La semaine dernière, contre l’US Esch, le F91 a même réussi, enfin, à faire coexister Dave Turpel et Omar Er Rafik, ces deux-là s’adressant chacun une passe décisive. Là, ça risque de devenir compliqué pour les défenses adverses. À commencer par celle de Differdange?
MIEUX QUE LA PREMIÈRE SAISON DE TOPPMÖLLER?
Il y a un an, presque à la même époque, Dino Toppmöller se lamentait de ce que ses joueurs gâchaient trop d’occasions de buts. Ils avaient tout de même fini l’exercice avec 68 réalisations, c’est-à-dire le meilleur total du club depuis la saison 2010/2011, l’époque des Gruszczynski, Bensi, Karaca, Somé…
Sauf qu’après onze matches la saison passée, le F91 ne comptait que 27 buts inscrits (mais seulement 3 encaissés contre 11 aujourd’hui). «C’est quand même beaucoup mieux au niveau du réalisme. On rate encore des occasions mais on peut se montrer satisfaits», se félicite le technicien allemand.
DA MOTA A-T-IL ÉTÉ REMPLACÉ?
Dan Da Mota, en neuf années passées au F91, pesait 312 matches de DN pour 64 buts et 71 passes décisives. On appelle ça un joueur important. Plusieurs joueurs se sont succédé, depuis, sur son couloir gauche, au gré des matches. Mélisse, Sinani, Bertino et même Turpel… Et à chaque fois ou presque, ça tourne.
«Oui, je pense qu’on a largement remplacé Da Mota, estime Toppmöller. Mais on a réussi à le remplacer seulement dans la manière dont on joue. Ce sera réussi seulement si on remporte le titre en fin de saison.» Car avec Da Mota, le F91 en a remporté six, des titres.
TURPEL ET ER RAFIK SAVENT-ILS ENFIN JOUER ENSEMBLE?
On dressait le constat il y a trois semaines : Dino Toppmöller les faisait jouer finalement peu souvent ensemble. Et quand il le faisait, il finissait très souvent par les dissocier à la pause, devant la médiocrité de leur relation sur le terrain, qui s’est longtemps résumée à une passe décisive d’Er Rafik pour Turpel contre le Progrès et c’est tout.
Dimanche, contre l’US Esch, ils se sont donné à chacun un ballon de but et semblent avoir rompu la malédiction. «Mais c’est normal, sourit leur coach, ils devaient apprendre à se connaître eux et leurs appels. Parfois c’est rapide. Pas là. Et c’est vrai qu’au début, on a eu des soucis.»
Cela n’empêche pas d’autres questions, pertinentes, notamment le positionnement de Turpel, parfois dans un couloir et contre nature, parfois capable de décrocher très bas sur le terrain plutôt que de laisser ce job à Er Rafik, qui le faisait à la perfection à Differdange. Toppmöller a, à ce sujet, des réponses très précises.
«Trouver les positions de chacun sur le terrain, c’est notre travail le plus difficile, reconnaît l’Allemand. Des fois c’est un 4-4-2. Des fois un 4-3-3. Effectivement, à Differdange, Omar décrochait beaucoup plus mais c’est aussi parce que cela lui permettait de faire des différences. Ici, on a d’autres joueurs pour ça et nous on préfère qu’il reste plus près du but. On veut qu’il y en ait un qui reste devant. Or Dave, lui, aime bien décrocher, jouer avec son corps dans la première touche et comme moi, je ne veux pas tout le temps non plus des joueurs qui partent sur la profondeur (NDLR : une grande spécialité de Turpel»… Omar, près du but, a tout ce qu’on peut demander à un avant-centre. Il est malin, sait jouer avec le hors-jeu. Je préfère le voir là qu’au milieu.»
Et en ce qui concerne l’exil ponctuel de Dave Turpel dans un couloir? «Il n’a joué là qu’une fois (NDLR : faux, il avait déjà démarré le match face au Progrès à gauche avant d’être recentré au retour des vestiaires). Je lui ai expliqué.
Et pour lui, c’est égal. Il a d’ailleurs aussi joué à gauche en sélection (NDLR : contre la Hongrie, en début de mois) mais c’est une position qu’on ne peut pas confier à Omar, qui doit rester 9 ou 9 ½. Au F91, peu importe où tu joues, tant que tu joues.» Ceci étant dit, il y aura, dit-on, de nouveau des matches que les deux ne débuteront pas ensemble. On va guetter mais il semble déjà acquis qu’ils y seront face à Differdange.
TURPEL A-T-IL DIGÉRÉ L’ARRIVÉE D’ER RAFIK?
Il n’y avait pas beaucoup d’explications plausibles au fait qu’un garçon qui sortait de 41 buts en deux saisons au milieu d’un groupe d’ego et de très bons attaquants (dont il était devenu le leader) s’enfonce dans un tel marasme en début de saison, n’inscrivant son premier but que le 10 septembre.
La plus crédible : la nécessité de faire de la place à son plus grand concurrent local du moment, Omar Er Rafik. Toppmöller acquiesce : «Oui, il a eu de gros problèmes quand on a repris et c’était peut-être à cause de l’arrivée d’Omar. On n’en a pas parlé donc je ne suis pas sûr. Mais peut-être qu’il y a eu une petite déception. Peut-être aussi qu’il pense trop. Et puis cela reste finalement un jeune joueur (NDLR : 25 ans).»
C’EST DIFFERDANGE QUI TRINQUE?
Le FCD03 a-t-il perdu gros avec Omar Er Rafik, finalement? La saison passée, le club avait atteint la trêve avec 34 buts au compteur. Ce sera difficile de faire le même total puisque les hommes de Pascal Carzaniga, avec deux matches restant à jouer, pointent à 25 pions.
Soit mieux que trois équipes mieux classées qu’eux, mais tout de même, c’est moins bien. Alors il en pense quoi, Toppmöller? L’arrivée d’Er Rafik a-t-il fait plus de mal à Differdange qu’il n’a fait de bien au F91? «On ne doit pas se poser cette question parce que Differdange l’a très bien remplacé avec Perez. Pour moi, c’est un top joueur qui marque des top buts». Ça fait beaucoup de top, ça…
Julien Mollereau