Lors du débat sur le discours, les eurodéputés luxembourgeois ont tenu à lancer des appels à Luc Frieden. Le groupe d’extrême gauche n’a pas manqué d’épingler le Grand-Duché.
Dans sa globalité, l’exposé du Premier ministre devant le Parlement européen a reçu des échos positifs. Cela n’a pas empêché des voix plus critiques de s’élever, y compris dans les rangs des eurodéputés luxembourgeois.
«L’Europe doit rapidement répondre à la crise du coût de la vie et au défi du logement. Nous devons renforcer les droits sociaux. Le modèle social luxembourgeois a toujours été une source d’inspiration pour l’Europe. Aujourd’hui, je suis profondément inquiet de certaines décisions de votre gouvernement. Ce modèle et la paix sociale sont remises en cause», lance ainsi Marc Angel (LSAP) à l’adresse de Luc Frieden. Il fait référence à l’échec du dialogue tripartite. «J’espère que vous reveniez sur vos décisions et vous vous engagiez pour un approfondissement d’une Europe sociale, juste et solidaire», poursuit Marc Angel.
«On ne gouverne pas un pays comme on dirige une entreprise»
Tilly Metz (déi gréng) fait valoir que «sans justice sociale, sans équité et sans empathie, nos sociétés s’effondrent». L’élue fait allusion à l’intention de Luc Frieden d’être le «CEO du Luxembourg». «On ne gouverne pas un pays comme on dirige une entreprise. Un leader ne doit pas être au service des actionnaires, des banques et des lobbys, mais être à l’écoute des citoyens», lance la députée écolo.
Tout comme Marc Angel, elle a mis en garde contre une dérégulation sociale et environnementale au profit d’un renforcement de la compétitivité. «Je n’accepte pas la distinction faite entre simplification et dérégulation. La transition écologie est nécessaire, en impliquant les citoyens et les entreprises, et non pas en imposant des calendriers irréalistes», répond le Premier ministre lors de sa réplique.
Isabel Wiseler-Lima (CSV) a remercié son collègue de parti d’avoir insisté sur les valeurs qui définissent l’UE. «Car les idéologies autoritaires continuent de gagner du terrain. Là où l’illibéralisme s’installe, la démocratie recule», met-elle en garde.
«Un braquage en bande organisée»
Charles Goerens (DP) rebondit sur l’annonce de Luc Frieden de vouloir accélérer l’élargissement de l’UE et, aussi, de vouloir adapter les traités. «Nous comptons sur vous pour mettre fin à l’illusion que l’élargissement puisse se faire sans revoir le fonctionnement de l’UE», avance l’élu libéral.
«Vous auriez dû parler luxembourgeois, au moins dans une partie de votre discours», clame Fernand Kartheiser (ADR). Sur le fond, il plaide pour réviser les traités, suivis de référendums, aussi pour empêcher que «la Commission européenne continue à s’adjuger des compétences que les traités ne lui confèrent pas».
Parmi les autres intervenants, la critique la plus acerbe est venue, sans trop de surprise, de Martine Aubry, eurodéputée du parti La France insoumise. «Vous vous trouvez à la tête d’un braquage en bande organisée. Car comment nommer autrement un État membre qui orchestre l’évasion fiscale et pille littéralement les recettes fiscales des autres pays?», s’indigne-t-elle. Le Premier ministre n’a pas répondu à cette attaque frontale.