Il y a cinq ans, Florence* a vécu difficilement la période du confinement. Elle nous raconte cet épisode qui a été, pour elle, «traumatisant».
«Pour moi, c’était horrible. Je ne peux pas le dire autrement. C’est vraiment le mot. C’était une expérience traumatique de se retrouver coupée de tout lien social», raconte Florence*, 43 ans. Il y a cinq ans, la Luxembourgeoise se retrouve confinée toute seule chez elle. Un moment difficile, dont elle se souvient très bien. «Je me suis rendu compte à quel point nous sommes des êtres sociaux, que nous avons besoin d’échanges et d’une présence physique. Le fait d’être privée de liberté était quelque chose de très compliqué. Certaines personnes ont bien vécu cet épisode, mais pour ma part, la période covid et le confinement ont été un vrai cauchemar.»
Privée de ses amis et de sa famille, Florence ressent un grand sentiment de la solitude, de la tristesse et quelques angoisses. «Je n’avais pas peur de la contagion, car j’ai eu tout de suite le covid. À l’époque, j’étais préoccupée par la perte de mon odorat. Je me demandais quand ça allait revenir», confie-t-elle. Alors, pour protéger sa santé mentale, Florence multiplie les échanges avec ses amis, à distance. «On faisait les fameux apéros en visio. On échangeait beaucoup. Forcément, c’est quelque chose qui m’a permis de ne pas tomber dans l’extrême solitude», explique-t-elle.
«Un traumatisme au niveau collectif»
Cinq ans plus tard, cet épisode qui l’a particulièrement marquée fait désormais partie du passé. Aujourd’hui, la Luxembourgeoise dit aller mieux. Malgré tout, elle observe toujours les conséquences du confinement chez certaines personnes. «Je travaille dans le domaine de la santé mentale. Je ne peux pas affirmer que la crise sanitaire est la cause de l’augmentation du nombre de troubles anxieux. Mais je peux dire que je vois de plus en plus de jeunes gens se poser beaucoup de questions sur leur futur. Ce sont des préoccupations qu’ils n’avaient pas forcément auparavant. Pendant deux ans, ils n’ont pas pu se projeter. Pour certains, ils ont perdu leurs repères. Dans certaines situations, ça a été dramatique.»
Au-delà des jeunes personnes, pour la Luxembourgeoise, c’est la société dans son entièreté qui porte, encore aujourd’hui, les stigmates de la crise sanitaire et du confinement. «Le monde d’il y a cinq ans n’est plus le même que celui d’aujourd’hui. Quand le confinement a été annoncé, travaillant dans ce domaine, je me suis tout de suite dit que ça allait être une catastrophe pour les personnes souffrant de troubles psychologiques. Ça l’a été. Et elles ont été complètement ignorées (…). Je pense que nous avons tous vécu une période traumatique. Nous n’avons pas fait un travail de compréhension et de résilience par rapport à ça. La vie poursuit sa route, comme si de rien n’était. Alors que nous portons tous un traumatisme au niveau collectif.»
*le prénom a été modifié