujets. Le document, également soumis au ministère d’État, a donc été validé. Dans cette affaire, le SIP joue un simple rôle de coordinateur. »

Les choses prennent quand même l’allure d’une curieuse tambouille électorale si l’on considère la règle retenue pour les spots électoraux diffusés à la radio. Selon les formalités arrêtées pour ces communales, un parti présentant des listes complètes dans des communes totalisant ou dépassant le fameux seuil des 147 000 habitants obtient 8 minutes d’antennes gratuites sur 100,7 et RTL. Pour ceux dont les listes ne sont pas complètes, l’ancienne règle du prorata demeure. Ainsi, les 19 candidats présentés par le KPL dans la capitale entrent bien en ligne de compte dans le calcul du temps d’antenne gratuit auquel le parti a droit pour diffuser ses spots électoraux. Ce qui vaut pour les spots ne vaut donc pas pour les débats.

Le président du KPL, lui, n’en démord pas. Répétant que « le procédé est antidémocratique », Ali Ruckert affirme : « C’est le ministère d’État qui est responsable de cette décision. » Donc le chef du gouvernement, Xavier Bettel. Et l’élu communiste d’ajouter : « Même le CSV n’avait pas fait ça. »

Fabien Grasser