[BGL Ligue] Le FC Mühlenbach, qui ne vend pas d’alcool sur son stade, interdira cette saison aux supporters d’en amener de l’extérieur. Son comité brandit des raisons «de religion» mais aussi «légales». En attendant de voir les réactions des supporters des clubs visiteurs.
C’est Rosport qui va essuyer les plâtres. Le Victoria et ses nombreux fans seront les premiers cette saison à visiter le stade Mathias-Mamer et à se retrouver confrontés à cette spécificité qui le distingue de tous les stades du pays, toutes divisions confondues : on n’y sert pas d’alcool.
Un choix qu’assument les dirigeants du club, la famille Dragolovcanin et plus particulièrement sa secrétaire-présidente, Mersija, qui ne transige pas : «Si l’on fait ça, oui, c’est par rapport à la religion, mais aussi parce que c’est illégal de vendre de l’alcool sur un stade. Je me suis renseignée. Il faut demander une autorisation spéciale au service des douanes.» Ce que ne fera donc pas Mühlenbach.
Le principe est accepté par tous chez les Blue Boys et l’un des plus ardents défenseurs de la cause est aussi l’homme qui s’est séparé du club d’un commun accord il y a quelques semaines, à savoir Hasib Selimovic, celui qui aurait dû être le coach de cette équipe : «L’alcool, sur les stades, c’est vraiment un problème. J’aurais envie de demander à la FLF : ‘Est-ce que c’est vraiment bien d’associer autant l’alcool au football?’»
«Ça vient des Balkans, c’est excellent»
Cette spécificité avait déjà fait tiquer quelques puristes la saison passée, en Promotion d’honneur. D’autant qu’au Mathias-Mamer, on ne vend pas de porc. «Non, rit Mersija Dragolovcanin. On m’a effectivement déjà demandé des saucisses au porc. Nous n’en avons pas. On en a d’excellente qualité au bœuf, au veau et au poulet, ainsi que d’excellents cevapcici. Ça vient des Balkans, c’est excellent, tout le monde adore.» Les puristes, forcément, avaient doucement insinué que le communautarisme n’était pas loin mais jusqu’à présent, ils pouvaient encore amener avec eux leurs bières et autres boissons alcoolisées.
Mais puisque Mühlenbach est encore en droit de faire ce qu’il veut chez lui et qu’il a conscience qu’il risque d’accueillir bien plus de supporters en DN qu’en PH, il a pris une nouvelle résolution pour cette saison 2019/2020 : pas d’alcool du tout. Même pas celui tiré du sac? «Trois ou quatre mecs bourrés, cela peut vite tourner à la catastrophe», argumente ainsi Mersija Dragolovcanin, comme s’il fallait convaincre le milieu des méfaits de l’alcool.
«Cette saison, on vérifiera les sacs»
«La saison dernière, explique la présidente, on tolérait. Mais cette saison, non. Cela sera contrôlé à l’entrée, on vérifiera les sacs. On n’aura pas le droit de consommer de l’alcool sur notre stade. Les bouteilles saisies resteront à côté de la cabane où les entrées se font et on pourra les récupérer à la fin du match.»
L’intéressée estime, à la louche, à 1000 euros par match la recette d’une buvette qui vend quand même de la bière sans alcool – «c’est comme un jus de fruit à nos yeux» – mais elle n’a «pas peur» que cela stigmatise son équipe dans le pays, ni même que cela lui coûte du public : «En PH, on n’a pas eu cette impression.» Oui, mais en PH, les sacs à dos étaient peut-être pleins…
«Toujours est-il que celui qui veut venir voir un match sans alcool chez nous est le bienvenu!», conclut la présidente. Une main tendue alors que le premier match en BGL Ligue de l’histoire du club aura lieu le jour de… l’Aïd el-Kebir, la plus importante des fêtes islamiques.
Julien Mollereau