Camille est convaincu que sa voisine lui veut du mal et la harcèle en retour. Le quinquagénaire souffre d’un trouble mental qui peut peut-être altérer sa perception de la réalité.
«Votre voisine a peur de vous, elle n’en peut plus.» «Moi non plus, je n’en peux plus. Je suis dans un mauvais état. Il m’est arrivé de pleurer pendant 40 heures d’affilée», se plaint Camille, 57 ans, à la présidente de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. L’homme est accusé de harcèlement obsessionnel sur sa voisine de palier. Il a déjà été condamné pour le même type de faits par le passé, mais convaincu de seulement se défendre, il n’a pas cessé ses agissements.
Les relations de voisinage peuvent parfois demander pas mal de patience, de diplomatie et de doigté. Tout ce dont Camille semble dépourvu au vu des faits qui lui sont reprochés. Le 24 janvier 2024, il aurait cassé un pot de fleurs et une couronne de fleurs appartenant à sa voisine. Jusqu’au mois de septembre ensuite, il aurait régulièrement sonné à sa porte de manière intempestive ainsi que crié et confondu le paillasson avec un cendrier. Le quinquagénaire est persuadé d’agir en représailles du harcèlement de sa voisine et de son compagnon.
«Depuis 2018, quand elle l’a rencontré, ils ont commencé à me harceler», témoigne le prévenu. «Son compagnon a appris à crocheter des serrures en prison. Ils sont entrés chez moi à plusieurs reprises et ont vidé mon frigo.» Quelques bières, de la sauce tomate et du Kachkéis. «Quand j’en ai parlé au café, on s’est moqué de moi. On m’a dit que j’avais trop bu ou trop pris de drogues et que je ne me souviens plus les avoir consommés moi-même», regrette Camille qui prétend que ses voisins veulent l’envoyer en prison. Il les aurait entendus en parler.
«Des CD ont disparu aussi», ajoute-t-il. La présidente lui rappelle qu’il n’a aucune preuve de ce qu’il avance. Difficile dans ce cas de déterminer qui est victime de qui.
Expertise psychiatrique
Camille paraît désolé. Il s’exprime comme un enfant à qui on a répété d’être sage. Avec sérieux, il raconte son quotidien sous tutelle, son traitement pour calmer ses angoisses, ses problèmes relationnels et digresse vers l’absurde. La présidente doit gentiment le remettre sur les rails.
«Mon client a des problèmes d’alcool, de drogue et psychologiques depuis de nombreuses années. En cas de stress, il peut agir sans mesurer les conséquences de ses actes et il a des crises de paranoïa», résume son avocat qui ne sait pas exactement de quel trouble mental son client est atteint. Une chose est certaine pour lui, Camille n’a pas sa place en prison. «La prison fonctionne pour les personnes normales. Mon client n’est pas une personne normale.»
Le parquet venait de requérir une peine de 12 mois de prison et une amende appropriée à l’encontre de Camille, qui n’a plus droit au sursis étant donné qu’il a déjà été condamné à deux reprises, dont une fois pour coups et blessures à l’encontre de sa voisine. «Elle m’avait attrapé par le cou», répond le prévenu qui continue de se plaindre d’être la victime de sa voisine et de ne pas être en mesure de déménager étant donné sa situation personnelle qu’il explique sans gêne.
Depuis les faits, il prendrait des calmants plus forts et essayerait de ne plus s’emporter. «Ce n’est pas vrai que je sonnais pendant des heures à la porte», insiste-t-il. Son avocat a demandé la réalisation d’un examen par un expert psychiatre. «Nous ne savons pas dans quel état mon client se trouvait quand il a commis les faits. S’il était en pleine possession de ses moyens ou si son discernement était altéré.»
Le prononcé est fixé au 15 janvier.