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Le débat sur les pensions sera chaud


Martine Deprez, la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, peut s’attendre à un bras de fer avec les syndicats dans le dossier des pensions.  (Photo : julien garroy)

Alors que la nouvelle ministre livre des pistes sur une incontournable réforme du système des pensions, les syndicats redoutent le pire, mais se dresseront pour défendre les acquis.

Le gouvernement a annoncé une large consultation sur le sujet épineux du financement des retraites. La ministre Martine Deprez (CSV) affirme que sa priorité au ministère de la Sécurité sociale sera de consolider durablement les finances du système et notamment l’assurance pension. Le patronat demande avec insistance au gouvernement d’avoir le courage d’entamer une réforme pour assurer la pérennité du système.

En face, les syndicats sont prêts à livrer bataille. L’OGBL avait déjà eu l’occasion de donner l’annoncer avant les élections. Il avait appelé le gouvernement à ne pas céder au «catastrophisme» du patronat, en visant les propos de la Chambre de commerce.

Le syndicat attendait du nouveau gouvernement qu’il mène une «politique progressiste, sociale et équitable», en relevant que le système de pension «est absolument sain et compte toujours parmi les mieux dotés au monde», comme le soulignait Nora Back, la présidente de l’OGBL.

Depuis, les différentes sorties de la ministre Martine Deprez et ses entrevues avec les députés en commission laissent clairement entrevoir une volonté d’entreprendre une réforme. Elle consisterait à renforcer les deuxième et troisième piliers, c’est-à-dire les plans de pension proposés par l’employeur ou les complémentaires privées, par des incitatifs fiscaux.

Le premier pilier est celui de la pension légale, qui repose sur le système de cotisation obligatoire et solidaire. «Avec une dévalorisation, on se dirige tout droit vers une pension de base couvrant uniquement les besoins primaires. Pour tout le reste, les assurés sont priés de cotiser en privé. Il s’agit d’un chemin inacceptable pour nous», s’insurgeait de son côté Marc Baum (déi Lénk), à l’issue d’une réunion de commission.

Selon les dernières données, les projections montrent que si rien ne change, le taux de cotisation actuel de 24 % (3 x 8 %) sera insuffisant pour payer le volume des pensions annuelles à partir de l’année 2027.

Hier, c’était au tour du président du LCGB, Patrick Dury, de s’en prendre vertement à la nouvelle ministre à l’occasion de la réception du Nouvel An du syndicat chrétien-social. Il lui reproche son amateurisme dans le dossier et sa propension à considérer le système en faillite. «C’est le contraire! Des réserves de 24,5 milliards d’euros garantiront sans problème notre système de retraite pour les prochaines décennies», déclare Patrick Dury.

Le LCGB dénonce encore «l’approche populiste et démagogique» d’une ministre qui estime que «les injustices dans la vie active ne doivent pas se répéter dans les retraites». Le syndicat cherche à comprendre le sens de cette phrase. Patrick Dury se demande si la ministre fait référence aux rémunérations du secteur privé, «négociées par les syndicats», qui sont parfois injustes? Ou si les gens qui gagnent plus que le salaire minimum, notamment dans le secteur privé, doivent s’excuser, maintenant, et en avoir honte?

«Apartheid social»

Pour Patrick Dury, la seule injustice est celle qui existe entre le secteur privé et le secteur public, mais la ministre ne peut pas la voir, «car elle est elle-même fonctionnaire», se moque le président. «Les personnes qui gagnent plus que le salaire minimum dans le secteur privé devraient désormais souscrire une assurance privée! Mais qui, à part peut-être les gens les plus aisés, dispose des moyens financiers nécessaires pour appliquer cela?», s’insurge-t-il.

Le président du LCGB parle «d’apartheid social» en décrivant l’horreur pour les gens qui travaillent chaque jour à créer la richesse de ce pays, à soigner les malades et à maintenir les infrastructures en ordre et le confort de la fonction publique.

Le LCGB appelle le gouvernement à engager des négociations avec les partenaires sociaux afin de sécuriser le système de retraite, en indiquant que «l’augmentation des cotisations ou la suppression du plafond cotisable pour le secteur privé ne peuvent pas être un tabou». Il souhaite travailler en étroite collaboration avec les autres syndicats représentatifs au niveau national dans ce domaine.

Les discussions sur l’avenir des retraites seront très animées, et les syndicats devront faire face à un patronat qui apparaît aussi déterminé que le gouvernement à repenser le système des retraites.