Une amicale de passionnés s’active au quotidien pour rappeler aux visiteurs toute l’importance du Fort de Guentrange au fil des ans. C’est que de l’Annexion de 1870 à la Guerre froide, l’ouvrage a eu de multiples vies.
Pour les amateurs d’histoire, Thionville est un point de chute rêvé. Ici, c’est la Tour aux Puces qui vient rappeler la vie au XIe siècle. Plus loin, le Beffroi évoque la puissance de la cité au XIVe siècle. À quelques pas, près des rives de Moselle, l’imposante église Saint-Maximin reste une trace des bâtisseurs du XVIIIe. Contempler certaines façades suffit à se rendre compte de l’empreinte laissée par des années d’annexion allemande sur l’architecture locale. Pour le XXIe siècle, il y a cette nouvelle médiathèque ultramoderne, Puzzle, posée Place de la Liberté.
Mais en quittant le centre-ville pour monter sur les hauteurs de la ville, c’est un autre «monument» du patrimoine local qui mérite votre visite. Le long d’un chemin, au cœur des bois, le Fort de Guentrange défie le temps. Comme jadis, il a défié l’ennemi en tenant son rôle de protecteur de la ville.
Aujourd’hui, plus de bruits de bottes dans les longs couloirs souterrains de cette fortification. Les derniers militaires ont quitté les lieux en 1971. C’étaient les hommes du 25e Régiment d’Artillerie qui utilisaient les salles de l’ouvrage pour stocker des munitions. Mais en tendant l’oreille (ou en suivant les explications du guide), on entend encore les échos des troupes qui se sont succédé ici. À commencer par les soldats de l’Armée allemande. Nous sommes en 1905, et l’ouvrage naît en pleine Annexion de l’Alsace-Moselle. Comme d’autres ouvrages à Metz, Illange ou Kœnigsmacker, le Fort de Guentrange se veut un rempart face à toute tentative d’attaque française. Mais Thionville, et surtout sa gare, mérite d’être défendue pour qui veut assurer le transport de troupes ou de marchandises dans la région.
Un siècle de vie
Avec les différentes expositions à découvrir dans les salles du fort, on suivra les retournements historiques vécus par le site militaire. Redevenu français en 1918, intégré à la Ligne Maginot en 1930, repris par les Allemands en 1940, libéré par les troupes US en 1944 avant d’être à nouveau confié à l’Armée française : voilà l’histoire résumée! Rien d’ennuyeux quand c’est un des membres de l’Amicale du Groupe fortifié de Guentrange qui vous la raconte. Car voilà des bénévoles incollables sur les dates qui ont marqué le siècle de fonctionnement du fort. Mieux encore, chacun selon ses talents a participé à la restauration de la construction.
C’est donc grâce à eux qu’aujourd’hui, de galeries en couloirs, on peut découvrir la boulangerie et ses fours impressionnants, les chambrées, la centrale électrique (toujours en état de marche !) ou encore comprendre comment les troupes pouvaient vivre en autonomie avec leurs stocks de nourriture et leurs réservoirs d’eau et de gasoil.
Le visiteur aura même droit à un détour par une tourelle d’artillerie formidablement bien restaurée. Et une fois revenu à «l’air libre», respirez. Un écrin vert de 345 hectares de bois entoure le fort et offre une vue formidable sur Thionville, la Vallée de la Moselle, les communes alentours. Par temps clair, on aperçoit même le Luxembourg à l’horizon!
Le Quotidien