S’il y a bien un aéroport parmi ceux de la Grande Région qui tire son épingle du jeu, c’est celui du Findel, au Luxembourg, qui ne cesse de voir plus grand.
Ces dernières années, le Findel, l’aéroport luxembourgeois en plein cœur de la Grande Région, a vu son trafic passagers augmenter fortement, passant de 4,4 millions de passagers en 2019 à 5 millions l’an dernier. De son côté, le cargo reste une activité structurante pour l’aéroport avec plusieurs centaines de milliers de tonnes par an.
Situé à peu près au centre de la Grande Région, le site du Findel recelait un potentiel que n’imaginaient sans doute pas les quelques passionnés d’aviation qui, dans les années 30, avaient choisi ce terrain à 7,5 km de la capitale pour y faire voler leurs appareils. Depuis ce modeste aéroclub, l’endroit s’est mué en un aéroport international majeur, classé aujourd’hui parmi les dix premiers aéroports de fret européen.
Cette ascension ne s’est pas opérée en un jour : il a fallu attendre les années 90 pour franchir le cap du million de passagers, puis 2010 pour voir le trafic véritablement s’envoler. Depuis, la croissance de l’aéroport ne s’est plus démentie, à l’exception de la parenthèse imposée par la pandémie de covid. Une croissance XXL qui s’explique par plusieurs facteurs : le nombre de destinations, les nombreux clients de la Grande Région qui viennent de plus en plus loin et la croissance du marché luxembourgeois, notamment en matière de voyage d’affaires.
D’ici 2032, plus d’un milliard d’investissements
Face à cette évolution, le gouvernement et l’exploitant, lux-Airport, ont détaillé une série de projets visant à moderniser et à étendre les infrastructures existantes. Cette année, les autorités ont acté des investissements significatifs : un plan de l’ordre du milliard d’euros a été annoncé pour augmenter la capacité du terminal, ajouter des postes d’embarquement, moderniser les contrôles de sécurité (dont des scanners 3D) et rénover certaines infrastructures, telles que la piste. L’objectif affiché est d’améliorer l’expérience passagers, d’accroître la résilience opérationnelle et de préparer l’aéroport à une croissance supplémentaire dans la décennie à venir.
Et parmi les chantiers déjà lancés figure la construction d’une nouvelle installation de stockage et distribution de carburant (fuel farm). Il s’agit d’un projet majeur, chiffré à 106 millions d’euros, qui vise à multiplier sensiblement la capacité de stockage et à intégrer la distribution de carburants durables (SAF). L’opération doit aussi réduire la vulnérabilité logistique de l’aéroport et soutenir l’essor des opérations cargo.
Le Findel a déjà mené plusieurs travaux d’infrastructure ces dernières années. La piste a fait l’objet d’une rénovation importante en 2021/2022 et l’aéroport est désormais mieux raccordé au réseau de transports publics, notamment via l’extension du tram qui le relie au centre-ville. Par ailleurs, des réflexions persistent autour d’un projet de gare souterraine existant «en creux» depuis des années, qui pourrait être réexaminé au fil des besoins.
Le Grand-Duché sur la piste d’un deuxième aéroport
Si ces mesures doivent permettre de répondre à la demande des prochaines décennies, elles ne seraient malheureusement pas suffisantes face à l’augmentation du trafic aérien d’ici 2050. En cause ? L’impossibilité de construire une deuxième piste d’atterrissage au Findel. Face à ce problème, la ministre de la Mobilité, Yuriko Backes (DP), a récemment expliqué que le Grand-Duché devrait envisager la construction d’un nouvel aéroport.
«Au vu de ces restrictions d’espace, il m’importe de lancer dès à présent une réflexion sur la nécessité de la construction d’un éventuel nouvel aéroport», affirmait la ministre dans sa réponse à la question d’un député en septembre dernier. «Et au vu des délais de réalisation d’un tel projet, qui dépassent aisément deux décennies, je ne voudrais pas que nous soyons le moment venu pris de court.»
Mais pour l’heure, aucun site n’a encore été analysé ou retenu pour accueillir ce futur aéroport. «Je ne fixe aujourd’hui pas de calendrier à cette réflexion, qui sera progressive», ajoutait Yuriko Backes, qui rappelait que cette stratégie entre dans le cadre de l’accord de coalition.