Jamel Debbouze et sa troupe du Jamel Comedy Club ont su faire rire aux éclats la salle de la Rockhal, mercredi soir. Nous y étions.
Avant d’entrer dans la salle qui affiche complet, Grégory (58 ans) patiente dans le hall de la Rockhal. «Je ne connais pas les humoristes à l’affiche», confie-t-il, «mais je suis déjà allé au Jamel Comedy Club à Paris».
Depuis mercredi, il n’est pas le seul : ceux qui s’étaient jusqu’alors contentés de regarder Jamel Debbouze et sa pépinière d’humoristes sur Canal+, peuvent, sans trop mentir, se targuer d’avoir fait le déplacement jusqu’à la capitale française.
À peine le rideau levé sur la scène d’Esch-Belval, tous ont été transportés boulevard Bonne-Nouvelle, où entre un glacier et un kebab, se trouve le mythique Jamel Comedy Club. «Si vous n’êtes jamais venus au Comedy Club, c’est le Comedy Club qui vient à vous!», lance un Jamel Debbouze bondissant et rayonnant devant le public qui s’est levé à son entrée et l’applaudit à tout rompre.
Une forte complicité
«On a galéré, on s’est perdus dans la vallée de la Fensch, poursuit Jamel Debbouze, mais on voulait absolument venir et on est là!». Ce «on» désignant à la fois le roi du stand-up français, mais aussi sa troupe. À grand renfort d’iconiques «are you ready?», auxquels la salle d’une seule voix répond «everybody», il fait monter sur scène, l’un après l’autre, chacun des six «stand-uppeurs» qui l’accompagnent dans cette tournée 2025.
La complicité entre les spectateurs et Jamel Debbouze est forte. «Je le trouve formidable, sa tête me fait marrer, je l’adore», s’enthousiasme Elsa (62 ans), dont le rêve est d’assister au Marrakech du rire, le festival international d’humour créé en 2011 par le Franco-Marocain.
Sans surprise, les vannes fusent et le premier rang fait les frais de cet humour bon enfant – Joël, se souviendra longtemps d’avoir été embrassé sur la joue par l’espiègle Jamel, assis sur ses genoux, pour le «décrisper».
Vive le duc !
Les particularités du pays font aussi l’objet de plaisanteries. Quand il débarque dans une ville, l’humoriste visite d’abord les quartiers riches, mais «là j’ai fini par faire tout le Luxembourg !», lâche-t-il.
«J’ai pris le tramway, tu payes pas (…), les contrôleurs te contrôlent (en disant) « j’espère que vous n’avez pas de billet »», se marre l’humoriste de 49 ans devant le public hilare, se faisant un plaisir de distiller des propos incongrus : «Vive le duc ! Vous avez un duc, sa mère, si j’avais un duc, moi je marcherais tout nu !». Ses paroles décalées associées à sa gestuelle vive et son air malicieux font mouche.
Les autres humoristes ne sont pas en reste. Doully, qui de sa voix éraillée tient des propos salaces, et Ilyes Djadel chipant les lunettes d’une spectatrice, sont les «préférés» d’Aurélie (31 ans). Elle était venue surtout pour voir Jamel Debbouze, mais a été conquise par ces deux-là dont «l’humour lui parle le plus».
Sur scène, Ray Mendes décrit l’amour qu’il voue cécifoot, puis la régionale de l’étape, Marine Leonardi, rigole d’avoir gagné «400 000 followers en un an en parlant de (s)on mari». Eux aussi ont leurs aficionados.
Pas en reste, Redouanne Harjane, doué pour manier l’humour noir et décalé, succède à Julien Santini, «l’Italien un peu barjo, un peu pédo», comme le qualifie en rigolant Christopher (38 ans), ravi de l’avoir découvert. Politique, féminisme, allusions sexuelles… les thèmes abordés sont vastes. La salle est attentive, parfois trop. «Vous comprenez ce que je vous dis ?», interroge Ilyes Djadel, quand les spectateurs manquent un peu de réactivité.
«C’est la boulette à maman»
S’il y en a un qui a bien tout compris, c’est Paul (26 ans). Il ressort de la salle avec un sourire jusqu’aux oreilles : «Leur univers est génial, ils sont tous un peu fous, on a l’impression d’être plus dans un hôpital psychiatrique… J’avais les larmes aux yeux, mal aux côtes. Pendant deux heures et demie, on ne fait que rigoler, c’est génial. Chacun nous embarque dans un truc très différent», dit-il sous les yeux de ses parents qui l’ont élevé avec l’humour des Nuls, de Gottlieb ou Kaamelott.
«Et puis on a eu une fin hilarante», reprend-il en évoquant la surprise promise par Jamel Debbouze : le Jamel Comedy Club est devenu l’espace d’un instant le Jamel Comédie française. Histoire de faire taire les critiques sur les réseaux fustigeant le langage peu châtié de la troupe de ce spectacle déconseillé aux moins de 16 ans.
«Oui, c’est la boulette à maman», s’esclaffe Sarah, 42 ans, venue avec ses enfants de 12 et 10 ans. «Et en plus, il y a école demain.» Gageons qu’après une courte nuit, ses deux fils auront bien retenu deux ou trois blagues pour amuser la cour de récréation aujourd’hui.