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Le Kolla, un festival unique et atypique


En trois jours, les festivaliers ont pu profiter d'une cinquantaine de concerts et animations. (photos editpress/Didier Sylvestre)

Pour la 7e édition du Kolla Festival, les festivaliers ont bravé la pluie ce week-end sur le site du Centre d’accueil nature et forêt Mirador, à Steinfort, afin de profiter pleinement de cette bulle utopique qu’est le «Kolla», plongeant le visiteur d’un jour ou le festivalier acharné dans un univers collaboratif, multidisciplinaire et respectueux de l’environnement, le tout très loin de l’hyperactivité du quotidien.

De vendredi à dimanche, le Kolla Festival a fait vibrer la petite commune de Steinfort, située à la frontière belge. Atypique et unique au Luxembourg, ce festival respectueux de l’environnement ayant pour thème la collaboration au sens large est une sorte de retour au cœur des plus belles années hippies avec un soupçon de modernité.

Au Kolla Festival, tout est bon pour la récupération, comme ce vieux wagon qui sert de scène.

Au Kolla Festival, tout est bon pour la récupération, comme ce vieux wagon qui sert de scène.

Dès les premiers mètres, le site interpelle. Chemin de fer désaffecté et maison en ruine en contrebas, van Volkswagen rouge et blanc, les portes du festival sont grandes ouvertes et donnent sur une allée étroite. Sur celle-ci, on retrouve, comme lors des éditions précédentes, des stands et des ateliers d’organisations bien connues comme Greenpeace ou encore des artistes qu’il ne faut pas hésiter à rencontrer pour échanger. Du côté de l’architecture et de la décoration, les stands sont créatifs, tout comme certaines scènes qui n’hésitent pas à utiliser les rails désaffectés et un vieux wagon.

Un Woodstock luxembourgeois

Ensuite vient le marché, avec des food trucks et des échoppes servant de quoi reprendre des forces entre deux concerts ou animations. Le décor du festival utilise la récup et la bricole, mais aussi ce qui existe déjà sur le site : les murs sont remplis de graffitis et de dessins, les stands se chevauchent, tout comme les zones de détente avec des bancs, des tables, des fauteuils, des canapés, etc. Plus qu’un simple festival, c’est un véritable petit village qui a pris forme sur le site du Centre d’accueil nature et forêt Mirador.

La musique a retenti jusqu'à une heure du matin.

La musique a retenti jusqu’à une heure du matin.

Il y en avait pour tous les goûts ce week-end au Kolla Festival.

Il y en avait pour tous les goûts ce week-end au Kolla Festival.

Au niveau de la musique, il y en a pour tous les goûts. De la musique expérimentale au piano en passant par quelques sets au tam-tam et à la guitare. Et plus l’on s’approche de la soirée, plus le rythme s’accélère. «Cette année, la commune, qui nous aide beaucoup, a donné l’autorisation de faire jouer les artistes jusqu’à une heure du matin, soit une heure de plus que l’année dernière», souligne Aurélie, membre de l’équipe organisatrice du festival.

Cette année encore, le Kolla Festival a ramené du monde. Il faut dire qu’en sept éditions le festival a trouvé son public et a ses habitués. «Cela fait quatre ans que je viens et, à chaque fois, c’est toujours un week-end de folie où l’on s’amuse, on rigole, on danse, on boit et on refait le monde», explique un jeune festivalier qui se dirige vers la scène principale malgré une fine pluie.

«On estime être autour de 1 400 festivaliers. C’est deux fois moins que l’année dernière, mais il faut dire que nous n’avons pas eu la chance d’avoir le même temps», souligne Aurélie. Pour autant, la pluie n’a pas gâché la fête, au contraire. «Personne n’a tiré la tête ou fait la grimace à cause de la pluie. C’est même le contraire, elle n’a pas apporté le froid et les gens ont dansé sous la pluie, pataugé dans la boue en rigolant», poursuit Aurélie. Au final, la pluie a donc apporté un élément jovial pour s’amuser dans ce festival atypique et unique au Grand-Duché. Visuellement, la pluie apporte également un cachet particulier au lieu et renforce son côté vintage en lui donnant même des airs de Woodstock luxembourgeois, dans une tout autre mesure.

Laboratoire artistique

Outre l’aspect musical, le Kolla Festival est surtout un lieu où l’on réfléchit à l’art et à vivre autrement. Le but du festival, organisé par l’association sans but lucratif Kolla, est d’apporter une alternative au paysage festivalier luxembourgeois en créant un festival à but non lucratif qui promeut le recyclage, le do-it-yourself, la consommation locale, le partage et la cohésion sociale. D’ailleurs, cela commence par le bracelet du festival (remis à l’entrée) qui est fabriqué à base de plastique recyclable.

Entre les concerts, il faut savoir faire une pause pour manger et reprendre des forces.

Entre les concerts, il faut savoir faire une pause pour manger et reprendre des forces.

En plus du festival de trois jours, l’association Kolla organise pendant deux semaines au même endroit une résidence artistique nommée «Antropical». Concrètement, 16 artistes habitent le site pendant deux semaines pour y cultiver sous toutes leurs formes la culture et l’art dans ce laboratoire artistique atypique qu’est le Kolla.

Cela donne également une proposition artistique très large allant de l’exposition artistique à la projection de courts métrages en passant par des animations diverses, des divertissements, des ateliers et un marché présentant différents projets, associations et artisans qui illustrent le concept du Kolla : «Comment, en changeant de petites choses au quotidien, nous pouvons tous ensemble prendre la direction d’un monde plus respectueux de l’environnement». «Notre but n’est pas d’attirer un maximum de personnes chaque année et atteindre la perfection. Nous voulons réunir des gens imparfaits qui essayent de faire autrement», explique Aurélie.

Enfin, comme dans tout festival qui se respecte, un espace camping est également compris dans le prix. «La tente est la meilleure option. Il vaut mieux la prévoir quand on ne sait pas vraiment dans quel état on va sortir du festival. Et même si l’on n’a pas beaucoup de route à faire, camper sur place est bien plus amusant que de faire le mariole sur la route», explique un festivalier en train de replier sa tente.

À noter que l’association Kolla est principalement gérée par un noyau de six personnes, en majorité des femmes, et que le festival est organisé chaque année grâce à l’aide d’une quarantaine de volontaires.

Jeremy Zabatta