Alors que le CHEM a renoncé à ouvrir une antenne au GRIDX à Wickrange, le CSV livre clairement sa position concernant l’avenir de la politique de santé. Pas question de mêler le public au privé.
Décidément, les plans du gouvernement en matière de politique de santé sont malmenés à chaque tentative de développement ou de modernisation du secteur. Le dernier épisode en date se rapporte à l’abandon d’une antenne hospitalière dans le complexe GRIDX à Wickrange.
Cette décision a été prise à l’unanimité lors d’un conseil d’administration qui s’est tenu lundi à Esch et c’est le bourgmestre CSV de la ville, Christian Weis, président du CHEM qui s’est allié avec le vice-président, le socialiste député-maire de Dudelange, Dan Biancalana, pour tuer ce projet dans l’œuf.
La priorité est donnée finalement au développement des trois principaux sites du CHEM, le Südspidol, Dudelange et Niederkorn. Lors de la dernière commission Santé à la Chambre des députés, l’opposition avait critiqué l’ouverture de cette antenne à Wickrange, s’interrogeant sur son opportunité et s’inquiétant des frais qu’elle allait entraîner. Alors que le LSAP et déi Lénk s’en prenaient au projet de la FindelClinic, initié par deux médecins avec l’aide d’investisseurs privés, les deux partis voyaient d’un mauvais œil l’implantation d’une antenne dans le complexe d’un grand promoteur du pays.
Une modernisation nécessaire
Aujourd’hui, l’opposition se frotte les mains. Cette dernière déconvenue leur prouve à suffisance qu’au sein même du CSV, des divergences se font jour quant à l’avenir de la politique de santé. Chacun savait que le député Marc Spautz, ancien syndicaliste et président de la commission Santé, se rangeait du côté d’une médecine hospitalière, celle-là même que combat l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) depuis deux décennies, et maintenant Christian Weis lui emboîte le pas.
Si un brouillard enveloppait les intentions du gouvernement dans le domaine de la santé, le CSV a tenu à clarifier les choses en publiant un communiqué ce mardi. Aussi bien le parti, que préside le Premier ministre, Luc Frieden, que la fraction parlementaire disent «soutenir fermement les fondements du système de santé luxembourgeois», qui se base sur la solidarité, l’égalité d’accès et l’égalité des services pour tous les assurés.
Cela passe par une obligation contractuelle pour tous les médecins exerçant au Luxembourg d’adhérer exclusivement aux modalités de facturation proposées par l’assurance maladie obligatoire. En d’autres termes, le conventionnement est maintenu, comme annoncé dans l’accord de coalition.
Il n’y est pas question d’un conventionnement partiel, comme pouvait l’espérer l’AMMD. Le CSV rejette catégoriquement un système à deux vitesses, une séparation entre assurés publics et privés. Les chrétiens sociaux reconnaissent, cependant, que le système de santé doit être modernisé et adapté aux avancées médicales.
«Davantage de services médicaux, actuellement réservés aux hôpitaux, peuvent et doivent être proposés sur l’ensemble du territoire. Des services ambulatoires doivent également être proposés en dehors des hôpitaux, à condition que ces structures soient gérées exclusivement par des médecins, que les normes d’hygiène et de sécurité soient respectées et qu’un suivi soit assuré en cas de complications ou d’urgences», précise cette fois le CSV.
Le CSV soutient sa ministre
Les sociétés de médecins deviendront bientôt une réalité, mais le CSV indique qu’elles devront être exclusivement réservées aux médecins. Pas d’investisseurs privés dans les cabinets. Quant à la médecine ambulatoire, sans hospitalisation, elle sera développée, comme annoncée. Dans un premier temps, les interventions ophtalmologiques et dermatologiques pourront être réalisées dans des structures hospitalières de petite taille, pour l’instant, dans les antennes des hôpitaux. Puis, ces activités pourront être exercées dans des conditions similaires, à l’initiative des médecins. Il n’est plus question d’antenne hospitalière. La liste des actes médicaux pouvant être pratiqués en cabinet médical devrait être élargie.
Le CSV soutient sa ministre, Martine Deprez qui «travaille activement à la mise en œuvre de ces mesures». Le parti salue particulièrement le lancement d’une vaste campagne visant à renforcer le rôle des médecins généralistes et à désengorger les services d’urgence hospitaliers. Les patients sont ainsi invités à les consulter en premier lieu pour leurs problèmes de santé.
Mardi, la député et cheffe du groupe socialiste à la Chambre, Taina Bofferding, s’indignait face au Premier ministre de son silence alors que les syndicats attendaient des réponses claires de sa part après le courrier qu’ils lui avaient adressé concernant la politique de la santé. La réplique de Luc Frieden est arrivée via un communiqué commun du parti et de la fraction.
L’AMMD devra aussi se contenter de cette réponse, elle qui plaidait pour la possibilité offerte d’être partiellement déconventionnés. Le sujet sera évoqué encore demain après-midi à la Chambre avec une question parlementaire élargie de la députée Carole Hartmann concernant l’extension de l’offre médicale en milieu extrahospitalier.