À la veille de la finalisation de la ligne 1 du tram, Helge Dorstewitz, le directeur de Luxtram, revient sur cette aventure et fait le point sur les chantiers en cours et à venir.
Ce dimanche, Luxtram écrit une ligne importante de son histoire en amenant le tram jusqu’à l’aéroport du Findel. Une inauguration imaginée comme une fête familiale pour la mise en service de deux nouvelles stations : «Héienhaff P + R», «Findel-Luxembourg Airport». En amont de cet événement, Helge Dorstewitz, le directeur de Luxtram, décrit l’ascension de cette entreprise de transport et détaille les chantiers futurs.
Quel est votre sentiment à la veille de la mise en service du tram jusqu’à l’aéroport et la finalisation de la ligne 1 ?
Helge Dorstewitz : C’est vraiment un moment exceptionnel car jusqu’à présent, nous n’avons inauguré, entre guillemets, que de nouveaux tronçons. Ce dimanche, nous finalisons vraiment la ligne 1. Je me souviens encore des débuts où pas mal de gens n’étaient pas persuadés de l’importance de ce projet. Il sert à quoi votre tramway, personne ne va l’utiliser, c’est du gaspillage d’argent… Regardez où nous en sommes aujourd’hui. On transporte plus de 120 000 voyageurs tous les jours. C’est un grand, grand succès. L’année passée, on a transporté presque 32 millions de voyageurs. Nous sommes sur le même niveau que les CFL. Nous sommes devenus un transporteur incontournable au Luxembourg, au moins sur le territoire de la ville de Luxembourg.
Quels impacts cela va-t-il avoir pour les voyageurs ?
Cela va encore faciliter la mobilité. À partir de dimanche, il y aura une connexion directe entre le centre-ville, la gare centrale, mais aussi le quartier de Bonnevoie et la Cloche d’Or, avec l’aéroport. Je trouve ça très important. À l’époque, j’étais très souvent en déplacement professionnel et je trouvais qu’il était toujours facile d’arriver à l’aéroport d’une ville puis de sortir du bâtiment de l’aéroport et d’accéder au centre-ville via le tramway ou un métro. C’est très important de trouver un moyen de transport facile et rapide.
Le respect du calendrier est-il l’une de vos satisfactions majeures ?
Pour moi, un bon projet commence toujours avec un planning. Ce planning sera toujours le fil rouge du projet. C’est impératif. Si on ne se donne pas des objectifs clairs avec des jalons intermédiaires, on ne sait pas gérer un projet. L’objectif ce n’est pas de ne pas dépasser ou d’avancer un jalon intermédiaire, mais ces jalons sont incontournables pour garder un projet contrôlable et anticiper les potentiels problèmes.
En mai 2025 va débuter le chantier qui permettra de relier le Kirchberg à l’École européenne. Pouvez-vous donner des détails sur ce tronçon? Le calendrier sera-t-il respecté ?
Je pars du principe qu’on va respecter les délais et le budget. En ce qui concerne le calendrier, pour ce projet spécifique, donc la partie A du tronçon K2, je ne vois pas de problème particulier. Nous avons déjà élaboré les premiers plans de phasage, nous avons discuté avec les intervenants ou les riverains. D’ailleurs sur ce tronçon, il n’y a pas de commerçants ou presque pas, il n’y a que des institutions européennes et des bureaux, avec lesquels nous avons déjà trouvé des accords de principe avant qu’on commence les travaux. Le défi sera le raccordement de ce tronçon à la ligne 1. Jusqu’ici nous n’avons ajouté que quelques kilomètres à la fin de la ligne. Maintenant, il faut interrompre ou couper une partie de la ligne de ce qu’on a construit pour ajouter des appareils de voie qui nous permettront de construire la bifurcation sur le boulevard Adenauer.
Sur ce tronçon, de nombreux arbres vont devoir être retirés. Pouvez-vous nous parler de la gestion des arbres sur les chantiers de Luxtram?
En ce qui concerne les arbres, la question la plus importante est : peut-on les déplacer, replanter à la fin des travaux ou est-ce qu’il faut les enlever vraiment ? Le sujet auquel nous sommes très souvent confrontés, c’est le fait qu’à l’époque les arbres ont été plantés sans aucune protection de racines. Parfois ces dernières sont très imbriquées et il est presque impossible d’enlever un arbre pour le déplacer. C’est la raison principale pour laquelle nous devons abattre des arbres. Naturellement, il y en a aussi, de temps en temps, un ou deux ou trois qui sont malades. Les autres sont systématiquement transplantés et replantés à la fin des travaux.
On parle toujours des arbres car c’est la partie la plus visible au niveau de la végétalisation, mais il est aussi important d’évoquer les espaces verts. Dès que nous aurons fini les travaux sur le boulevard, nous allons doubler les surfaces végétalisées, c’est-à-dire là où il y a des plantes, de petits arbustes, du gazon… Cela contribue de façon conséquente à la biodiversité.
Pour le tram rapide, il y a d’autres défis mais des défis qui ne sont pas plus compliqués
Comment gérez-vous un chantier colossal comme celui du tram rapide, le premier chantier en dehors de la capitale ?
La gestion d’un projet comme celui du tram rapide n’est pas plus compliquée que celle d’un projet au centre-ville. Il y a d’autres défis mais des défis qui ne sont pas plus compliqués. Jusqu’à présent, nous avons travaillé essentiellement sur le territoire de la Ville de Luxembourg. Nous avons naturellement aussi des contacts avec la commune d’Hesperange et aussi celle de Niederanven, mais dans la grande majorité, les travaux ont été réalisés sur le territoire de la Ville de Luxembourg. Et maintenant, nous avons des intervenants supplémentaires, dont les communes de Leudelange, de Foetz, de Mondercange, d’Esch, de Belvaux, les quartiers de Belval et Metzeschmelz. C’est cette multitude d’interfaces qui fait de ce projet un véritable défi. Je trouve ça stimulant, la gestion d’un tel projet. C’est plus long, naturellement, mais entre Luxembourg et la ville d’Esch, aucun commerçant ni entreprise n’est impacté par nos travaux.
Le chantier du nouveau centre de remisage au bout de la ligne T1 doit débuter en 2026. Pouvez-vous nous donner des détails sur l’avancement de ce projet ?
Le projet de loi des financements a été déposé au mois de septembre. Actuellement, on attend les derniers avis du Conseil d’État, des chambres de salariés, des chambres professionnelles, etc. Tout le monde peut donner son avis. On attend le vote de cette loi dans les semaines à venir.
Hollerich, la route d’Esch, la route d’Arlon… où en sont les chantiers futurs de Luxtram ?
La convention cadre avec la Ville de Luxembourg et les porteurs du projet, l’Administration des ponts et chaussées, etc. a été signée le 13 décembre de l’année passée. Pour Hollerich, on envisage un début des travaux en 2027. Nous sommes toujours en contact pour nous coordonner, mais on part de l’hypothèse d’une mise en service en 2029. Ça n’a pas été décalé. D’une manière générale, tous les plannings qui ont été annoncés lors de la dernière conférence de presse par la ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Yuriko Backes, et par la bourgmestre de la Ville de Luxembourg, Lydie Polfer, sont encore complètement actuels. Je ne vois pas de problème. Rien qui empêche de respecter les plans.
