«Le foot luxembourgeois doit devenir professionnel»

Analystes football tout au long de la saison pour Le Quotidien, Guy Hellers et Sébastien Grandjean évoquent sans détour l’année 2019. Dont l’immense défi de la professionnalisation… extraits.

Guy Hellers :  Pour moi, il faut un championnat de huit équipes. Et fonctionner comme chez les jeunes. Avec un premier championnat de septembre à décembre, puis un deuxième de février à mai. Avec une finale entre les deux vainqueurs, voire une petite finale pour l’Europe vu que l’on remarque les fortes assistances chez nous pour les rencontres de barrages en fin de saison.

Sébastien Grandjean : Ou des play-offs. Mais je suis d’accord avec Guy : il faut réduire. À huit ou à dix. Cela va augmenter la qualité, les rivalités aussi. Et les moyens seront répartis sur 8 et plus sur 14.

Guy Hellers : À mes yeux, c’est le moment. Avec tous les excellents joueurs que Becca et Marochi ont amenés chez nous, sans oublier Gérard Lopez jusqu’il y a peu de temps au Fola, tu as le matériel pour construire une bonne ligue luxembourgeoise. Si tu les regroupes.

Je n’ai rien contre un club comme Canach mais quand tu te retrouves à jouer là-bas en plein mois de novembre

Sébastien Grandjean : Il y a ça, mais aussi l’amélioration des infrastructures. Le fait d’être à huit peut améliorer ça. Je n’ai rien contre un club comme Canach mais quand tu te retrouves à jouer là-bas en plein mois de novembre, sans tribune, cela baisse la qualité. Une équipe ne devrait pas évoluer en BGL Ligue si elle n’a pas le terrain adéquat, l’éclairage, les infrastructures…
(…)  Je pense qu’avec Guy, on est aussi d’accord sur autre chose : il faut qu’une telle réduction amène une ligue professionnelle au Luxembourg. Le foot luxembourgeois doit devenir professionnel! Je ne dis pas que ce serait bien. Non, il DOIT! Il a déjà un siècle de retard par rapport aux pays limitrophes. Il faut essayer de les gommer. On ne va quand même pas venir me dire que le Luxembourg n’a pas les moyens de mettre en place un championnat pro? C’est quand même l’un des pays les plus riches du monde. Et une ligue pro ne veut pas dire qu’il faut des salaires à un million d’euros. Quand tu gagnes 3 000 euros par mois avec des charges sociales, tu es pro. En Belgique, s’il y en a qui touchent 100 000, d’autres émergent à 1 000 euros. Soyons clairs. Après, on va me dire qu’il n’y a pas assez de spectateurs, mais s’il n’y a plus que huit équipes, le nombre par stade va augmenter. Tout comme la qualité de ce qui sera proposé sur la pelouse.

Guy Hellers : Quand tu veux avoir une ligue pro, tu dois partir d’un concept, d’un projet. Qui doit être porté et présenté chez tes sponsors.

Sébastien Grandjean : Et à l’État, et aux ministères… Pourquoi le Calcio redevient attractif footballistiquement parlant ? Pourquoi Ronaldo va à la Juventus ? Peut-être un peu parce qu’il aime bien ce club. Mais surtout parce que, fiscalement, l’Italie redevient attractive. Il ne faut pas l’oublier. Le Luxembourg n’a de leçon à recevoir de personne en termes d’organisation économique. Il est au top niveau mondial. Il suffit de jeter un œil à la Cloche d’or ou au Kirchberg pour s’en persuader. Le monde entier est ici! Et à côté de ça, on a un foot qui avance tout doucement, sans être professionnel. Qui est tout simplement d’un autre temps ! C’est assez aberrant !

Julien Carette

Avenir du F91 et du Swift, saison 2018/2019, équipe nationale, révélations de Danel Sinani et d’Olivier Thill, Flavio Becca… Retrouvez l’analyse des deux spécialistes dans notre édition du week-end, sur double-page.