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Le gérant d’un restaurant de Rodange accusé de traite des êtres humains


La note risque d’être salée pour le couple de restaurateurs si les accusations de leurs employés s’avèrent véridiques.

Au restaurant de Raju, les clients n’étaient pas les seuls à déguster. Son ancien personnel a dénoncé des mauvais traitements quotidiens et des conditions de vie et de travail inhumaines.

Pendant que les clients dégustaient les spécialités indiennes, tibétaines et népalaises d’un restaurant de Rodange, en cuisine, les employés vivaient un cauchemar. Raju, l’ancien gérant, et Rekha, son épouse, sont accusés de traite des êtres humains et de coups et blessures sur leur personnel. Les six employés ont subi leurs mauvais traitements ainsi que «des conditions de travail et de vie inhumaines» entre 2013 et 2021. Les victimes présumées seront entendues ce mercredi après-midi.

Le couple de trentenaires aurait profité des situations précaires dans lesquelles elles se trouvaient. Il n’aurait notamment pas respecté le droit du travail en les sous-payant, malgré les nombreuses heures supplémentaires prestées. À cela s’ajoutent les coups ainsi que les insultes. Les époux, originaires du Népal et d’Inde, nient les accusations et crient au complot : leurs employés auraient voulu leur nuire en les obligeant à fermer le restaurant.

Un médecin légiste a pourtant confirmé les actes de maltraitance et les séquelles physiques en résultant pour les six victimes présumées. Les blessures sont plus ou moins graves et handicapantes, allant de brûlures au nez à des pavillons d’oreille cassés. Quand il n’utilisait pas ses poings et ses pieds, Raju aurait pris tout ce qui lui passait sous la main en cuisine pour battre ses salariés : broches à tandoori, louches dégoulinantes de sauce brûlante, casseroles brûlantes et autres ustensiles de cuisine en métal… Il serait également arrivé au gérant de placer les bras de ses employés dans des fours en marche.

Une douche par semaine

Les cinq hommes et une femme ont été placés dans un programme de protection des témoins après que trois d’entre eux ont porté plainte auprès de la police en juillet 2021. «Les actes de maltraitance étaient quotidiens. Raju les forçait parfois à se violenter l’un l’autre», rapporte un enquêteur qui a résumé les récits confiés par les victimes présumées.

L’ancien gérant recrutait son personnel au Népal, d’où il était originaire. Il les logeait au-dessus du restaurant dans des chambres insalubres et les aurait forcés à travailler jusqu’à 19 heures par jour, sept jours sur sept, sans jour de repos. Quand ils n’étaient pas occupés au restaurant, ils auraient, selon leurs témoignages, été forcés de distribuer des publicités, faire le ménage au restaurant ou au domicile privé de Raju, nettoyer ses voitures, lui masser les jambes avec de l’huile après le service ou s’occuper de ses enfants.

«L’un d’entre eux raconte que Raju lui avait promis des conditions de travail de 8 heures par jour avec un jour de congé par semaine ainsi qu’un salaire équivalent à celui qu’il gagnait au Qatar», explique le policier. Cela n’aurait jamais été le cas. Pour ne pas éveiller les soupçons de l’Inspection du travail et des mines, Raju avait réglé la situation de ses employés. Il prétendait leur verser un salaire correct, mais les obligeait à lui reverser une grande partie en argent liquide sous peine d’être battus.

Tout était prétexte aux brimades. Les victimes présumées ont prétendu ne pas avoir osé se servir du chauffage, d’internet ou du téléphone ou encore, n’ayant droit qu’à une douche par semaine, avoir dû se laver dans le jardin avec une bassine. Les employés étaient, selon leurs dires, privés de tout. Ils tenaient bon et se muraient dans le silence de peur de perdre leur emploi et permis de séjour, poursuit le policier. Blessés par leur patron, ils auraient été obligés de continuer à travailler sans consulter de médecin. Ils auraient mangé les restes du restaurant ou des soupes confectionnées avec des restes de légumes, auraient dû demander la permission pour boire pendant le service et n’auraient pas pu se rendre aux toilettes.

Raju aurait fait régner la peur dans son restaurant. Imprévisible, il se serait également emporté sans raison. Les témoignages des employés, comme l’a fait remarquer le président de la 12chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg en début d’audience, sont presque tous identiques et ne laissent que peu de doute sur leur véracité. Les six victimes présumées auraient été des hommes et femme à tout faire bon marché.

Le restaurant existe toujours, mais il a été repris par une toute nouvelle équipe. Raju s’est, quant à lui, lancé dans d’autres activités professionnelles.

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