Pascale Toussing et son adjoint, Luc Schmit, n’ont pas fait le bonheur des agents de l’administration des Contributions directes. Ni celui des interlocuteurs externes.
L’annonce se noie au milieu des 334 offres d’emploi proposées sur le site GovJobs, réservé aux services de l’État. Le poste en question concerne l’administration des Contributions directes (ACD) et c’est son futur directeur qui est recherché. L’actuelle occupante de cette haute fonction, Pascale Toussing, est visiblement sur la sellette, comme le relate le magazine en ligne Reporter, qui a mis le doigt sur l’offre d’emploi.
Les dossiers de candidature sont à envoyer jusqu’au 24 novembre et c’est l’ensemble des agents de l’ACD qui retient son souffle en espérant que la prochaine pointure sera à même de mener la réforme de l’administration fiscale, réputée obsolète. Les problèmes récurrents de l’ACD ont fait débat à la Chambre des députés, à commencer par son manque de personnel et son informatique désuète, même si les parlementaires sont restés plus discrets sur son management très discutable.
Il a fallu attendre la présentation d’une analyse externe en commission des Finances et du Budget (Cofibu) et le procès-verbal qui a suivi le 31 mars dernier pour mesurer le malaise qui règne dans cette administration qui emploie un millier de personnes et est responsable de la collecte d’environ la moitié des recettes de l’État.
C’est Pierre Gramegna, alors ministre des Finances et commanditaire de cette analyse, qui avait décidé de la confier à un consultant étranger «pour des motifs d’objectivité et pour éviter tout conflit d’intérêts», comme l’avait rappelé Yuriko Backes devant les membres de la Cofibu. La société de conseil allemande Boston Consulting Group (BCG) avait été retenue. Pierre Gramegna voulait avoir officiellement un rapport complet sur la modernisation et la digitalisation de l’ACD. Officieusement, il voulait démontrer que Pascale Toussing, qu’il avait lui-même nommée à ce poste, ne faisait pas l’affaire.
Ce ne sont pas tant ses compétences que ses méthodes très contestées de manager qui ont dérangé, non seulement les interlocuteurs externes, mais également ses agents, dont beaucoup ont préféré partir, incapables de tenir le rythme et se plaignant d’une surcharge de travail.
«En raison du niveau de frustration élevé du personnel de l’ACD et vu qu’il importe à la direction de l’ACD d’améliorer l’environnement de travail et la santé du personnel, l’ACD s’est assurée du soutien du service psychosocial tout au long de la transformation de l’organisation», est-il mentionné dans le procès-verbal de la Cofibu.
Un représentant de BCG a expliqué aux députés que le sondage mené auprès du personnel a montré que la mauvaise ambiance de travail est le résultat de facteurs multiples, dont la surcharge de travail, la gestion hétéroclite des services de l’ACD, le manque d’optimisation et de digitalisation des processus.
En coulisse, il se dit surtout que Pascale Toussing et son adjoint, Luc Schmit, ont totalement méprisé le personnel, en même temps qu’ils montaient cette administration en véritable forteresse pour les contribuables. Ces derniers attendent toujours que soit opérationnel le contact center, qui ne serait pas un luxe.
Avoir un contact aisé
Le député CSV Laurent Mosar avait fait allusion à deux décisions des juridictions administratives dans lesquelles est critiquée la manière de procéder de l’ACD, et surtout de sa direction. La directrice, de son côté, se déclarait choquée par la formulation employée par le juge dans sa décision, selon laquelle la directrice de l’ACD aurait refusé de faire son travail.
Laurent Mosar s’était montré insistant sur la question du relationnel : «Tout contribuable posant des questions ou réclamant auprès de l’ACD devrait avoir le droit à une réponse de la part de cette dernière, et ce, dans un délai raisonnable.»
Environ 150 affaires contentieuses ont été portées devant le Tribunal administratif en 2022 alors que l’ACD reçoit quelque 1 700 réclamations par an. Il y a environ 8 700 dossiers contentieux ouverts auprès du fisc.
Dans l’annonce parue sur GovJobs, il est précisé que le futur directeur ou future directrice doit disposer des compétences managériales adéquates, avoir des aptitudes relationnelles et une aisance à diriger et à intégrer une équipe de collaborateurs, avoir un contact aisé avec les contribuables et leurs représentants et encore disposer d’une capacité d’écoute, de réactivité et de prise de décision rapide.
Les partenaires de la nouvelle coalition CSV-DP, qui sont encore en pleine discussion sur leur programme gouvernemental, ont déjà pris la décision de remplacer Pascale Toussing. Les agents du fisc estimeraient de bon ton d’en faire autant pour son adjoint, Luc Schmit.