Défense, économie et cohésion sociale. Le CSV, présidé depuis 2024 par Luc Frieden, se dit décidé à assumer la «grande responsabilité» qui lui incombe en tant que premier parti du pays.
À la sortie d’une semaine marquée par le débat sur l’avenir du système des pensions à la Chambre des députés et les tractations sur la défense européenne à Bruxelles, le congrès du CSV, qui s’est tenu samedi matin à Ettelbruck, est resté sans grande surprise. Dans les interventions des ténors du parti, de retour au pouvoir depuis novembre 2023, aucun nouvel élément majeur n’a été mis en avant. Mais, dans leur globalité, les chrétiens-sociaux se disent décidés de continuer à relever les «grands défis» qui se posent au Luxembourg et en Europe. «Le CSV assume cette grande responsabilité. On s’engage pour de la stabilité, une économie durable et une forte cohésion sociale. On travaille à des solutions concrètes qui offrent à chacun une perspective d’avenir», était-il souligné dans l’invitation pour ce congrès.
La donne a nettement changé depuis le mois de mars 2023, où le CSV s’était déjà donné rendez-vous à Ettelbruck pour couronner Luc Frieden comme tête de liste pour les élections législatives. Six mois plus tard, le «nouveau» Luc est devenu Premier ministre d’un gouvernement conservateur-libéral, avant de prendre, il y a un an, la présidence de son parti. Aujourd’hui, l’homme fort du CSV se voit confronté à des tensions sociales à l’intérieur du Grand-Duché et à des tensions géopolitiques majeures forçant le Vieux Continent à rapidement changer de cap en matière de politique de défense.
Luc Frieden estime que la cohésion sociale est toujours forte au Luxembourg. Le camp syndical reproche pourtant au Premier ministre de mettre en danger cette cohésion en raison d’une modernisation du droit du travail jugée trop disruptive. Même à l’intérieur du CSV, des doutes existent. Marc Spautz, le chef de file des chrétiens-sociaux à la Chambre, a utilisé la tribune du congrès pour rappeler son opposition à la généralisation du travail dominical dans le commerce. L’ancien syndicaliste du LCGB a obtenu un large soutien de la part des 450 délégués présents. Marc Spautz a aussi insisté sur l’importance de conserver un dialogue social fort.
Pensions : une «évolution», pas de «révolution»
Pour l’instant, le chef du gouvernement et son ministre du Travail, Georges Mischo, ne semblent pas prêts à reculer sur leurs plans concernant une réforme du cadre légal sur les conventions collectives et les heures d’ouverture élargis dans le commerce et l’artisanat. Ce dernier projet est aux mains du ministre libéral de l’Économie, Lex Delles. Samedi, Luc Frieden a une nouvelle fois souligné la nécessite d’adapter le droit du travail aux besoins d’une société qui a fortement évoluée ces dernières décennies. S’il dit respecter le dialogue social, le Premier ministre répète qu’il n’existe pas d’obligation de trouver toujours un compromis. À ce moment, gouvernement et Chambre devraient trancher.
L’autre grand dossier social qui génère des tensions est la réforme des pensions. Les délégués du CSV sont venus appuyer la démarche d’une large consultation de toutes les parties prenantes pour dégager un large consensus sur les mesures à prendre afin de viabiliser le système, qui risque de devenir déficitaire dès 2026. Luc Frieden a évoqué samedi une «évolution» et non pas une «révolution» de l’assurance-pension. Et comme annoncé par la ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, mercredi face aux députés, le gouvernement compte présenter un plan d’action plus concret en juin.
Le coût d’une réforme des retraites n’est pas à négliger au moment où les finances publiques doivent être restructurées pour augmenter sensiblement l’effort de défense du Luxembourg. Le Premier ministre s’est engagé samedi à ne pas passer par une hausse d’impôts pour générer de nouveaux fonds. Mais, à l’image du ministre des Finances, Gilles Roth, le chef du gouvernement évoque la définition de nouvelles priorités budgétaires, sans s’attaquer aux prestations sociales, mais aussi sans endettement à outrance.