Le dessinateur, auteur et illustrateur français Tomi Ungerer, est mort à l’âge de 87 ans dans la nuit de vendredi à samedi à Cork, en Irlande, au domicile de sa fille.
« Il est décédé dans la nuit. C’est son épouse qui m’a appelé ce (samedi) matin au téléphone », a dit à l’AFP Robert Walter, un ami « depuis 35 ans » et son ancien conseiller. « C’était un génie universel, un homme qui était doué en tout, il aimait la littérature. Il disait « J’écris ce que je dessine et je dessine ce que j’écris », a-t-il ajouté.
« Pour moi, s’il devait y avoir un paradis, ce serait une bibliothèque », confiait à l’AFP en 2016 l’artiste alsacien. Il se définissait comme un « sans-bacho », s’étant « élevé par la lecture » et un « pessimiste joyeux ».
L’artiste, qui a vécu aux États-Unis et au Canada avant de s’installer en Irlande dans les années 1970, s’est rendu célèbre dans le monde entier avec des oeuvres pour enfants, des dessins érotiques, des peintures satiriques et des affiches politiques. Très engagé politiquement – contre la ségrégation raciale, la guerre au Vietnam, le nucléaire, l’élection de Donald Trump entre autres -, il travaillait aussi bien en français qu’en anglais et en allemand.
Ungerer a donné plus de 11 000 dessins originaux, des sculptures, des jouets et des livres au musée qui lui est consacré à Strasbourg, sa ville natale. Son œuvre est riche de 30 000 à 40 000 dessins. Elle s’est déployée dans les domaines de la littérature d’enfance et de jeunesse, de la publicité ou de l’érotisme.
Né en 1931 dans une famille d’horlogers, Tomi Ungerer – Jean-Thomas de son vrai prénom – a pourtant grandi dans une atmosphère très sombre. Orphelin de père à trois ans, il subit l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne, l’endoctrinement nazi à l’école puis les combats très rudes menés pour déloger les Allemands de la « poche de Colmar » – des épisodes qu’il a racontés dans des livres autobiographiques.
Il avait été honoré du titre de Commandeur de la Légion d’honneur en 2018 pour sa contribution « au rayonnement de la France à travers la culture ».
Le Quotidien/AFP