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Le Grand-Château d’Ansembourg, le «petit Versailles» luxembourgeois


Le Grand-Château d’Ansembourg a été érigé au cours du XVIIe siècle.

À l’occasion de la 33e édition de la fête du Grand-Château, nous avons visité les jardins d’exception de ce patrimoine préservé.

Les averses de pluie mouillent intensément la façade ocre du Grand-Château d’Ansembourg. Là, au-dessus des animations et stands de la fête annuelle du Grand-Château se hisse une immense bâtisse datant du XVIIe siècle. Celui que l’on surnomme le «nouveau château» fut érigé par Thomas Bidart, un métallurgiste originaire de Dinant en Belgique.

Celui-ci arrive dans la région au début du XVIIe siècle. En 1624, il commence par exploiter une fonderie dans les environs de Septfontaines. À Ansembourg, il y fait installer une forge près de la rivière d’Eisch et du château médiéval, alors habité par un seigneur descendant de la famille de Raville. Cette forge, qui existe toujours aujourd’hui, produit et fabrique à l’époque des outils pour l’agriculture et des armes qui seront utilisées à la fin de la guerre de Trente Ans.

«Le métal arrivait jusqu’ici par bateau. Les autres marchandises étaient acheminées par la route et passaient par des ponts en bois. En 1696, on a décidé de construire, dans ce lieu, le premier pont en pierre du Luxembourg », explique Christophe Déage, président de LH Europe-Grand-Château d’Ansembourg.

Grâce à son industrie, Thomas Bidart, devient un personnage éminent de la région. Progressivement, il rachète les terres du seigneur qui occupe toujours le château médiéval. «Il n’était plus enclin avec le monde l’époque et était même endetté. C’est donc le maître de forge qui a pris sa place et est monté dans l’échelle nobiliaire. Il devient ainsi baron puis comte du Saint-Empire en 1750.»

Entre 1639 et 1647, fort de la richesse de son industrie, il fait construire sa demeure qui deviendra la partie centrale du Grand-Château d’Ansembourg.

Le «nouveau château» a été construit par un métallurgiste originaire de Belgique.

«Une vraie intention de création»

Un siècle un plus tard, au XVIIe siècle, le château devient un haut-lieu de la botanique. À l’époque, un comte érudit et passionné par les plantes et fleurs décide de faire construire en contrebas du domaine des jardins sur près de trois hectares.

Arbustes taillés à la perfection, statues représentant le retour de l’âge d’or, le comte fait de ses jardins, un «petit Versailles», «c’était un grand passionné, il faisait venir de partout des fleurs très onéreuses. Comme à Versailles, il y avait une vraie intention de création», raconte Christophe Déage.

Dans ces allées boisées aux allures romantiques, se trouvaient à l’époque, des orangers. «Pendant la bonne époque, on mettait ces plantes entre les statues, car les fleurs et les fruits symbolisaient la prospérité éternelle.» Aujourd’hui, ces jardins ont gardé leur charme d’antan et ont été restaurés, après avoir été délaissés durant plusieurs années.

Après le XVIIIe siècle, de nouvelles technologies commencent à se développer. La forge est alors de moins en moins active et les propriétaires du château d’Ansembourg se tournent vers d’autres activités comme la sidérurgie. Au XIXe siècle, le château devient un lieu social fréquenté pour des parties de chasse. Des écuries très luxueuses sont également créées.

Les jardins du château datent du XVIIIe siècle.

Recréer un jardin de roses d’exception

Aujourd’hui, ce domaine n’appartient plus aux descendants des comtes d’Ansembourg mais depuis 1987 à un philanthrope japonais. À l’initiative de ce dernier, de nombreux chantiers de restauration ont été entrepris à l’intérieur et à l’extérieur du château.

D’autres projets ont vu également le jour, comme le potager du château. Aménagé il y a plus de 30 ans, ce jardin est cultivé uniquement par horticulture naturelle. «L’idée est d’avoir une certaine attitude avec la nature, s’il y a par exemple une mauvaise herbe, c’est de comprendre pourquoi elle pousse là», indique Christophe Déage.

Un peu plus haut, un autre projet se développe depuis 2015 : un jardin de roses. Ici, plusieurs variétés d’exception se mêlent et certaines ont même pris le nom des membres de la famille grand-ducale. «Il faut savoir que jusqu’en 1914, le Luxembourg était l’un des plus grands producteurs de roses au monde. Il exportait partout dans les grandes cours européennes, à la Maison-Blanche, au Japon, en Russie. C’étaient de très belles roses qui gagnaient beaucoup de concours.»

Mais la Grande Guerre a changé les choses. «Après 1914, cette activité a cessé. L’un des plus grands clients était la France, mais la proximité du Grand-Duché avec l’Allemagne n’a pas permis la continuité de ce marché qui s’est écroulé.»

Avec ce nouveau jardin, les bénévoles du château d’Ansembourg souhaiteraient, ainsi, relancer cette activité phare disparue.

Les jardins sont très similaires à ceux du château de Versailles.

 

Une 33e édition sous la pluie

Comme chaque année, la traditionnelle fête du Grand-Château d’Ansembourg a célébré hier sa 33e édition. Malgré le temps pluvieux, le public a répondu présent. À l’heure d’ouverture, la foule s’activait déjà dans les allées du chapiteau où étaient installés quelques exposants venus d’Europe mais aussi du monde entier. «Nous avons des personnes qui viennent uniquement pour cet évènement. Nous avons par exemple des Antillais qui sont venus de leurs îles pour faire découvrir leurs produits locaux. C’est vraiment une spécificité ici», explique Christophe Déage.

Entre 2 000 et 3 000 personnes fréquentent chaque année la fête du Grand-Château d’Ausembourg. Pour cette 33e édition, les bénéfices des entrées sont reversées en partie à la fondation Cœur Vert Luxembourg qui soutient le projet de la «Grande muraille verte». Une initiative menée en Afrique qui a pour but objectif de reboiser certains pays et limiter l’impact du réchauffement climatique.