Malgré une conjoncture difficile, les produits équitables continuent de progresser d’année en année, selon l’ONG.
Contre vents et marées, Fairtrade Lëtzebuerg garde le cap. Depuis plusieurs années, les crises – qu’elles soient climatiques, politiques ou économiques – s’amoncèlent sans pour autant faire tanguer les résultats de l’ONG. En hausse, les chiffres présentés hier matin témoignent même d’un solide ancrage du commerce équitable au Grand-Duché.
Preuves de cette évolution positive, trois données. En 2024, la dépense moyenne par habitant pour des produits labellisés Fairtrade s’élevait à 85 euros, soit six euros de plus qu’en 2023. «Ce chiffre nous conforte dans la position que nous sommes parmi les meilleurs consommateurs de produits Fairtrade au niveau européen. Les Suisses ont une grande longueur d’avance avec 120 euros par an, mais nous sommes devant nos voisins français qui sont à 20 euros par an et nos voisins allemands qui sont à 35 euros par an», commente Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg.
Il y a encore un énorme travail à réaliser au cours des prochaines années
Avec une croissance de 10 %, l’ensemble du chiffre d’affaires des produits du commerce équitable sur le marché luxembourgeois en 2024 s’élève à 57,2 millions d’euros. Pour terminer de montrer son solide enracinement au Grand-Duché, l’ONG a enregistré, en 2024, quelque 5 907 références au Luxembourg, dont 657 nouveautés. Ce qui correspond à une hausse de 13 % par rapport à l’an passé. À noter que parmi ces références, 60 % portent également le label biologique.
«C’est très positif, mais tout cela n’est pas une évidence», réagit Geneviève Krol. «Il y a encore un énorme travail à réaliser au cours des prochaines années et nous sommes motivés et engagés auprès de nos partenaires luxembourgeois pour poursuivre cet engrenage du commerce équitable au Luxembourg.»
Consommateurs, entreprises et réseaux locaux
Un travail que l’ONG réalise dès à présent auprès des acteurs locaux, et notamment aux côtés des preneurs de sous-licence Fairtrade. En 2024, trois nouvelles entreprises (Kichlcher.lu, CafeTree et La Provençale) sont venues se joindre aux 27 autres entreprises luxembourgeoises qui s’engagent pour le commerce équitable. Elles sont désormais 30 sur le territoire à proposer une offre de plus en plus diversifiée, allant des viennoiseries au lait et aux noix de cajou, en passant par le café, le chocolat et les épices.
«Nos principaux challenges sont de conserver l’engagement et de continuer à fidéliser les acteurs», explique la directrice de Fairtrade Lëtzebuerg. «Le travail que nous réalisons auprès de nos partenaires et des consommateurs est un travail continuel pour réussir à les conserver dans des secteurs très concurrentiels où de nouveaux produits apparaissent très régulièrement.»
Outre les preneurs de sous-licence et les consommateurs, Fairtrade compte également sur un réseau de relais locaux : 38 communes et 26 établissements scolaires viennent se joindre à cet écosystème dans lequel ils jouent un rôle de communication et de sensibilisation. En 2024, plus de 300 personnes ont mené des actions concrètes à travers le pays.
Des filières à développer
Pour Geneviève Krol, le Luxembourg recèle encore «un énorme potentiel pour développer le marché» et deux filières mériteraient d’être plus exploitées. Premièrement, celle du café, le produit pionnier du commerce équitable. Si le café Fairtrade a connu une légère baisse ces deux dernières années, avec douze entreprises dont neuf torréfacteurs, l’offre est déjà bien installée au Grand-Duché. «Nous avons ici de grands consommateurs dans les entreprises et dans les administrations qui sont des grands acheteurs de café. À partir d’octobre 2025, nous allons mener une campagne pour sensibiliser ces acteurs afin qu’ils choisissent un café Fairtrade, et ainsi donner un nouveau dynamisme au marché», détaille Geneviève Krol.
La deuxième filière à fort potentiel concerne le textile, notamment les vêtements professionnels. Des vêtements utilisés aussi bien dans de nombreuses entreprises que dans des administrations publiques «et ceux-ci existent en coton Fairtrade», ajoute Geneviève Krol. «Nous avons des exemples de communes comme la Ville de Luxembourg, ou d’entreprises comme Dussman ou Restopolis, qui ont fait le choix en 2024 de choisir et d’utiliser du coton Fairtrade pour leurs habits de travail. Il y a donc encore beaucoup d’organisations qui peuvent faire ce chemin et ce pas vers le commerce équitable.»
Les tops et les flops des filières Fairtrade
Les bananes
Il s’agit du pilier du commerce équitable au Luxembourg. Ici, une banane sur trois est étiquetée Fairtrade et la consommation moyenne de ces bananes s’élevé à 3,4 kg par habitant. En 2024, leur volume a atteint 2 283 tonnes, enregistrant une hausse de 11,3 % par rapport à l’année précédente. Aussi, plus de 94 % de ces bananes sont également certifiées biologiques.
Les noix de cajou
Avec une croissance de 48 %, soit 3 180 kg vendus, en 2024, les noix de cajou Fairtrade ont confirmé leur rang après leur récente introduction en 2023. À noter que 78 % d’entre elles portent également le label biologique.
Le coton
Le coton Fairtrade avait réalisé une année 2023 morose avec une progression de seulement 3 %. En 2024, il s’est envolé avec une hausse de 17 % et 41,9 tonnes vendues. Un rebond que Fairtrade Lëtzebuerg explique notamment par le travail du magasin de mode équitable, Akabo, qui a fourni des vêtements de travail à des acteurs privés et publics au Luxembourg. L’ONG a également mis en œuvre la campagne «Rethink Your Clothes» pour accompagner ces différents acteurs.
Les tomates
Avec 86,6 tonnes vendues en 2024 au Luxembourg, les tomates certifiées Fairtrade enregistrent une hausse de 15 %. Une croissance portée par un seul et unique partenaire luxembourgeois qui distribue l’ensemble des tomates de Fairtrade.
Le cacao
Après un léger recul en 2023, le cacao Fairtrade a bien rebondi en 2024 avec 611 tonnes vendues, soit une progression de 11 %. Parmi les dix principaux contributeurs aux ventes de cacao l’an passé, trois entreprises luxembourgeoises ont porté cette croissance : Luxlait, Jos & Jean-Marie et les Ateliers du Tricentenaire.
Le café
Autre produit pionner avec les bananes, le café affiche à nouveau une légère baisse avec une diminution des volumes de 5 %, soit 457 tonnes vendues. Fairtrade Lëtzebuerg explique ce recul par une diminution des achats chez certains preneurs de sous-licence étrangers. L’ONG tient à souligner que sur le plan local, la dynamique est plutôt positive puisque la majorité des torréfacteurs luxembourgeois affichent une dynamique positive : 7 sur 11 enregistrent une croissance de leurs ventes. Et 70 % du café certifié Fairtrade vendu au Luxembourg est également labellisé biologique.
Les roses
C’est une chute libre pour les ventes de roses entre 2023 et 2024. En un an, les roses et leurs bouquets équitables ont connu une diminution de 35 %, avec 1 268 249 produits vendus. L’ONG attribue cette évolution aux baisses de volume chez des acteurs étrangers majeurs.